Le secteur de la Santé ne suffit pas de manger son pain noir, avec de multiples problèmes qui ne trouvent pas de solutions, notamment le manque de médecins spécialistes dans les régions, l'insuffisance du personnel médical et paramédical, ainsi que le manque, pour ne pas dire la pénurie, de médicaments. A cela vient s'ajouter le déficit de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) et, le dernier problème en date, la décision unilatérale des cliniques privées d'augmenter leurs tarifs de pas moins de 30 %. La Chambre syndicale vient d'annoncer, il y a quelques jours, la décision d'augmenter de 30 % ses tarifs, à partir du 1er mai 2018, soit hier, arguant que ces tarifs n'ont pas évolué, depuis environ 25 ans, alors que les coûts du matériel, la masse salariale et les services n'ont pas cessé d'augmenter, depuis. Toutefois, il est du droit du citoyen de s'interroger pourquoi les cliniques privées et leur corporation ont attendu si longtemps pour se rebiffer, parce qu'en un quart de siècle, beaucoup de choses peuvent changer ? La décision unilatérale annoncée par la Chambre syndicale nationale des cliniques privées à propos de l'augmentation des tarifs conventionnels des interventions chirurgicales est contraire à la convention signée entre la CNAM dans un communiqué. Cette décision, ajoute la même source, vient porter atteinte aux relations conventionnelles fondées sur le principe du partenariat responsable et compromettre la continuité des soins et le droit à la santé pour les affiliés de la CNAM. La Chambre a pris cette décision en dépit des séances de travail tenues entre les deux parties et au cours desquelles plusieurs suggestions positives ont été présentées au sujet des revendications de la Chambre pour préserver l'intérêt de l'assuré social et garantir l'équilibre financier du système d'assurance maladie. Le système d'assurance maladie et la convention sectorielle sur les cliniques privées sont conformes aux modalités de prise en charge et respectent le droit de l'assuré social dans le choix du régime de soins adéquat. Pour sa part, le ministre de la Santé a promis de réagir à partir de cette semaine à l'annonce faite par les cliniques privées. "Cette décision fait actuellement l'objet de suivi et il sera question de revenir aux textes de loi encadrant ce secteur pour pouvoir se prononcer à ce sujet", a indiqué le ministre de la Santé Imed Hammami en marge d'une conférence organisée à l'occasion de la célébration de la journée internationale du vétérinaire. "Le gouvernement est attaché à préserver le pouvoir d'achat des tunisiens notamment en matière de santé", a-t-il dit, soulignant que la politique sanitaire nationale exige que les dépenses sanitaires ne dépassent 40% du revenu du citoyen. Intervenant sur les ondes de la radio Mosaïque FM, Boubaker Zakhami, président de la Chambre syndicale, a expliqué que ces tarifs seront appliqués, à partir d'aujourd'hui, alléguant que la CNAM n'a pas répondu à la demande de réunion, pour examiner la question, bien que l'accord stipule que des négociations doivent avoir lieu, tous les ttrois ans, pour examiner la possibilité de réaménagement des tarifs des cliniques privées. Dans ce dialogue de sourds, avec la décision qui est une première dans les annales de la Tunisie, c'est toujours le citoyen qui va payer les frais, surtout qu'il n'a pas d'autre alternative que de payer le complément à la prise en charge de la CNAM, dans un pays où on se permet de bafouer à bout de bras le prestige de l'Etat et de ses institutions.