La mauvaise nouvelle nous vient du Belvédère où un gentil crocodile de pure décoration a subi le châtiment des bons musulmans (sic) que nous sommes et les seuls sur terre, autorisés par une certaine Chariaâ, à pouvoir lapider et achever à coups de pierres, les femmes adultérines livrées à l'infamie des hommes tout « propres », qui iront en toute bonne conscience, habiter le « Paradis » pour faits de barbarie... bien méritée ! Mais, heureusement, que les bonnes nouvelles nous parviennent cette fois du champ de bataille du Mont Semmama où notre glorieuse armée est sur le point de remporter une victoire stratégique et décisive sur les poches caverneuses du terrorisme de Daëch et de l'Aqmi en Tunisie. Déjà, plusieurs morts dans les rangs terroristes et la capture d'une belle fourchette de chercheurs de « houris » du harem céleste. Mais, dans les deux cas, nous sommes confrontés à la violence qui caractérise de plus en plus notre société jadis « molle » et pacifiste comme les douceurs et les vagues de la Méditerranée. C'est pour cette raison que nous sommes tous appelés à replanter les gènes du « bon vivre » ensemble et de la courtoisie dans les tissus sociaux et collectifs. En effet, depuis la Révolution, la dégradation, à ce niveau, du civisme et de la vie en communauté, a atteint le seuil critique avec à l'horizon proche une nouvelle culture de l'agressivité verbale et physique. La politesse est devenue synonyme d'hypocrisie et la civilité urbaine est décriée comme une forme de « hogra » (mépris) exprimée à l'encontre de la population du milieu rural. Or, depuis la nuit des temps, le concept de « beldi » n'est pas propre à la capitale ou aux grandes métropoles, mais, à toutes les familles dites honorables (et pas seulement par le pouvoir ou la fortune) des villages et des campagnes de Tunisie. Toute cette culture ancestrale du « respect » dans les comportements individuels et collectifs, est de plus en plus écorchée vive par certaines personnes et groupements qui assimilent la Révolution et la conduite « révolutionnaire » à l'insulte et à la dégradation des biens et services, surtout publics. Pour revenir au Belvédère, le Bey de Tunis et les résidents français du protectorat ont voulu en faire un espace de détente et de loisirs pour les familles et les enfants, dans une ville de 500 mille habitants. Or, le grand Tunis en compte aujourd'hui 5 millions d'âmes et notre « hyde-park » national suffoque parce que surpeuplé et assailli par la multitude exodale, qui a fait de Tunis une « banlieue » des périphéries ruralisées qui la ceinturent de toutes parts. M. Riadh Mouakhar, ministre des Affaires locales et de l'Environnement, devrait faire un tour au Belvédère pendant les vacances scolaires comme c'est le cas cette semaine et apprécier de visu la « bidonvilisation » de ce grand jardin de la fille du Bey-Roi (Jenan Bent Erraï). C'est embouteillé et sale de partout, avec des mômes qui s'entassent à vu d'œil dans cet espace finalement bien limité au vu de l'accroissement démographique et de l'exode rurale subie par la capitale (Al Hadhira... ou ce qu'il en reste). Pire encore, le Belvédère est en passe de devenir le plus grand parking de la capitale avec au menu... une pollution énorme qui finira par asphyxier les quelques arbustes encore résistants et qui luttent pour la survie ! Ben Ali, désolé d'en parler à nouveau, car je n'ai jamais été de ses adeptes les plus fervents, en avait pris conscience en créant ce fameux ministère de l'Environnement. Un de ses proches familiaux, M.Mehdi Mlika, qu'on a accusé de tous les maux, a mis en marche une politique écologique et de développement des espaces verts. D'où ce concept de « villes jardins », de boulevards de l'environnement et ces nouveaux parcs de Nahli et de Montplaisir, stoppés nets depuis la Révolution. La bêtise humaine a fait que nous avons assimilé l'ancien régime à la corruption, à l'autoritarisme et j'en passe, sans jamais faire l'effort de sauvegarder les bonnes choses et la continuité de l'Etat, là où la progression et la croissance ont été possibles... Et elles l'ont été au niveau de l'environnement ! Messieurs les politiciens, Messieurs les gouvernants... vous voulez enterrer « l'ancien régime »... Eh bien, faites mieux que lui ! Je lance un défi : Créer un parc national comme le Belvédère dans toutes les villes tunisiennes de plus de 300 mille habitants, comme au temps de la monarchie beylicale et le protectorat français et la création du Belvédère. Dotez le grand Tunis de 5, 6 et pourquoi pas 10 nouveaux Belvédères et les terrains sont encore disponibles, au Lac, au Boukornine, du côté de Jebel Ammar, les Sebkhats de Mellassine et de l'Ariana, etc... etc. Mieux encore, ça ne coûtera pas beaucoup d'argent, il suffit d'une dizaines de pépinières et de structures adaptées au sein des municipalités. De mon temps, nous avons planté le grand parc de Rakkada à 6 km de Kairouan, en 48 heures, et nous y avons creusé un sondage pour l'irrigation en plus de la pépinière ! Ne me dites pas que c'est difficile, voire même impossible, avec les problèmes fonciers et le manque de moyens budgétaires. Désolé, c'est faux ! Qui veut... peut ! Alors, ne perdons plus de temps... la qualité de la vie tunisienne est en péril ! K.G