Un premier Mai sur fond de grisaille sociale, économique et politique, mais qui ne draine plus les grandes foules aussi bien en Tunisie que dans le monde. Un vent de pessimisme qui touche 63,7% des Tunisiennes et des Tunisiens, selon un dernier sondage de « Sigma ». Enfin, une information sur la baisse de 22% des investissements extérieurs, tout cela n'est pas de nature à emballer les Tunisiens vers les lendemains qui chantent ! Depuis la « Révolution », les accumulations de la crise augmentent à vue d'œil et personne n'ose dire aux citoyens, les yeux dans les yeux, que la fermentation à l'infini opérée par des acteurs politiques et sociaux irresponsables, qui leur promettent la lune et même certaines planètes hors du système galactique solaire, vous a trompé et que si ça continue le pays risque de s'empêtrer encore plus dans les problèmes inextricables. Les jeunes générations, surtout, ont été poussées par des états-majors de partis politiques et de groupes de pression qui ont fait de la revendication permanente un fonds de commerce commode au nihilisme, au rejet social et surtout de la culture de l'effort et du travail, par le recyclage et la formation continus. L'Etat est submergé de toute part et malgré tous les efforts des gouvernements successifs on n'arrive même pas au seuil des résultats et des « performances » de 2010 ! Certaines statistiques relèvent même du risible intégral. Quand on annonce ça et là, une « amélioration » de 5%, 10, ou même plus dans un domaine, la référence n'est plus «2010» qui devient « l'inaccessible » mais 2015, ou l'avant et l'après Bardo, Sousse et l'Avenue Mohamed V. Par conséquent, des milliers de milliards sont partis en fumée du fait de la turpitude, des partis, des syndicats et des associations dont le nombre devient astronomique avec souvent des cumuls dans le même domaine du genre « observatoires » à n'en plus finir pour une même activité et un même domaine. Rien que la « lutte pour la corruption », elle n'en compte pas moins de cinq, et même chose pour les « victimes » en tout genre, à faire croire que la Tunisie est en guerre permanente depuis Hannibal et sa dernière campagne de Zama. A force d'appeler les gens à l'assistance, à la constitution de « dossiers » de réhabilitation et de dédommagement qui n'épargnent aucune région du pays, il va falloir décréter la Tunisie, premier pays du peuple « assisté » du globe ! Aujourd'hui, la « victimisation » qui a pris le relais de la « culpabilisation » touche 11 millions de Tunisiens, qui s'estiment tous et individuellement « lésés » par la « non-intervention » de l'Etat, ses « négligences » depuis les Beys, le protectorat français et l'Etat indépendant moderne.... Et qui sait si on pouvait remuer les archives nationales, on pourrait même remonter à l'époque où Charles Quint, Empereur d'Espagne, monté sur son cheval, foulait l'esplanade de la Grande Mosquée de la Zitouna, au 16ème siècle ! La thérapie à toute cette cacophonie de la revendication d'assistance à peuple réprimé depuis Scipion et Rome, devient quasi-introuvable, car le mal et le virus a touché l'ensemble des corps de la Nation sans exception ! L'ouvrier s'estime « exploité » et lésé par l'entrepreneur, l'entreprise s'estime en perdition du fait de la faillite de la culture du travail, de la discipline et de la productivité et tout le monde réclame « l'intervention » du gouvernement et de l'Etat pour remédier au blocage des esprits. Mais les lampes d'Aladin qui faisaient de nos gouvernants des bâtisseurs tout terrain, se sont éteintes, justement parce que depuis la Révolution on n'a pas arrêté d'incriminer l'Etat, les institutions et surtout ceux qui travaillent vraiment et produisent le peu de croissance dont nous jouissons et qui fait à peine le quart de 2010 ! Dans ce pays, on a tellement culpabilisé la machine productive, par ces campagnes de dénigrement systématique des hommes d'affaires, des ministres, (anciens et nouveaux), des hauts cadres du pays, qu'il est devenu impossible de croire à l'existence même de « la vertu » quelque part ! Mais, alors, toutes ces « valeurs », ces « fraudeurs », ces « corrompus »... ils sont venus d'où... si ce n'est du peuple qui les a enfantés et des classes politiques partisanes, syndicales et associatives qui les comptaient rien qu'hier, parmi les leurs ! Alors et encore, faut-il mettre en procès 11 millions de Tunisiens, parce l'activité humaine est imparfaite et sujette à l'erreur depuis l'apparition de Eve et d'Adam sur terre. Faut-il déclarer tous les gouvernements « coupables » d'avoir gouverné, selon des lois, qui étaient à l'époque, qu'on le veuille ou non, l'expression de la volonté générale, comme le disait Jean Jacques Rousseau. Finalement, la suprême contradiction au niveau du pouvoir c'est le « gouverné » qui revendique un plus d'Etat, et le « gouvernant » qui réclame la discipline et l'acceptation d'un ordre minimal. Or, un gouvernement acculé de toutes parts « à ne pas gouverner » parce que toutes les décisions peuvent faire mal quelque part à un des corps de la société, finira par céder à l'immobilisme et faire du surplace. Alors, il va falloir se décider à choisir entre un gouvernement qui gouverne et qui est en droit de « faire mal » sans état d'âme au risque d'être traité de « despotique », et un gouvernement hésitant, fébrile et qui a de la retenue, en voulant satisfaire tout ce monde, tout en ne satisfaisant personne, surtout les manipulateurs populistes des chapelles revendicatives. Les Tunisiens, pour le moment, ne choisissent ni l'un ni l'autre ! Certains préfèrent attendre le « pourrissement » pour se présenter comme les nouvelles « légitimités » populaires. Mais, la grande majorité silencieuse vit à l'âpre lassitude de toutes ces grèves, ces sit-in et ces discours enflammés de « leaders » qui ont tout gagné sauf la raison ! Alors, au gouvernement de gouverner... point à la ligne ! Le peuple n'est pas dupe et Dieu sait reconnaître les siens ! Au fait, le dernier sondage « Sigma » précité donne 65,5% d'opinions favorables aux deux têtes de l'exécutif, le président de la République et le chef du Gouvernement. Et dire qu'ils parlent si peu, et ne haranguent pas les foules sur les places publiques. Est-ce un bon message, peut-être pour ceux qui ne désespèrent pas de la Tunisie, quand ils écoutent les tribuns alarmistes de l'apocalypse ! Mais eux, vivent sur une autre planète, celle où il n'y a que des droits et surtout pas de devoirs ! K.G