La finance islamique est un secteur embryonnaire qui peine de frayer une place au sein du ghota financier tunisien. Dans le monde, la finance islamique se veut un secteur « refuge » pour bon nombre d'économies notamment celles anglo-saxonnes. Sous nos cieux, c'est depuis la montée du mouvement islamiste Ennahdha au pouvoir que cette branche de la finance a commencé à prendre forme et à se monter le bout du nez. D'ailleurs, ce n'est qu'en 2016 que le cadre réglementaire régissant la finance islamique est entré en vigueur. La loi n°2016-48 du 11 juillet 2016 qui régit l'exercice des opérations bancaires islamiques autorise les banques et les établissements financiers dits «conventionnels» de s'adonner aux opérations bancaires islamiques. Le législateur a ainsi opté pour le choix de guichets ou de fenêtres dédiés à la finance islamique où toutes les banques universelles de la place peuvent offrir des produits et services conformes à la « Chariaa ». Contre toute attente la promulgation du cadre réglementaire n'a pas accéléré l'émission de sukuks islamiques prévus depuis 2013. Pourquoi donc cet attentisme surtout que la diversification des sources de financement extérieur est une nécessité absolue pour la Tunisie? « Le retard d'émission des sukuks islamiques en Tunisie reste tributaire d'une volonté politique », affirme un expert de la Banque Centrale A l'heure où la Tunisie est en train d'opter résolument pour la diversification de ses ressources de financements du budget de l'Etat, les sukuks demeurent étrangement absents sur la scène financière créant ainsi une polémique qui n'a fait que trop duré en Tunisie. C'est la tendance du moment : les pays africains ont de plus en plus recours aux obligations islamiques, les Sukuks, pour financer leurs projets de développement notamment dans les infrastructures. La réussite des premières opérations sukuks vient attester de cette dynamique. Il y a presque un an, lors de la signature d'un protocole d'accord avec Nasdaq Dubai, le Directeur général de la Bourse de Tunis déclarait, que l'entrée de la Tunisie dans le secteur des Sukuks accroîtrait les investissements internationaux et locaux, et procurer en même temps de la confiance dans l'économie tunisienne. Alors, la question qui demeure posée, par quoi expliquer tant de retard et de flou qui persistent concernant ce sujet ? Dans ce cadre, un expert de la Banque Centrale insiste sur l'importance de la diversification des instruments et des marchés pour avoir les financements. Et d'ajouter ; « Le marché principal des sukuks se situe au Golfe. Il est vrai que la situation devient difficile à cause des relations tourmentées entre la Tunisie et les pays du Golfe. Toutefois, il y a quelques dispositions réglementaires actuellement qui ne permettent pas d'augmenter les opérations Sukuk. Une fois, qu'on change ce contexte réglementaire, d'un point de vue marché, le marché est là et dispose d'un grand potentiel ». L'expert a souligné que le retard d'émissions des sukuks islamiques en Tunisie demeure tributaire d'une volonté politique. Il a indiqué que ; « Nous optons pour les Sukuks du fait qu'ils sont des instruments importants au générant des financements tellement importants qu'on aimerait bien en avoir, il faudrait juste ajuster et adapter la réglementation interne ». En chiffres Le rapport de la BCT sur la supervision bancaire a présenté l'évolution des banques islamiques actives en Tunisie durant l'exercice 2016. « L'encours des créances classées des banques islamiques a plus que doublé entre 2014 et 2016 passant ainsi de 57 MD à 193 MD, dont 119 MD sur une seule relation. Les banques islamiques ont enregistré une amélioration de leur PNB de 22% pour s'établir à 144 MD contre 118 MD en 2015 ». Le résultat net des BIS a diminué de 3 MD pour revenir à 16 MD en totalité affecté en réserves. La rentabilité de l'activité des BIS demeure relativement faible vu la taille de ces banques et le poids des charges opératoires et d'amortissements », conclut le rapport. Le secteur bancaire se compose de 3 banques islamiques à savoir : Zitouna en activité depuis 2010, Al Baraka ex-banque non-résidente transformée en banque résidente en 2013 et la WIB ancien établissement de leasing transformé en banque résidente en 2015. Ces banques détiennent 5,1% du total actif, 5,2% du total des dépôts et 4% du total crédit du secteur. Les banques islamiques ambitionnent de détenir, à l'horizon 2022, 15% des actifs bancaires. Le portefeuille crédit s'élève à 2,4 milliards de dinars est composé principalement d'opérations de Mourabha (71%) et d'Ijara (11%). Les banques islamiques ont enregistré une amélioration de leur PNB de 22% pour s'établir à 144 MD contre 118 MD en 2015 ». Le résultat net des BIS a diminué de 3 MD pour revenir à 16 MD en totalité affecté en réserves. La rentabilité de l'activité des BIS demeure relativement faible vu la taille de ces banques et le poids des charges opératoires et d'amortissements.