Pilier incontournable de la vie culturelle, Mohsen Ben Abdallah a mené une longue carrière de 57 ans. Comédien et directeur de la TVT après la disparition de Aly Ben Ayed dont il fut un proche compagnon, il se consacrera ensuit à la direction du Théâtre municipal et de l'espace Sophonisbe. Un autre représentant de la génération de l'indépendance vient de nous quitter, laissant derrière lui un sillage de passion et d'amour du quatrième art... Mohsen Ben Abdallah compte parmi les vieux routiers tunisiens, celles et ceux qui ont contribué à fonder un théâtre moderne et diffuser l'amour du quatrième art parmi les jeunes et le grand public. Son nom restera inséparable du Théâtre municipal dont il fut longtemps le directeur et de la Troupe de la Ville de Tunis (TVT) dont il fut l'un des pensionnaires. Ben Abdallah a terminé sa carrière à Carthage où il fut l'infatigable directeur de l'espace Sophonisbe et également l'éternel animateur de la scène théâtrale. Une vie au service du quatrième art et de la culture Après une longue maladie contre laquelle il a lutté à armes inégales, Mohsen Ben Abdallah vient de se tailler dans le rideau du théâtre un linceul d'éternité. Il est décédé samedi 9 septembre à l'âge de 78 ans mais tout en ayant gardé jusqu'aux derniers instants de sa vie, son humour pétillant, sa bonhomie légendaire et son courage inébranlable. Ben Abdallah est entré dans le bain théâtral depuis 1962. Auparavant, il avait contribué en tant qu'amateur dès 1959 à une troupe théâtrale de la Marsa. Après son passage au Conservatoire aux côtés de Mohamed Ben Slimane et Abdelmajid Lakhal, il est entré au sein de la TVT. Toutefois, parallèlement à son travail de comédien, le ministère de l'Education lui avait confié un rôle de professeur de théâtre qu'il assura aussi bien au collège Sadiki qu'à l'école normale de La Marsa. C'est de la sorte que Mohsen Ben Abdallah a été le mentor et l'initiateur de toute une génération qui comprend Mohamed Driss, Hichem Rostom, Abderaouf Basti, Ali Louati, Chedli Ben Younes ou Raja Farhat. C'est dire la qualité des enseignements du grand disparu et sa capacité à instiller l'enthousiasme et la rigueur chez ses élèves. Un pilier du mouvement théâtral et de l'action culturelle Ses premiers rôles sur les planches ont eu des reliefs divers. Etudiant, il interpréta Scipion puis joua dans "Mosca" au conservatoire sous les regards de Mohamed Agrebi et Hassen Zmerli. Ensuite, ce fut au tour de " El kolou min Aichoucha" avec la TVT. Depuis, Ben Abdallah continuera son travail de comédien et dirigera la TVT en 1972, à la mort de Aly Ben Ayed. C'est en janvier 1976 qu'il deviendra directeur du Théâtre municipal de Tunis, poste qu'il ne quittera qu'en mars 1999. Ce règne de 23 ans fait de Ben Abdallah le directeur de la Bonbonnière qui eut le plus long mandat, avec 23 ans passés à la tête de cette institution. De 1999 à 2016, il occupera les fonctions de directeur de l'espace Sophonisbe de Carthage et y mena une action de longue haleine durant les 17 ans que dura son mandat. Homme de devoir et au grand coeur, Ben Abdallah est aujourd'hui pleuré par toute la grande famille de la culture qui lui a rendu un ultime hommage lors de ses funérailles dimanche 10 septembre au cimetière Sidi Abdelaziz à la Marsa. Venus en nombre, les amis, disciples, collègues du grand disparu ont accompagné en sa dernière demeure celui qui fut un exemple de rigueur et de droiture et un pilier du mouvement théâtral et de l'action culturelle en Tunisie. Qu'il repose en paix...