Une semaine après un défilé émaillé de violences sur les Champs-Elysées, à Paris, le mouvement des « gilets jaunes » est de retour dans la capitale, hier, à l'occasion d'une nouvelle journée d'action nationale, globalement pacifique, sur le territoire français. Des incidents et des interpellations ont débuté dès le début de la matinée place de l'Etoile. Le chef du gouvernement se rendait à la préfecture de police à la mi-journée. Par ailleurs, la ministre des Outre-mer a dû être exfiltrée d'une réunion tendue vendredi à la Réunion, où les barrages continuent. Les « gilets jaunes », qui protestent notamment contre la hausse des taxes et la baisse du pouvoir d'achat, sont de retour dans la capitale française. En marge de ce mouvement national, un incident a éclaté dès le début de matinée à Paris, alors que plusieurs centaines de manifestants commençaient à converger vers l'arc de Triomphe. Des policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes après que des participants ont tenté de forcer un point de contrôle. Si le gouvernement a accepté la piétonisation des Champs-Elysées, commerçants et forces de l'ordre ont pris quelques précautions. Des panneaux de bois ont été apposés sur certaines vitrines. L'accès des piétons est soumis à un quadrillage serré, avec contrôles d'identité et des fouilles de sacs. Deux personnes ont été interpellées pour port d'arme prohibé, selon une source policière. Face aux à-côté potentiellement violents d'un mouvement protéiforme largement soutenu par la population française, environ 5 000 hommes ont été mobilisés à Paris, où sont par ailleurs prévus une manifestation à l'appel du syndicat CGT et un rassemblement contre la hausse des frais pour les étudiants étrangers. « Notre responsabilité est de faire en sorte que tout se passe au mieux », a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui rendait visite aux forces de l'ordre ce samedi. Il a également tweeté : « 200 manifestants pacifiques sur les Champs-Elysées. 1 500 perturbateurs à l'extérieur du périmètre venus pour en découdre». A la mi-journée, le Premier ministre Edouard Philippe annonçait plus de 107 interpellations. Edouard Philippe qui a annulé son déplacement à Nogent-sur-Marne pour l'élection du nouveau délégué général du parti LREM pour se consacrer à la gestion de la situation à Paris, selon son service de communication. Des manifestants, pour certains encagoulés et masqués, se sont rabattus sur les avenues adjacentes après l'intervention des forces de l'ordre peu avant 9h. Mais pour le reste, dans le pays, le mouvement poursuit sa route, 15 jours après son lancement, encouragé par de bons sondages et le million de signatures enregistré autour d'une pétition pour « une baisse des prix du carburant à la pompe ». Des rassemblements de citoyens pour qui les fins de mois sont difficiles étaient annoncées hier dans plusieurs autres villes de métropole, notamment Marseille, mais aussi dans les territoires français d'outre-mer. A la Réunion, île bloquée depuis deux semaines, la ministre des Outre-mer a dû être exfiltrée vendredi soir par son service d'ordre lors d'une rencontre devenue trop houleuse. A La Réunion, encore « beaucoup d'attentes » selon Annick Girardin Annick Girardin, qui a multiplié les rencontres avec les gilets jaunes sur place dans l'océan Indien, a estimé avant de partir, hier, que la situation s'était « apaisée », bien que des barrages continuent. « Le travail ne fait que commencer. Bien sûr que ce n'est pas une visite de trois jours de la ministre qui va régler 40, 50 ans de construction de ce territoire », a-t-elle souligné à l'aéroport. La ministre entend qu'une partie de la population réunionnaise est « restée sur le bord de la route », a-t-elle dit lors de son point-presse. « Il y a encore beaucoup d'attentes », a-t-elle reconnu. « Dès dimanche, demain, je serai en visioconférence à nouveau avec un collectif de gilets jaunes réunionnais qui veulent me remettre le résultat d'une consultation en ligne », a-t-elle ajouté. La ministre, qui a multiplié les annonces depuis son arrivée, invite à « passer de la rue, des blocages, à une forme de débat, pour que naisse ici un nouvel élan de démocratie ». Cela ne peut plus continuer comme ça, a-t-elle poursuivi, « il faut que la Réunion reprenne une vie normale ». Et de saluer le fait que les écoles seront « toutes rouvertes » lundi. Le mouvement lancé il y a deux semaines commence à déborder les frontières de l'Hexagone. Des manifestants se sont notamment regroupés au niveau du péage du Perthus, à la frontière entre la France et l'Espagne. Et à Bruxelles, deux véhicules de police ont été incendiés vendredi soir en marge d'une manifestation d'environ 300 « gilets jaunes », une première dans la capitale belge.