Au moment où les élus de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) partent en congé annuel, il est bon de procéder à une évaluation du bilan de cette institution qui a dépassé, déjà, la moitié de son mandat dans un climat de grande confusion, de polémique et de controverse. S'il est vrai que l'Assemblée a fait du travail et du chemin avec la discussion et l'adoption d'un grand nombre de projets de loi et animé plusieurs séances d'écoute, il est regrettable de relever le nombre incalculable d'absences des élus, les multiples scènes de clashes entre députés et, surtout, les propos diffamatoires et dénigrants lancés par les élus, pourtant censés être les mieux placés pour respecter la loi. Sans s'attarder sur le phénomène de l'absentéisme et le retard systématique de toutes les plénières, force est de relever le rôle négatif de l'ARP dans la gestion de ses travaux dans la mesure où bon nombre de projets de loi ont traîné en longueur et en largeur aussi bien au niveau des commissions qu'à celui des discussions générales lors des séances plénières. Mais là où certains députés se sont tristement illustrés, ce sont les scènes où ils ont accusé et dénigré des membres du gouvernement, des hommes d'affaires et autres personnalités, souvent pour ne pas dire toujours, sans argument palpable ni fiable. Et dans ce volet, la triste palme revient à Samia Abbou, Fayçal Tebbini, Ammar Amroussia, certains élus du Front populaire et, plus récemment, des élus de Nidaa Tounès et Ennahdha. Ces députés, dans leurs majorité écrasante, de l'opposition ont excellé dans l'art des cris, des scènes hystériques et dans cette manie de dénigrer avec des dossiers et des preuves à apporter au "moment opportun". C'est ce qui fait dire aux analystes que les élus semblent profiter, au maximum, de leur statut qui leur confère l'immunité pour régler des comptes avec leurs rivaux, et créer des polémiques inutiles alors que le pays croule sous le fardeau d'une conjoncture économique, sociale et sécuritaire des plus rudes D'ailleurs, on peut décerner le titre de champion en la matière à Samia Abbou qui a traité le président de la République, Béji Caïd Essebsi de "président de la mafia", Youssef Chahed d'un "gamin qui sautille", Mohamed Fadhel Abdelkefi, vénérable ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale et des Finances par intérim de "vouloir hypothéquer, voire vendre le pays" au Fonds monétaire international (FMI), l'ancien ministre de l'Education, Néji Jelloul, de "menteur" et tout le gouvernement actuel d'union nationale de Youssef Chahed, "d'escroc". Quant aux accusations gratuites, on ne les compte plus. C'est à croire que les députés font exprès puisqu'ils sont sûrs d'être intouchables par la justice au vu de l'immunité parlementaire dont ils bénéficient. Or, en dépit de la leçon magistrale qui lui a été administrée par M. Abdelkéfi, Mme Abbou persiste et signe en qualifiant le gouvernement d'escroc. Et apparemment, elle se plaît dans son rôle de "frondeuse" en faisant étalage de ses cris et de ses scènes d'hystérie aussi bien sous la coupole du Palais du Bardo qu'à travers les plateaux radiotélévisés. D'ailleurs, si l'ex-patron du parti "Wafa", Abderraouf Ayadi, a l'art de ramener toute discussion au Mossad, Samia Abbou trouve toujours le moyen de répondre à toute question par des propos touchant à la corruption et aux malversations ! Plus profond encore et à propos du contenu des remarques de ces députés qui s'opposent à tout, juste pour s'opposer, on constate que souvent, ils critiquent sans avancer la moindre proposition constructive. Ils ont l'art de lancer des "Non" à tout bout de champ sans donner aucune alternative. Et pourtant, ils savent très bien que la situation en Tunisie est plus difficile que jamais. Sont-ils, alors, conscients, qu'ils sont en train de faire sombrer le pays et l'entraîner vers les abîmes ? Et comme l'a si bien dit Fadhel Abdelkéfi, ces députés, qui n'ont rien à proposer, feraient mieux de se taire afin de laisser agir ceux qui veulent bien travailler. Le mot est lancé. L'heure est au travail, puis au travail et, ensuite, au travail. Sinon, le pire risque d'être, bientôt, au rendez-vous. Et si on n'y prend garde, ce jour n'est pas loin dans le sens où, comme l'a reconnu le ministre des Finances par intérim, les affaires du pays sont gérés à la manière d'un épicier. C'est-à-dire, au jour le jour. Et pas plus tard qu'hier, un haut responsable de l'Union tunisienne d'industrie, du commerce et d'artisanat (UTICA) a lancé une mise garde au public et aux autorités officielles en affirmant qu'on s'attend à une année 2018 des plus difficiles. Et d'ajouter que pour atténuer, un tant soit peu, ces difficultés, il est impératif d'adopter une compression des dépenses tout en prospectant de nouvelles recettes, sans oublier la prise de mesures énergiques contre le marché illégal qui fait perdre au pays la moitié des recettes fiscales ainsi que la mise en œuvre d'une stratégie claire en vue de booster les exportations qui pourraient atteindre le palier de 100 milliards de dinars, d'ici l'an 2025 ou même 2023. C'est donc de pareilles positions et autres critiques constructives dont a besoin le pays et non ces palabres interminables que certains internautes ont présentées sous la forme caricaturale suivante : "le Front populaire soutient les grèves et les sit-in ainsi que l'entrave à la production, mais réclame, en même temps, une augmentation des salaires...". D'autres experts économiques, à l'esprit constructif et positif, vont jusqu'à proposer l'établissement d'un pacte social et une trêve avec l'UGGT. Mais la Centrale syndicale l'entendra-t-il de cette oreille ? En tout état de cause, l'heure est difficile et grave. Mais tant que certains députés, qui se prennent pour de vrais représentants du peuple alors qu'ils sont élus avec quelques milliers de voix seulement grâce à un système électoral bâtard, continuent à semer la discorde et la pagaille, il sera difficile de sortir de l'auberge. Qui pourra, en faisant appliquer les lois, siffler vraiment la fin de la récréation et remettre la Tunisie sur la bonne voie du travail et de la productivité pour sauver le pays. Bien entendu sans toucher aux acquis en matière de démocratie, de libertés et de respect des droites de l'Homme!...