Dr Leila Letayef, psychiatre: «Le traitement repose sur une psychothérapie individuelle et une prise en charge familiale» Plusieurs troubles psychologiques considérés comme mineurs peuvent être à l'origine de difficultés et d'échecs scolaires chez l'enfant. Parmi ces troubles, les phobies scolaires sont souvent banalisées alors qu'elles peuvent être la source de grande souffrance chez l'enfant scolarisé et entraîner un refus de la scolarité. Souvent, les parents sont peu sensibilisés à ce problème et l'ignorent alors que les traitements sont efficaces et disponibles se basant essentiellement sur la psychothérapie et la sensibilisation des enseignants aux difficultés de l'enfant. La phobie est une peur irraisonnée ou disproportionnée d'un objet ou d'une situation n'ayant en eux-mêmes aucun caractère objectif de dangerosité. La phobie scolaire st une situation où un enfant, pour des raisons irrationnelles de peur et de crainte, refuse d'aller à l'école. 1 % à 3 % des enfants et des adolescents ont peur de l'école. Elle est à distinguer des fugues et de la classique école buissonnière. En effet, l'enfant souffrant de phobie scolaire désire aller en classe et a des ambitions scolaires, malgré ses craintes alors que celui qui fait l'école buissonnière n'aime pas l'école et préfère errer dans les rues. Leila Letayef, psychiatre définit la phobie scolaire comme «une angoisse (peur massive) qui survient à la simple idée d'aller à l'école. Elle se manifeste typiquement au moment du départ de la maison par une crise de panique qui ne s'estompe que lorsque l'enfant est convaincu qu'il n'ira pas à l'école. C'est un refus de la fréquentation de l'école, et le trouble est à distinguer du refus d'apprendre ou de difficultés d'apprentissage. Ce terme de «phobie scolaire» a été plusieurs fois remis en cause dans la mesure où elle ne correspond pas aux descriptions classiques des phobies : l'objet qui amène à la phobie n'est pas clairement identifié (école, professeurs, élèves, en plus du fait de quitter ses parents ou son domicile…). Pour cette raison, c'est le terme de «refus scolaire» qui a été retenu dans la littérature internationale». Qui est touché par cette phobie? Dr Letayef, précise que «cette phobie peut apparaître à tout âge, mais deux catégories d'âge sont plus propices à son apparition : l'entrée à l'école primaire vers 6 ans, et l'adolescence, soit l'entrée au collège vers 12 ans et au lycée vers 15ans. Les études montrent que les filles sont autant touchées que les garçons, même s'il semble que les garçons soient un peu plus précoces. Il semble que les élèves intelligents, sérieux, dont l'investissement est notable, soient des éléments au plus grand risque. D'après certains auteurs, la phobie scolaire intervenant dans la petite enfance serait surtout liée à des angoisses de séparation. A l'adolescence, elle serait propre à une période de maturation difficile à supporter pour le jeune comme pour la famille. De même qu'il existe certains risques associés comme les troubles du sommeil, la dépression et le manque de confiance en soi. Un syndrome aux multiples visages Les principaux symptômes d'une phobie scolaire sont aisément reconnaissables, selon Dr Letayef. «Selon l'âge de l'enfant, cette phobie ne se manifeste pas avec les mêmes signes. Ces symptômes peuvent être expliqués par des difficultés à quitter le domicile pour partir à l'école, l'absentéisme scolaire complet et la réaction émotionnelle vive marquée par l'anxiété et la panique. L'enfant poursuit ses activités extérieures. Il ne cache pas sa situation à ses parents. Il refuse de partir à l'école, sans raison. En théorie, l'enfant est marqué par l'incapacité à quitter le domicile et n'est soulagé que lorsqu'il est sûr qu'il n'ira pas à l'école le jour même. Généralement, il promet qu'il ira le lendemain, mais la scène se répète. L'apparition de la «phobie» est souvent brutale, dès le début de l'année scolaire, au retour des vacances ou à la suite d'un événement particulier. Il est important de ne pas confondre la phobie scolaire avec d'autres troubles dont la symptomatologie peut faire penser à l'école buissonnière, qui se distingue par son caractère caché. L'enfant évite l'école à l'insu de ses parents et traîne généralement avec d'autres enfants, courant le risque important d'un comportement déviant. Un autre trouble, c'est le décrochage scolaire. L'enfant continue à aller à l'école mais il n'a pas le désir d'apprendre et les résultats s'en ressentent. Ce n'est pas l'anxiété qui est prédominante, mais au contraire la morosité latente. Un troisième trouble, c'est la dépendance aux jeux vidéo qui peut, parfois, ressembler à la phobie scolaire. Il faudra détecter une présence maximale auprès de l'ordinateur et un engouement presque passionnel à un monde parallèle pouvant laisser des traces (troubles du sommeil, décalages, comportements antisociaux)». Comment traiter cette phobie ? «Il n'existe pas un seul parcours thérapeutique : chaque enfant doit suivre un parcours adapté», avoue Dr Letayef. «Le traitement repose sur une psychothérapie individuelle et une prise en charge familiale. Le changement significatif est capital dans le processus de guérison : cela peut être un changement de milieu scolaire, un déménagement, une hospitalisation ou une remise en cause profonde de l'équilibre familial. Une prise en charge institutionnelle pourra être envisagée, après 6 mois d'échec du traitement ambulatoire. Il faut écouter l'enfant. Il faut savoir mettre ses appréhensions de côté afin d'offrir à l'enfant une oreille attentive et bienveillante: a-t-il des problèmes avec quelqu'un en classe?», a-t-elle souligné. Elle a ajouté que la difficulté, c'est que certains enfants ne savent pas eux-mêmes ce qui les angoisse précisément. Leur silence peut aussi être le signe d'un harcèlement à l'école qui leur fait honte. En parler avec l'enseignant est nécessaire, dans le but de comprendre ce qui se passe et de voir si des dispositifs existent au sein de l'établissement ou de la ville. Il est aussi utile d'en informer l'infirmier ou le médecin scolaire pour offrir à l'enfant ou à l'adolescent un accompagnement médical et psychologique. Kamel Bouaouina Insatisfaction de 10% des parents d'élèves des écoles primaires privées 10% des parents dont les enfants sont inscrits dans des écoles primaires privées sont insatisfaits des services fournis par ces établissements scolaires, indique un sondage réalisé par l'organisation tunisienne de défense du consommateur (ODC), et dont les résultats ont été présentés lors d'une conférence de presse tenue mercredi. Ce sondage réalisé au cours du mois de septembre courant et qui a touché les gouvernorats de Tunis, Manouba, Nabeul et Bizerte a montré que le taux de satisfaction à l'égard des écoles primaires privées a atteint 49%, a affirmé Najla Aouinti, chargée de communication au sein de l'organisation. Le nombre global des parents dont les élèves sont inscrits dans des écoles privées, qui ont été interviewés dans le cadre de ce sondage, s'élève à 145, a-t-elle précisé. Selon le sondage, les plaintes des parents contre le secteur de l'enseignement primaire privé portent notamment sur les enseignants et le volet pédagogique (34%), l'absence de la transparence (28%), l'infrastructure (17%), la discrimination entre les élèves (16%). De son côté, le directeur général du cycle primaire au ministère de l'éducation, Kamel Hajjem, a précisé que ce sondage ne reflète pas la réalité du système de l'éducation. Le système de l'éducation publique bénéficie encore de la confiance des tunisiens, a-t-il affirmé. Le président du syndicat des établissements de l'enseignement privé, Naceur Cherni a, pour sa part, dénoncé " la diabolisation du secteur de l'éducation privée ", qui a-t-il dit ne représente qu' 1/5 en comparaison du secteur de l'éducation publique. Le ministère de l'éducation est d'accord pour mener des négociations avec le syndicat portant sur la publication d'un nouveau décret, réglant les établissements de l'enseignement privé.