Il y a bien du pain sur la planche, bien de l'eau qui a inondé les ponts, ne se contentant plus de couler dessous. Bien de clepsydres qui se sont vidées et qui rempilent éternellement pour un autre tour, sans qu'il n'y ait avancée notable, en matière d'évolution de l'état des finances et de l'économie dans le pays, un déclin, en appelant un autre, comme s'il n'y avait plus moyen d'avancer, sauf à reculons peut être. Il y a mille et un espoirs tués dans l'œuf et des rêves avortés à foison, et davantage encore. Mais s'il faut résister encore, s'il faut se réarmer de patience et y croire dur comme fer en tentant de renverser la vapeur, chacun à son échelle, chacun de son côté, partant du fait que tout est question de priorités, c'est parce qu'il y a encore des Hommes qui tombent pour la Tunisie, et que ces hommes là, bien souvent, ne sont que, encore que des enfants, grandis par un uniforme, auquel ils ont fait allégeance, à l'instar de leur drapeau. Ces hommes là, ces soldats qui tombent, et qui n'acceptent pas d'abdiquer, jamais, qui sait s'ils ne sont pas la raison qui fait que le pays tienne encore debout, malgré tous les coups qui lui ont été portés, par ses enfants d'abord. Non pas ses enfants qui meurent pour leur drapeau, et qui savent ce que « Patrie » veut dire, mais ceux, indignes, qui ont vendu leur âme au diable, et le pays avec, morceau par morceau, et qui font mine de regretter les jours heureux, tout en tirant dans le tas, jamais les yeux dans les yeux, toujours avec traîtrise, trop lâches pour avancer de front, trop peu courageux pour durer. On se souviendra toujours d'Ahmed Saidi.