Interférer dans les affaires de la Justice est devenue la règle dans ce pays et c'est très malheureux. Certains médias en raffolent et pas seulement « les feuilles de chou » et l'audiovisuel s'en sert généreusement sur ses plateaux houleux pour soigner l'audimat et bien d'autres considérations. Pourtant, non seulement l'éthique l'interdit mais aussi la loi car c'est une « pression » illégale qui peut interférer dans le déroulement de la bonne justice et des enquêtes en cours. Des fameux « chèques » de M. Slim Riahi qui n'a pas été condamné, loin de là, aux créances faramineuses de Syfax airlines et son patron possesseur M. Frikha, récupéré par le parti islamiste Ennahdha, à la dernière histoire mirobolante d'une condamnation par défaut du ministre Fadhel Abdelkefi, on a l'impression qu'une presse de boulevard ne trouve son compte que dans ce matraquage qui frise le harcèlement autour de « scandales » en série, alors que les procédures ne sont qu'à leur début ou même inexistantes pour beaucoup « d'affaires ». Il reste évident que nul n'est au dessus des lois, mais vouloir traîner de hautes compétences comme M. Abdelkefi, dans la boue est absolument répréhensible et contre productif. En effet, et ce n'est pas M. Habib Essid, notre ancien président du gouvernement qui risque de nous contredire, puisqu'il a déclaré à un journal de la place qu'il a classé définitivement (au blocus) la politique. Nous sommes en train de dégoûter bien des cadres et des élites hautement compétentes, de façon à les éloigner des charges de l'Etat, du service public et de l'investissement en général. Cette chasse aux sorcières, ne fait que détériorer l'image de marque du gouvernement, de l'Etat et du pays, au moment où tout doit être déployé pour rattraper le temps perdu de l'anarchie populiste et des discordes inquisitoires. Ceci dit, il n'est nullement question de protéger quiconque ou de blanchir des actes illégaux, mais l'un des principes généraux de droit les plus sacrés c'est la présomption d'innocence. Toute infraction doit être prouvée et sanctionnée après une procédure judiciaire contradictoire où l'accusé, ou les accusés ont droit à une défense légitime. Toute autre démarche relève de la diffamation et tombe sous le coup de la loi. C'est quand même pénible et ça doit relever de la psychologie sociale et de la psychanalyse de voir comment les Tunisiens sont devenus vindicatifs, envieux et méchants. Ils prennent même du plaisir du malheur des autres, alors qu'ils se déclarent bon musulmans !! Encore une fois, laissons la justice faire son boulot en dehors des pressions et des magouilles, de toutes sortes, en conformité avec la loi, l'éthique et surtout, la liberté d'interprétation des juges en leurs âmes et consciences. Nous avons voulu la séparation des pouvoirs conformément aux principes démocratiques les plus sacrés dans les pays avancés. Alors, soyons logiques et respectons l'indépendance de la justice ! Arrêtons la chasse aux sorcières ! K.G