La Galerie Saladin à Sidi Bou-Saïd abrite du 19 août et au 07 septembre, une exposition collective au féminin qui exhibe une collection de belles œuvres aux couleurs aussi vives que chatoyantes témoignant ainsi des compétences et de l'habileté de quatre artistes : Zoubeida Chamari Daghfous, Alia Kateb, Neila Ben Ayèd et Marlène Luce Tremblay qui ont sillonné des galeries sous d'autres cieux, en Europe, dans le monde arabe et en Amérique, particulièrement Montréal et New York, chez Ashok Jain Gallery puis au siège des Nations Unies à Manhattan. Des artistes de renommée internationale qui suivent des itinéraires qui se croisent ou se répondent d'un bout à l'autre de cette séduisante rencontre. Avec «Nous, les femmes », thème de l'exposition actuelle, placée sous le patronage de son Excellence, Mme Carol McQueen, ambassadrice du Canada à Tunis, la femme est au cœur de la réflexion et de l'aboutissement des œuvres ; de la mère de famille à la figure mondaine, de la libérée à l'insoumise...La femme est perçue ici par ces artistes comme un symbole de vérité, de fantasme et de liberté. L'audace, la modernité et l'originalité de l'approche en sont les maîtres mots. Le Dream Team, n'est plus à présenter ; sa représentation de la femme est envisagée ici sous différents angles qui sont déclinés essentiellement à travers les portraits et cette thématique permet de se demander en quoi ces créatrices par leurs recherches plastiques, sont-elles des témoins de leur temps. L'éternel féminin Alia Kateb est une artiste peintre à l'enthousiasme débordant qui a fait de ses œuvres, (grands et petits formats), un hymne à la femme, un être qui représente pour elle, la mère qui donne la vie et pour laquelle on se sacrifie jusqu'à la fin. En deuxième, l'épouse fidèle qui se donne entière corps et âme jusqu'à la fin de ses jours et puis l'amante, la généreuse, la combattante, la courageuse, l'audacieuse et l'érudite, celle qui ne cesse de vouloir être à la hauteur par le savoir, la connaissance et la création. Alia Kateb qui excelle en nous étonnant à chaque fois, laisse parler sa fascination pour l'éternel féminin car ce qui l'intéresse, c'est la vie elle-même. Or, peindre pour elle, est cette façon d'approcher ce mystère, de le comprendre, de pénétrer dans son intimité. « Femmes et proverbes tunisiens » Femme de lettres françaises, Zoubeida Chamari Daghfous, alias madame Picasso, a une grande passion pour l'Art dans sa quintessence qui l'incite à poursuivre une formation dans un domaine qu'elle vénère tant ; ses œuvres qui voyagent un peu partout dans le monde, font partie de collections tant publiques que privées. Depuis ses débuts, Zoubeida s'est attachée à peindre la femme dans tous ses états. C'est le thème de prédilection dans presque toutes ses œuvres, rendant hommage à la femme pour son dévouement et sa capacité à être présente sur tous les fronts. On découvre à la galerie Saladin, ses portraits qui fleurissent tout au long de l'exposition à tel point qu'on ne sait plus où donner de la tête, et c'est dans ce vertige pictural que le spectateur découvre à pas feutrés, l'écrin intime qui berce l'univers de Zoubeida. L'artiste s'est attelée cette fois, à se rapprocher du patrimoine en essayant d'illustrer à sa manière, cinq toiles de grand format, tirées de la série « Femmes et proverbes tunisiens ». Elle y illustre à sa manière, certains proverbes tunisiens faisant partie de la mémoire de la société traditionnelle. Ceci pour mettre en lumière, la façon dont la femme était perçue depuis la nuit des temps. « On peut noter, selon Zoubeida, une certaine vision réductrice de la femme alors que dans d'autres proverbes, on lui réserve au contraire, une place de choix au sein de la famille et même de la société... » Cinq autres petits formats viennent témoigner de l'admiration que voue l'artiste à la femme, tout comme le ferait un poète avec la ligne, la lumière, la couleur et la composition. Dialogue de cultures Artiste issue du milieu du design, Neia Ben Ayed qui a toujours honoré son pays en Amérique du nord et partout ailleurs, vit et travaille entre Tunis et Montréal où elle obtient de nombreux prix pour son travail, dont une mention d'honneur de la Fondation « Femmes arabes qui se sont distinguées au Québec », ce qui lui a valu des félicitations de la part de grandes personnalités politiques du Québec. Ses œuvres ont orné les cimaises du siège des Nations Unies et autres galeries du monde. Dans cette série d'œuvres, l'artiste propose sa vision du dialogue et de l'ouverture sur le thème de la femme. D'inspiration tunisienne, son travail révèle son identité métissée prônant un dialogue entre deux influences, deux cultures des deux pays, d'origine et d'adoption. Car la connaissance et la reconnaissance mutuelles permettent de promouvoir la confiance, laquelle peut aboutir à une véritable coopération et développer le sens de la solidarité. Neila propose dans sa série, un regard optimiste sur l'avenir de la femme, tout en pointant du doigt, son côté fonceur et indépendant car la femme a son poids dans la société , toujours en évolution vers un monde meilleur. Le regard du spectateur qui donne vie à toute œuvre, se pose sur le chiffe 2 qui représente selon l'artiste, les principales qualités qui lui sont chères ; le 2 est «compétent, conciliant, aimable, chaleureux, affectueux et diplomate... » Et la réussite du 2 passe toujours par une collaboration, un partenariat, voire, une union. Bref, le chiffre 2 pour Neila Ben Ayèd, a un sens de la beauté et de l'équilibre mais aussi de la dualité : les deux univers dans lesquels elle évolue, (Tunisie/Canada), Homme/Femme, Vie/Mort. Quant au symbole du cercle, il signifie le cycle de la vie, du fini et de l'infini, de la perfection et de l'union. De même, la circonférence du cercle rappelle, selon l'approche de l'artiste, le mouvement, le changement et les transformations. « Love » pour contrer la division Artiste photographe, Marlène Luce Tremblay revient exposer dans nos murs ; dans ce pays qu'elle aime et qui le lui rend si bien. Elle, qui a tissé auparavant une histoire d'amour avec le Moyen Orient, offre grâce à son œuvre, une « archéologie » du monde arabe. Elle a entrepris cette démarche artistique en explorant l'Egypte et a exposé le résultat de ses découvertes tant au Canada qu'en Egypte dans le cadre du 50ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Aujourd'hui, Marlène vit à Montréal après avoir vécu à New York, pendant huit ans alors qu'elle travaillait à l'ONU au Bureau du porte- parole du Secrétaire Général comme assistante à l'Information. Elle poursuit ses activités artistiques alors que ses deux passions se rejoignent dans un projet original et fascinant de rapprochement interculturel international, par le biais des arts visuels dans le cadre d'échanges culturels. Sa participation actuelle à l'exposition du Dream Team, en est un bel exemple car elle repose sur l'amour et rien que l'amour ! La série « Love » représente en effet, une réflexion sur l'amour alors que les sociétés, que ce soit aux Etats Unis ou ailleurs, témoignent, selon l'artiste, d'une divergence face aux mouvements migratoires en raison des nombreux conflits qui persistent à travers le monde. L'œuvre de la série est tirée d'un cliché d'une sculpture qui git à Manhattan en plein centre de New York qui est le symbole même de ces mouvements. La diversité culturelle de la ville, est ce qui a contribué à faire de cette métropole, une capitale multiculturelle mondiale. Marlène pense que le monde a plus que jamais besoin d'amour qu'auparavant. Pour elle, la femme c'est l'union, la joie de vivre, la générosité et la compassion ; ces traits qui lui rappellent un être cher à son cœur, et dont la vie et le parcours lui ont servi d'exemple. Il s'agit de sa maman disparue dernièrement, (Paix à son âme) ! En créant l'association « Women of New York », Marlène a réalisé une vidéo autour du thème de l'amour. L'an prochain, elle sera de retour parmi nous pour monter une exposition de photographies autour du thème « Tunisie, les Femmes », qui aura lieu dans ce bel et convivial espace, qu'est la galerie Saladin à Sidi Bou-Saïd.