Comment se passe la saison touristique ? Nous sommes en voie de connaître une bonne saison touristique. Juillet et août sont pleins. C'est un bon démarrage. Mais la saison s'étale sur 12 mois et il faudrait se préparer pour remplir les hôtels en basse saison. Les Algériens répondent présents et ils seront plus nombreux que la saison précédente. Le marché européen commence à retrouver sa vitesse de croisière. Le marché local qui représente 30% des nuitées est sur sa lancée. Les touristes non-européens sont, peut-être, une piste pour les stratégies futures. Proximité, offres bon marché, la Tunisie reste-elle une destination balnéaire ? Le tourisme tunisien stagne. Le produit ne s'est pas encore renouvelé. Ce qui explique le caractère balnéaire et saisonnier de l'activité. La Tunisie n'est pas seulement une destination de soleil et mer limitée aux mois d'été qui restera inévitablement l'un de nos secteurs stratégiques. Aussi faut-il développer le tourisme alternatif, la plaisance, le tourisme de bien-être, le tourisme des circuits et des randonnées, le tourisme des congrès et incentives, le tourisme de courts séjours. Le produit balnéaire bas de gamme attire une clientèle caractérisée par un faible pouvoir d'achat Que pensez-vous de la formule all inclusive ? C'est une formule qui n'a pas été choisie par les hôteliers. Elle a été imposée par les tour-opérateurs. C'est un phénomène qui répond à une demande en hausse de la part des consommateurs dans le circuit touristique mondial et la Tunisie n'y échappe pas. La décision d'offrir des forfaits all-inclusive n'est pas entre les mains des hôteliers, ils sont obligés de prendre en considération la demande des consommateurs et leur croissance est dictée par les tour-opérateurs. C'est une offre visant à vendre la destination Tunisie avec le voyage, l'hébergement et la restauration compris dans un même package. Le service offert est médiocre. La bouffe est d'une mauvaise qualité. Le personnel n'est pas motivé. Avec des prix bas, l'hôtelier ne peut pas offrir un produit de qualité. Je pense que c'est une formule qui fait du mal et du tort à l'image de la Tunisie . Les victimes sont les commerçants, les restaurants et beaucoup d'autres métiers qui ont souffert des répercussions néfastes du all-inclusive Le shopping est-ce un motif de séjour en cette période estivale? Le shopping peut être, en soi, un motif de séjour. Un certain nombre de destinations se positionnent, dans l'esprit des visiteurs, comme des lieux de shopping et sont donc essentiellement choisies en conséquence. Dans ces villes (le plus souvent il s'agit de grandes villes), le taux de pratique du shopping peut atteindre les 80%. On peut penser à Londres, Paris, mais surtout Dubaï, Singapour, etc.... En Tunisie, ce créneau est assez développé à Tunis, Hammamet et Sousse .Dans ce cas, les touristes profitent de leur séjour pour faire des achats. Le shopping pourra devenir un levier de croissance considérable. On ne visite pas seulement une ville pour son architecture ou ses musées, mais aussi pour ses boutiques. La Tunisie dispose de grands centres commerciaux. Le dernier grand centre commercial ne cesse de drainer une grande clientèle. C'est dire l'importance de multiplier ces malls. Aujourd'hui, avec l'ouverture du Tunisie Mall et la floraison des enseignes de luxe et des franchises, Tunis s'ajoute une nouvelle casquette, soit celle de destination de shopping. A Hammamet, on pourra transformer certaines unités hôtelières non rentables en grands centres commerciaux. Mon souhait c'est que l'Etat aménage de grandes zones commerciales où seront implantés des shoppings center à l'image de la Tour de Khalifa à Dubaï où tout est conçu pour que les touristes soient ébahis et en même temps se sentent chez eux. Le shopping touristique fait des émules et promet, surtout, de récolter des euros et des dollars. Londres, Paris, Milan sont de grandes capitales européennes du shopping pour les touristes. Cette course aux touristes acheteurs motive son petit lot de capitales car le visiteur étranger est un porte-monnaie bien fourni qui dépense presque sans compter. Les chiffres sont vertigineux. Selon l'Organisation mondiale du tourisme, les achats du tourisme international s'élevaient à 919 milliards de dollars dont la moitié pour l'Europe. Un touriste hong-kongais dépense en moyenne 1500 € en une journée dans une boutique alors qu'un touriste français ou belge n'a dépensé en moyenne que 100 à 200 euros en shopping en Tunisie. Comment expliquez –vous la prolifération du tourisme parallèle ? Les recettes sont en baisse. On constate une inadéquation entre les arrivées et les nuitées d'une part et les recettes en devises d'autre part. Ceci ne peut s'expliquer que par le fait que les paiements ne passent plus par les canaux officiels et légaux des banques et de la BCT. Le paiement se fait à Gambetta (Annaba) et Ben Guerdane. Tout le monde le sait et est au courant de ces pratiques illégales, des rues où elles sont pratiquées, des lieux des « bureaux de change », qu' 1€uro y est changé contre 3 dinars. Ce marché noir de change de devises et ce marché parallèle se pratiquent au grand jour, au vu et au su de tout le monde. Pour faire face à ce fléau néfaste à notre économie, il faudrait revoir l'entrée des touristes en exigeant par exemple au moins 200 euros pour l'entrée de chaque touriste au poste frontalier. En maîtrisant ce tourisme parallèle, on peut arriver à augmenter nos recettes en devises Finalement comment booster ce secteur clé du pays ? Notre tourisme pourra retrouver sa vitesse de croisière. Cela se passe par la diversification et l'innovation de l'offre, la promotion et le marketing, la réorganisation du dispositif institutionnel, la restructuration financière du secteur et la création d'un tourisme-web compatible (création de sites web promoteurs, mise en place de l'e-gouvernance, la formation e-tourisme et promotion de la destination Tunisie sur Internet)