Les deux listes qui entreront en lice pour les élections des treize membres du Bureau exécutif national de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), dont les travaux s'ouvrent aujourd'hui à la coupole d'El Menzah, commençaient, hier, à se préciser. Un début de consensus s'est en effet dégagé hier à l'issue d'un nouveau round de tractations sur la composition de la liste consensuelle. Le secrétaire général adjoint sortant chargé du règlement interne, Noureddine Tabboubi, qui conduira cette liste a choisi de se séparer de certains candidats taxés de proximité avec des partis politiques. C'est notamment le cas du secrétaire général de la fédération nationale de la métallurgie et des industries électroniques Taher Berbari qui serait, selon les bruits de couloirs qui courent à la Place Mohamed Ali, proche du mouvement islamiste Ennahdha. Outre neuf membres éligibles du Bureau exécutif sortant (Noureddine Tabboubi, Anouer Ben Gaddour, Bouali M'barki, Sami Tahri, H'faiedh H'faied, Kamel Saâd, Abdelkarim Jerad, Samir Cheffi et Mohamed M'sellemi), la liste consensuelle comprendrait des figures connues pour être des défenseurs impénitents de l'indépendance de l'organisation, dont une femme. Il s'agirait, selon les dernières indiscrétions, du secrétaire général de l'Union régionale du travail de Ben Arous Mohamed Ali Boughdiri, du secrétaire général de l'Union régionale du travail de Kairouan Slaheddine Selmi, du secrétaire général du syndicat général de l'équipement et de l'Habitat Monêm Amira et du secrétaire général adjoint de la fédération nationale de la santé, Samia Letaïef. Des modifications pourraient cependant être apportées jusqu'à la dernière minute, avant le passage aux urnes, à cette liste au gré des alliances qui se font et se défont. Cela est d'autant plus probable que la liste consensuelle doit garantir la représentativité du plus grand nombre possibles de secteurs et des régions. Barrer à la route aux islamistes Conduite par Kacem Afiya, un membre du Bureau exécutif sortant de l'UGTT, la deuxième liste regroupe des syndicalistes ouvertement hostiles à toute tentative d'infiltration de l'organisation par le mouvement islamiste Ennahdha. Il s'agit notamment du secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire, Lassaâd Yaâcoubi, du secrétaire général de l'Union régionale du travail de Nabeul, Abbas Hannachi, du secrétaire général adjoint de l'Union régionale du travail de Ben Arous, Wassila Ayachi, du secrétaire général de la fédération de la poste et des télécommunications, Mongi Ben M'barek, du secrétaire général de l'union régionale du travail de Mahdia, Abdallah El Eûchi, et de Mastouri Gammoud et Slim Ghriss, respectivement secrétaire général et membre du bureau exécutif du syndicat général de l'enseignement de base. Les membres de cette liste affirment vouloir particulièrement barrer la route à l'accession des responsables syndicaux proches du mouvement Ennahdha au Bureau exécutif national et tiennent toujours à faire la lumière sur l'attaque du 4 décembre 2012 contre le siège du syndicat, place Mohamed-Ali, par des membres des Ligues de protection de la révolution et autres sympathisants islamistes. Le mouvement Ennahdha est coupable, à leurs yeux, d'avoir tenté de marginaliser le rôle hautement politique de l'UGTT. Cette liste est cependant accusée de proximité avec le Front Populaire, une coalition de partis d'extrême gauche en rupture avec les mouvements se réclamant de l'islam politique. Pour rappel, l'actuel secrétaire général, Houcine Abbassi, n'est plus autorisé, tout comme deux autres membres du Bureau exécutif national (Belgacem Ayari et Mouldi Jendoubi), à briguer un nouveau mandat conformément à l'article 10 du règlement intérieur, qui limite le nombre des mandats successifs des membres du Bureau exécutif national à deux seulement. A noter que plus de 500 délégués au congrès participeront aux élections des membres du futur Bureau exécutif de la puissante centrale syndicale. La séance d'ouverture devrait être marquée par la présence de quelque 7000 personnes, dont des hauts dirigeants de syndicats européens, arabes et africains. Aucune invitation n'a été envoyée aux trois présidences et aux dirigeants des partis politiques conformément à une tradition bien ancrée au sein de l'organisation qui semble plus que jamais jalouse de conserver son indépendance et son rôle de puissant contre-pouvoir.