Tout est en route à Dougga pour la nouvelle édition du festival qui se déroulera du 11 au 26 août. Le cap est mis sur le patrimoine populaire, les expérimentations musicales contemporaines et la world music. Cinq pointures internationales devraient aussi être au programme. Rayonnant sur cinq gouvernorats, ce festival attend un soutien accru du ministère des Affaires culturelles... Ces derniers jours, des photographies insolites du site archéologique de Dougga sous un blanc manteau de neige ont fait le tour des réseaux sociaux. Il est vrai que les monuments de Dougga ont de quoi impressionner et comptent parmi les icônes du tourisme et de la culture en Tunisie. Il est tout aussi vrai que le Théâtre antique de Dougga est le théâtre par excellence car pour nos festivals, il est le seul monument qui accueille en l'état des manifestations culturelles. Prochainement, le retour du théâtre classique Visiter le site de Dougga est une expérience inoubliable. En ces lieux, quatre siècles d'histoire tunisienne se déploient entre le mausolée libyco-punique et le capitole romain. Tout aussi inoubliable est l'expérience du vieux théâtre qui se souvient encore des spectacles de l'antiquité. Assis sur les gradins face aux imposantes colonnes de la scène et à l'ondoiement des blés dans la plaine est un moment unique, un état d'élévation qui a fait que, très tôt, Dougga a eu son festival pour profiter de cet écrin exceptionnel. A l'origine, ce festival se consacrait au théâtre classique et drainait le public depuis la capitale. Aujourd'hui, les temps ont changé mais le festival est toujours présent. Mieux, Mokhtar Belatek, directeur de la manifestation et l'équipe de l'Association du Festival international de Dougga qu'il préside, escompte faire renaître la vieille tradition du théâtre à Dougga avec un événement spécifique. En effet, en ce moment même, les discussions avancent pour recréer à Dougga un festival du printemps qui soit consacré au quatrième art dans ses expressions arabophone, francophone et pourquoi pas anglophone. Le projet avance à pas sûrs et devrait bientôt être concrétisé avec l'appui incontournable du ministère des Affaires culturelles et de sa Délégation régionale dans le gouvernorat de Béja. De retour dans le concert des grands festivals Sur ce plan précis, il faut souligner que dès sa prise de fonctions, le nouveau ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabidine, a procédé à un équilibrage du paysage des festivals d'été tout en rapprochant de manière stratégique les soutiens du ministère des organisations de la société civile et des structures privées. Le festival international de Dougga devrait être l'un des premiers à bénéficier de ce nouvel équilibre. Avec ses atouts touristiques, Dougga devait ainsi retrouver sa position de festival équivalent en termes de démarche, de ceux de Carthage ou de Hammamet. Historiquement, c'était d'ailleurs le cas et le ministre ne faisait que revenir à la logique têtue des fondamentaux. En termes d'enveloppe consacrée au festival et conjoncture oblige, l'effort pourra difficilement être à la hauteur des espérances. Toutefois, le pas est fait et Dougga est de retour dans le concert des grands festivals. Ce nouveau départ a été rendu possible par deux facteurs conjugués. En premier lieu, l'existence d'une équipe soudée et dynamique sur place a permis de contourner les difficultés financières. Sagement, les animateurs du festival avaient opté pour une session expérimentale de dix jours seulement, du 17 au 27 août 2016. Cette démarche, malgré quelques difficultés toujours liées au financement, a vite donné ses fruits avec une session réussie et en conséquence une nouvelle édition qui passe à un format de quinze jours et se déroulera du 11 au 26 août 2017. Il ne s'agit plus en effet d déployer le festival sur cinq semaines mais de concentrer les efforts sur une période plus courte. C'est à ce niveau qu'intervient un second facteur: celui du contenu et des cibles du festival. Pour le contenu, la diversité a été et sera le maître-mot. En effet, il s'agit pour le festival de Dougga de rayonner sur les publics de cinq gouvernorats (Béja, Jendouba, Siliana, El Kef et Tunis) et, à ce titre, offrir des contenus diversifiés qui puissent attirer des publics différents. Le soutien décisif du ministère des Affaires culturelles Ainsi, l'accent devrait être mis une nouvelle fois sur le patrimoine populaire et la world music. Un patrimoine populaire appréhendé dans ses composantes traditionnelle et néo-populaire et une ouverture sur la world music à partir des expériences des artistes tunisiens de la nouvelle génération. Pour trouver ses équilibres, le festival compte aussi inviter cinq artistes d'envergure internationale afin de susciter l'attrait auprès des publics de la vaste région ciblée. De fait, Mokhtar Belatek et son équipe sont actuellement en train de construire une session 2017 sur les gains obtenus l'année écoulée. Toutefois, ce qui devrait déterminer leur démarche et le succès de cette édition demeure le soutien décisif du ministère des Affaires culturelles. De ce soutien dépendront la configuration générale du programme ainsi que l'essor des ambitions du festival. Côté ministère, il est clair que la volonté existe de soutenir cette nouvelle expérience à Dougga et donner à ce festival ancré dans l'histoire les outils de sa réussite. En attendant, la société civile et les nombreux acteurs culturels de Dougga et du gouvernorat de Béja se mobilisent pour donner plus de visibilité à ce festival et à la région qui l'accueille. Ce frémissement est de bon augure pour l'été prochain qui se prépare dès à présent.