«L'augmentation de 1% du taux de la TVA vise essentiellement, à limiter le recours à l'endettement et à préserver les équilibres financiers du pays. Elle n'aura pas un grand impact sur le pouvoir d'achat des citoyens», a déclaré, hier, à Tunis, le ministre des Finances, Mohamed Ridha Chalghoum. Intervenant lors d'une rencontre-débat sur la loi de Finances 2018, organisée par l'Ordre des experts comptables de Tunisie, il a précisé que «tous les produits agricoles ainsi que les produits subventionnés ne seront pas concernés par cette augmentation. Pour ce qui est des produits soumis au régime d'homologation des prix, leur taxation sera discutée». Le ministre a par ailleurs, évoqué le dossier de la compensation, rappelant que l'enveloppe consacrée à la subvention s'élève à 3 520 millions de dinars, en 2018, dont 1 570 millions de dinars destinés à la compensation des produits de base. Il a ainsi, souligné «la nécessité d'accélérer la réforme du système de compensation, afin de l'orienter vers ceux qui en ont le plus besoin «. Chalghoum a à ce titre, fait savoir que la mise en place d'une base de données, destinée à mieux cibler les bénéficiaires de la subvention est en cours dans toutes les régions. «Nous espérons pouvoir finaliser cette base de données d'ici la fin du premier semestre 2018, pour entamer la révision du système de compensation vers un meilleur ciblage des bénéficiaires. Cette mesure pourrait générer des économies s'élevant à 330 millions de dinars sur l'enveloppe prévue pour la subvention des produits de base». S'agissant de la subvention des hydrocarbures dont le montant s'élève à 1 500 millions de dinars, en 2018, Chalghoum a souligné que «si la loi de finances 2018 a été basée sur une hypothèse fixant le prix de baril à 54 dollars, alors que le cours actuel est aux alentours de 66 dollars, c'est parce que les prix sur le marché international était de l'ordre de 54-55 dollars», lors de la préparation de la LF. L'arme de l'ajustement des prix «On ne pouvait pas changer les hypothèses lors de la négociation de la loi de finances. On ne pouvait pas non plus augmenter l'enveloppe de la compensation des hydrocarbures au détriment des salaires, du budget consacré à l'investissement, des transferts sociaux, ou de la compensation des produits de base. Pour nous, le montant fixé pour la compensation des hydrocarbures est un plafond que nous ne pouvons pas dépasser et la seule option possible c'est de procéder à des ajustements en matière des prix, conformément à la décision gouvernementale prise en 2014, concernant le mécanisme d'ajustement des prix des hydrocarbures» . Et de conclure, «même les pays producteurs de pétrole ont procédé à des augmentations et le niveau des prix du pétrole en Tunisie reste inférieur à d'autres pays comme le Maroc..». « L'augmentation des tarifs douaniers ne concerne que 8% des produits importés destinés à la consommation sur le marché local « Chalghoum a indiqué que « L'augmentation des tarifs douaniers, actuellement au centre d'une grande polémique, ne concerne ni les intrants de la production, ni les équipements, ni les produits essentiels destinés à la consommation», précisant qu'elle s'applique à une partie des produits importés destinés à la consommation qui ont des équivalents tunisiens. «Cette mesure concerne 8% des produits importés destinés à la consommation sur le marché local», a-t-il dit, ajoutant qu'elle vise, essentiellement, à « atténuer les pressions sur la balance commerciale et à limiter le déficit courant qui devrait s'établir pour toute l'année 2017 à plus de 9% «. «Elle a également pour objectif de protéger l'économie tunisienne et le tissu industriel tunisien (électroménager, textile) en renforçant ses capacités de production» a-t-il ajouté. Le niveau des réserves en devises Le ministre a aussi évoqué « le niveau des réserves en devises qui risque aujourd'hui de passer en deçà des 90 jours d'importation», estimant «qu'il faut bien agir pour sortir de cette situation. L'idéal serait de renforcer les exportations. Mais en attendant que l'approche adoptée dans ce sens donne ses résultats, il faut bien agir sur les mécanismes qui peuvent donner un effet immédiat dont les importations «. Chalghoum a aussi qualifié d'»inquiétant», le niveau atteint par les indicateurs des finances publiques, dont l'endettement. «Poursuivre le même rythme d'endettement pourrait aboutir à une situation où aucun bailleur de fonds n'accepterait de prêter à la Tunisie et où aucun investisseur ne serait disposé à y investir» a-t-il indiqué. Le ministre a, à ce titre, évoqué la difficulté d'agir sur les dépenses de l'Etat dont une grande partie est réservée aux salaires. «En Tunisie, la masse salariale est élevée, mais le niveau de salaire du tunisien reste faible. Ceci est dû au fait que le nombre des fonctionnaires est très élevé. Et c'est la raison pour laquelle une mesure a été prise en 2017 pour encourager les départs volontaires des fonctionnaires mais cette mesure n'a pas connu le succès attendu. En tout, seulement 7000 dossiers ont été déposés «. Il a, également, fait savoir «qu'un projet de loi a été soumis à l'ARP pour encourager davantage les départs volontaires des fonctionnaires en accordant une prime de 36 salaires pour chaque départ».