L'événement est une première en Afrique et dans le monde arabe ! Pendant trois jours, du 15 au 17 novembre, la capitale tunisienne a vibré au rythme du journalisme de qualité et de l'information plurielle, accueillant la 1ère édition des Assises internationales du journalisme de Tunis. L'événement s'est tenu à la Cité de la Culture en présence de pas moins de 400 journalistes venus de 30 pays différents. Une belle occasion pour redorer l'image du pays à l'international et montrer que la Tunisie reste, avant tout, une terre d'hospitalité sûre mais aussi un carrefour de savoir et d'expertise. L'idée d'organiser des Assises internationales du journalisme ne date pas d'hier. En effet, l'idée a germé dans la tête de Jérôme Bouvier, Président de l'association Journalisme et citoyenneté il y a plus de 15 ans. Pour ce journaliste et ancien directeur de RFI, il est essentiel que de manière période, les professionnels du métier se retrouvent non pas pour couvrir un événement mais pour le créer et qu'ils puissent échanger en toute sérénité mais aussi en toute liberté ce dont certains journalistes, notamment ceux qui exercent dans des pays en guerre ou gouvernés par des régimes dictatoriaux, sont privés. L'idée s'est donc concrétisée en France et depuis quelques années, c'est la ville de Tours qui accueille régulièrement l'événement. L'objectif étant de réunir dans un même endroit des journalistes de divers pays et continents pour qu'ils aient l'occasion de croiser leurs expériences, de discuter des problématiques communes de la profession, de renforcer et d'étendre leur réseau professionnel et d'essayer de trouver des solutions aux difficultés rencontrées dans le cadre de l'exercice de leur métier. C'est qu'être journaliste n'est pas chose aisée, quel que soit le pays dans lequel ce métier est exercé. Aux dangers classiques de cette profession à savoir les menaces qui pèsent sur l'intégrité physique du journalisme quand il est en quête d'une vérité cachée, se sont ajoutées, ces dernières années, de nouvelles difficultés à savoir les fake news, l'intrusion des réseaux sociaux, l'invasion des salles de rédaction et des canaux d'information par les nouvelles technologies, la montée de la xénophobie et du sexisme entre confrères, la précarité des journalismes dans certains pays... Autant d'obstacles qui se dressent sur le chemin des professionnels dans leur quête d'une information crédible et de qualité et autant de défis à relever au quotidien mais tous les journalistes le diront, le journalisme est bien plus qu'un métier, c'est une passion. Et c'est justement pour discuter de cette passion commune et mettre en place de nouveaux projets collaboratifs entre les professionnels de différents pays pour être toujours au plus près de l'information et des citoyens. Placée sous le thème «Un journalisme utile aux citoyens», cette première édition s'est donc voulue fédératrice et porteuse de solutions, mais aussi de messages de solidarité envers tous les confrères subissant les foudres des régimes dictatoriaux à travers le monde ou encore ceux qui sont portés disparus à l'instar des journalistes tunisiens Sofiane Chourabi et NadhirGuetari. Il ne faut pas oublier bien sûr ceux qui ont perdu la vie parce qu'ils ont osé dénoncer des vérités qui fâchent et pointer du doigt des abus et des dérives. Parmi les thématiques traitées au cours de ces trois journées, l'avenir de la presse écrite ou encore du photojournalisme, la régulation et l'autorégulation des médias. Les participants ont pu évoquer, aussi, la sécurité physique et numérique des journalistes, la francophonie, les modèles économiques des nouveaux médias, la médiatisation de la migration, la lutte contre les fake-news, le journalisme de solutions, en plus de tant d'autres thématiques censées aider les professionnels des médias à fournir un contenu informatif de qualité qui intéresse les citoyens et qui leur soit utile dans leur quotidien. Pour Jérôme Bouvier, la liberté d'expression et l'accès à un journalisme de qualité qui allie rigueur et crédibilité, et qui se tient loin des ragots et autres intérêts partisans, est un droit primordial pour tout citoyen tout comme l'est l'accès à une eau saine ou à un air non pollué. Un appel a d'ailleurs été lancé à l'issue des premières Assises internationales du journalisme de Tunis, aux dirigeants politiques, aux responsables économiques, aux représentants des syndicats et à la société civile du monde entier pour veiller à ce que la liberté d'expression et la liberté de la presse soient défendues dans tous les pays comme un bien fragile et précieux et à les considérer comme un «bien commun de l'humanité» tel qu'il est indiqué dans la Déclaration internationale sur l'information et la démocratie, initiée par Reporters Sans Frontières (RSF) et, tout récemment, dévoilée à Paris lors du Forum sur la Paix.