La lenteur de la « justice » est un mal universel depuis que l'Homme a inventé « la loi » pour s'empêcher de se faire justice lui-même et accepter l'arbitrage d'une autorité « neutre » et désintéressée. C'est la base même du contrat social à sa naissance ! Cet aspect devient à la limite problématique quand les cours de justice sont embouteillées comme les nôtres faute de moyens matériels et humains qui s'ajoutent à toutes les techniques ou ruses procédurales, légitimes puisque prévues par les lois dont usent nos amis avocats les bons défenseurs de la veuve et de l'orphelin. Il n'est pas rare qu'un procès traîne en longueur et pas seulement pour le pénal, et que seules certaines « prescriptions» finissent par classer un dossier et libérer un détenu qui attend son procès en état d'arrêstation « préventive ». Mais la justice est ainsi faite, et parmi ses secrets salvateurs :la non précipitation, surtout quand la politisation de la société est excessive avec des conflits d'intérêts majeurs. Si, aujourd'hui, la classe politique focalise sur ce manque de célérité à « juger », c'est parce que d'abord, les fameux « leaders » politiques sont impatients. Et parce que la société tunisienne a été embarquée sur le « conflictuel » à grande échelle alors que dans toutes les sociétés humaines apaisées, les citoyens savent qu'un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès » ! La prolifération des instances « parajudiciaires » et qui constituent une « justice » parallèle de fait et qui sont relatives à la justice dite « transitionnelle », nous interpelle au plus haut point, parce que justement elle interfère dans le domaine de la transcendance de la Justice avec un grand « J » et met la pression sur nos juges pour servir d'autres intérêts que ceux des justiciables qui bénéficient en principe de toutes les garanties légales et procédurales pour avoir des procès équitables et non de chasse aux sorcières et d'inquisition déguisée. On reproche aux anciens régimes d'avoir créé des cours de justice d'exception comme « la Cour de sûreté de l'Etat », qui a jugé des hommes politiques opposants ou d'autres impliqués dans certains coups d'Etat dans les années soixante, mais toutes ces instances de la justice transitionnelle (aâla kol loun ya krima », de toutes les couleurs et toutes les saveurs... qui les a créé !! Ne cherchez pas trop, c'est la politique et les politiciens, pour mettre l'épée de Damoclès et non de la bonne justice sur la tête d'anciens adversaires. Revenez aux dernières heures de la Constituante et faites un vrai travail d'investigation et de recherche scientifique et vous comprendrez que toutes ces « instances » n'ont pas été créées pour dire la justice mais pour l'orienter... à des fins politiques et d'exclusion ! Aujourd'hui, le pays bloque à cause justement de toutes ces « interventions » inappropriées dans le domaine judiciaire, qui constitue le 3ème pouvoir et que les Tunisiens aspirant au modèle démocratique, veulent « indépendant ». Ceci dit, rien n'empêche l'arbitrage ou le consensus, hors circuit judiciaire, pour traiter de la conciliation nationale que beaucoup de « leaders » (je n'aime pas ce qualificatif) ont refusée, au nom de ce concept politisé à fond la caisse et au plus haut point de la « justice transitionnelle ». Le Président de la République, Béji Caïd Essebsi semble avoir renoncé à son projet de conciliation nationale économique sous la pression de forces de rétention irresponsables, qui veulent maintenir le pays dans la sphère « conflictuelle » et d'adversité permanente. Dommage ! On ne construit pas un pays viable et qui regarde devant, en mettant les citoyens les uns contre les autres et en culpabilisant la terre entière ! Toutes les culpabilisations postrévolutionnaires, faites par esprit passionnel de revanche et non d'équité, de rationalisme et d'apaisement social ont été contre productives et n'ont servi qu'à paralyser la Tunisie et surtout son économie ! On a culpabilisé la police nationale et la Justice... on a eu le terrorisme. On a culpabilisé les hommes d'affaires... on a eu un véritable désastre économique, et il va falloir remuer ciel et terre pour encourager les investisseurs à reprendre le chemin de « Tunis » ! Messieurs-Dames, les faux justiciers... arrêtez de culpabiliser les Tunisiens ! Evacuez votre haine de l'autre et votre esprit de revanche, aidez ce pays et ce peuple à se libérer de la peur... Foutez la paix à la Justice... Laissez les juges... juger en leur âme et conscience et conformément à la loi qui leur donne ce droit sacré à l'interprétation selon l'équité ! La Tunisie et les Tunisiens en ont marre de la tutelle des « politiciens » acharnés contre leur propre peuple et leur propre pays, et qui veulent se substituer aux institutions légales dont la Justice. Et dire que je pensais que le concept de « protectorat » daté du 19ème siècle et qu'il s'est éteint le 20 mars 1956. Mais, jouer la vertu déguisée a la peau dure. La peur, voilà encore un bon fonds de commerce pour « moralisateurs » de sociétés, chasseurs de pouvoirs à tout prix ! Mais, on oublie souvent que bloquer l'économie et affamer le peuple c'est aussi un crime ! K.G