Les jeux sont faits, l'année scolaire et universitaire touche à sa fin, c'est l'heure de l'évaluation. Pour certains enfants et adolescents, c'est la galère. Angoisse, peur, phobie... A en perdre le sommeil et son latin. Dr. Asma Ben Taleb, psychologue à l'Office national de la famille et de la population, fournit des explications. Quels sont les signes extérieurs de la phobie des examens, comment les reconnaître ? Dans le cas des examens scolaires et universitaires on ne peut pas parler de phobie. Il s'agit d'une angoisse, ce n'est pas pathologique. Le stress, l'angoisse, la peur de la confrontation parfois, accompagnent chaque événement nouveau vécu par l'être humain. Dans le cas des examens, il faut ajouter la pression exercée par les parents, eux-mêmes pris de panique à l'approche de ces épreuves. Sans se rendre compte, ils transmettent leur angoisse à leurs enfants. Certains parents ne parlent pas de l'examen de fin d'année durant toute l'année et quand commence la période des révisions, ils ne parlent plus que de cela et du coup, plus rien n'est permis à l'enfant même pas de regarder la télévision. Tout cela crée de la tension, de la nervosité. Les enseignants aussi exercent souvent de la pression sur les élèves à l'approche des examens. Y a-t-il des populations plus vulnérables que d'autres et quelles sont les conséquences de ces angoisses (impact psychologique et autres) sur l'enfant et l'adolescent ? Oui, il y a des personnes plus vulnérables que d'autres. Généralement, ces dernières ont été éduquées dans la violence, dans la peur. Elles ne s'acceptent pas telles qu'elles sont. Elles doutent d'elles-mêmes et ne communiquent pas ou peu. Ce sont des personnes masquées, elles ne laissent rien entrevoir. Une fois adultes, les enfants répercutent le modèle d'éducation qu'ils ont eu et revivent les angoisses de leurs parents qu'ils vont projeter à leur tour sur leurs propres enfants. D'ailleurs, statistiquement, les premiers divorces apparaissent avec le premier enfant. Eduquer un enfant n'est pas une chose simple, il faut être préparé à cela. Assurer à l'enfant une vie aisée et confortable ne suffit pas à une éducation saine et équilibrée. Surtout ne pas laisser l'angoisse s'installer car elle risque de revenir et de se manifester à chaque événement nouveau dans la vie d'une personne. Dans le cas de plusieurs récidives, le problème peut devenir pathologique et se transformer en état dépressif. Aux examens, ce peut être le blocage, l'amnésie totale, ce qu'on appelle la feuille blanche. Existe-t-il des remèdes ou des conseils efficaces à prodiguer aux jeunes candidats aux examens ? Il faut surtout faire comprendre à son enfant que même si ses résultats ne sont pas bons il restera l'enfant chéri, aimé et désiré. L'enfant ne doit pas sentir que ses notes ne sont pas pour lui mais pour ses parents et qu'il étudie pour leur faire plaisir. Car, le jour où il se fâchera avec ses parents, il se vengera sur ses études. Dans la plupart des familles, il est rare que les parents parlent d'autres choses que des études avec leurs enfants. C'est une erreur. Les parents doivent montrer de l'intérêt pour d'autres sujets qui intéressent leurs enfants. Bien sûr, les parents ont beaucoup à faire, ils sont eux-mêmes tiraillés entre plusieurs occupations mais les enfants doivent avoir une place prépondérante. Beaucoup d'enfants et d'adolescents viennent consulter chez les psychiatres et les psychologues. Ils ont tous un problème de concentration, ils détestent les cours qu'ils estiment trop chargés. Par ailleurs, l'usage fréquent de l'Internet et de facebook les a isolés davantage par rapport à leur entourage. Ils évitent de plus en plus la confrontation et le champ de la communication est devenu très réduit. S'il y a un conseil à donner c'est aux parents qu'il sera adressé. Un examen ça se prépare. Il faut préparer deux choses : les conditions de l'examen et les résultats. Certains établissements éducatifs ont la tradition d'organiser des réunions avec les parents d'élèves afin de leur prodiguer des conseils qui leur permettent de bien se comporter avec leurs enfants et de leur assurer de bonnes conditions de révision. L'attente des résultats est tout aussi importante, elle doit se passer dans la sérénité. Pour les élèves, le conseil est d'éviter les excitants : tabac, café et autres, cela augmente le stress. Le régime alimentaire également est à surveiller. La boulimie est un signe spécifique de l'angoisse chez l'adolescent. Chez d'autres, ce sera l'anorexie. Le rôle de la famille consiste, dans ce cas, à rassurer l'enfant et le libérer de sa peur. Il suffit parfois de lui faire comprendre que la vie est une succession d'examens et qu'il aura plus d'une chance pour réussir et s'imposer.