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Un metteur en scène sommé de changer le titre de sa pièce .. Sacré revers pour l'art !
Publié dans Le Temps le 19 - 02 - 2017

« Veni. Vidi. Vinci. » Encore une fois, ils ont eu gain de cause. Encore une fois, ils ont imposé leur diktat. Encore une fois, ils ont prouvé qu'ils étaient les plus forts. En Tunisie, leurs désirs sont apparemment des ordres et rien ne peut leur être refusé. Eux ? Les « intouchables ». Et qu'importe si l'art, la liberté de création et les valeurs de tolérance et de diversité sont, à chaque fois, bafoués !
Vendredi, un huissier notaire, mandaté par le Syndicat des imams et des agents des mosquées, s'est rendu à la salle du 4ème Art à Tunis pour faire un constat de l'affiche de la pièce de théâtre « Alhakom attakathor ». Il a également remis à la direction du Théâtre National de Tunis (TNT) un courrier de la part de ce syndicat, réclamant le retrait ou le changement de cette affiche dans un délai de 24 heures. D'après un témoin, la lettre contiendrait des menaces implicites, avec notamment l'utilisation de cette expression en arabe : Vous voici prévenus ! Peu avant, un imam, contesté et limogé il y a quelques mois de son poste, avait dénoncé sur les réseaux sociaux l'utilisation d'un verset coranique comme titre d'un spectacle dansant. L'affaire a secoué la toile tunisienne et bon nombre d‘intellectuels et d'artistes se sont indignés par cette intrusion forcée dans l'art et le choix du titre d'une pièce théâtrale.
Le metteur en scène, Nejib Ben Khalfallah, interrogé sur les ondes de Mosaïque, s'est dit étonné de cette polémique et a ajouté qu'il ne cherchait à vexer personne avec ce titre. L'homme aurait pu s'en tenir là et défendre ses convictions et sa liberté de penser. Mais non. Il a tenu à préciser qu'il était musulman comme si être d'une autre confession était un crime. Il s'est également dit désolé si le titre de sa pièce avait choqué certains, annonçant qu'il abandonnait définitivement la version arabe, ne laissant que celle en français, à savoir « Fausse couche ». D'ailleurs le titre en arabe a bel et bien disparu des nouvelles affiches, collées hier. Le tout sous le regard approbateur des pouvoirs publics et de la police.
L'artiste a abdiqué et l'art a perdu
En acceptant de modifier le titre de son œuvre, Ben Khalfallah s'est attiré les foudres de ceux qui le soutenaient jusque là. « L'art est provocation et pugnacité ou n'est pas », dira Rochdi Belgasmi, danseur tunisien. Ajoutant : « En 2015, j'ai intitulé mon spectacle « wa idha asaytom » et je l'ai joué à l'Institut des Cultures d'Islam de Paris. J'y ai évoqué la sexualité en islam. Vas-y, Jaouadi, tu peux aussi porter plainte contre moi ! » Pour sa part, Lotfi Achour, metteur en scène et producteur de théâtre a écrit sur les réseaux sociaux : « Quand on jouait le spectacle Hobb Story en 2009 et 2010, qui abordait la question de la sexualité dans le monde musulman, on a reçu des menaces des islamistes pour nous obliger à arrêter les représentations. Le ministère de l'Intérieur du dictateur a pris ses responsabilités et a pris des dispositions pour protéger le spectacle et le public. Plusieurs dizaines de représentations se sont jouées sous protection policière, avec détection de bombes avant la représentation, des «ninjas» armés dans les salles et des camions de police devant les théâtres. C'était bien entendu la bonne réponse pour ne pas censurer le spectacle sous la menace obscurantiste. Aujourd'hui, six ans après, la réponse des pouvoirs publics est de censurer le titre d'un spectacle et l'affiche d'un autre sous la pression de ces mêmes islamistes. »
Le bras de fer continue
Encore une bataille de perdue, diront les uns. Le chemin vers la lumière est encore long et périlleux, diront les autres. Ce nouvel épisode est surtout là pour nous rappeler que vivre en Tunisie, en 2017, c'est mener un perpétuel et impitoyable combat pour les libertés et pour la démocratie. Que nul droit n'est définitivement acquis et que certains sont plus puissants que d'autres, au nom de leur idéologie. Car comment oublier le désastre du cinéma Afric'Art ? Comment oublier les cendres du palais d'El Abdellia ? Comment oublier le passage à tabac des artistes en plein cœur de Tunis ? Pourquoi aujourd'hui encore, certains ne peuvent toujours pas tolérer la tolérance ? Pourquoi certains s'offusquent de l'utilisation de deux mots de la langue arabe, qui n'appartient d'ailleurs à personne, comme titre d'une pièce théâtrale et se taisent-ils quand des enfants meurent de froid et de faim dans les bourgs éloignés du pays ? Pourquoi ne comprennent-ils pas qu'à chacun son territoire et que surtout, à chacun sa perception des choses ? Aux religieux leurs lieux de culte, aux artistes leurs lieux de culture et que nul n'empiète sur le terrain de l'autre !


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