Les Tunisiens ne savent plus à quel saint se vouer, à force de vouloir la chose et son contraire, la Démocratie et l'Etat fort ! Or, le support de l'un et de l'autre c'est l'Etat de Droit, dont personne n'en veut. Les partis politiques, les syndicats, la société civile et ses multiples associations n'arrêtent pas de pousser vers la consolidation des « libertés » dont les 3⁄4 passent par la « rue » et non par les institutions, dont le Parlement. Par ailleurs, les citoyens sont désemparés de voir à quel point l'Etat « puissance publique » a perdu sa force et sa crédibilité, face à une centaine d'activistes ça et là, bien au chaud, sous leurs tentes au Kamour et au bassin minier et qui dictent leur volonté au gouvernement et au pays tout entier. Rien n'y fait et ce ne sont pas les communiqués laconiques du gouvernement, qui menace et engage des procédures judiciaires, qui risquent de s'éterniser au-delà de 2018 qui semblent impressionner les manifestants, parce qu'on a tout fait pour leur dire qu'ils n'ont que des droits et pas de devoirs ! J'écoute attentivement les déclarations des uns et des autres y compris des ministres en charge de ces questions, qui répètent à longueur de journées « qu'ils comprennent ces jeunes et leurs revendications légitimes... mais » ! Or, tout est dans le « mais » ! Si vous reconnaissez le droit des manifestants à camper sur les champs de production, vous reconnaissez implicitement leur droit « d'user de toutes les formes de militantisme » pour faire aboutir leurs revendications à avoir un emploi bien rémunéré pour « ne rien faire », parce que tout simplement le pétrole et le phosphate coulent sous leurs pieds. Par conséquent, il faut remonter aux origines et à l'irresponsabilité des constituants en 2011-2012, qui ont fabriqué une constitution de pays riche, très riche pour un pays pauvre... Autrement, que veut dire, le gouvernement et l'Etat doivent garantir un emploi pour chaque tunisien, alors que le chômage touche 600.000 personnes ! Même la Chine, le Japon et l'Allemagne ne garantissent pas le plein emploi à leurs citoyens. Et en Italie, qui vient de virer hier, à l'extrême droite, le taux de chômage atteint les 11%. Il est évident qu'il faut trouver les palliatifs à cette impossibilité de donner du travail surtout « administratif » à tout le monde. Et ça, c'est la responsabilité du gouvernement de pousser encore plus la formation et de réadapter l'enseignement (tout l'enseignement) à l'offre d'emploi qui existe mais qu'on ne peut pas satisfaire faute de maîtrise ou de refus des « chômeurs » de luxe de travailler hors de la « fonction publique » ! Entre temps, tout le monde semble s'accommoder de l'impasse où n ous sommes. Les syndicats véritables « rentiers » des crises sociales n'ont rien à perdre et même tout à gagner de laisser pourrir. Le gouvernement refuse de recourir à la force légale, pour protéger les sites de production, parce qu'il ne veut pas sacrifier cet acquis considérable du droit à manifester qu'il prône depuis 2011 et qui fait l'admiration de l'Europe, de l'Occident américain et du Japon ami, au risque de revenir à la case départ du « régime musclé » des années 90-2000. Enfin, les partis et associations de la gauche populiste sont ravis de nager dans cette fermentation « révolutionnaire » qui s'étend à l'infini et espèrent en profiter au maximum, le temps de voir cette nébuleuse aboutir à la déstructuration totale du système politique et social, faute d'y arriver par les urnes où ils n'ont aucune chance de gagner. Entre temps, sur le net les appels à la « main de fer », se multiplient. Les Tunisiens en ont ras le bol des partis, des syndicats et des associations qui ne les représentent plus et qui prennent le pays en otage. La polémique autour du corps sécuritaire refait surface. Affaiblir davantage ces corps d'intervention de la police risque de pousser ces derniers à l'immobilisme face à des dangers autrement plus grand comme le terrorisme car il s'avère de plus en plus dans ce pays que nos ancêtres avaient bien raison de dire : « Al Jouloussou aâla arrabwati asslamou » (Rester et s'asseoir en spectateur sur la colline vous procure la paix) ! Triste, d'appeler à l'immobilisme quand ce pays a tant besoin de l'action. Le tout c'est de ne pas trop tirer sur les cordes et de faire prévaloir l'intérêt général sur les intérêts particuliers des partis et des syndicats. Bomber le torse et défier l'Etat déjà faible, ne mène qu'à la main de fer, car la transcendance de l'Etat finira tôt ou tard par ressusciter ! Take care ! K.G