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Quand la classe politique fait le lit du Corona !
Publié dans Le Temps le 29 - 03 - 2020

Indigne. Honteux. Grave et dangereux à la fois. L'exemple, chez nous, ne vient pas d'en haut. On appelle le peuple au confinement total, on feint de dénoncer la désinvolture de ceux, parmi nos concitoyens, qui se croient investis d'une immunité divine. On loue hypocritement les efforts de l'armée des blouses blanches, en première ligne dans cette « guerre ». On glorifie, tout aussi hypocritement le redéploiement de nos forces sécuritaires et ceux de l'armée. On comptabilise ostensiblement les contaminations et les morts.
Qui « on » ? Ce n'est pas « je », ce n'est pas « nous ». C'est eux. Classe politique et élus du peuple, presque tous, autant qu'ils sont. Plus besoin de revenir sur la triste mascarade de la plénière de jeudi dernier, dans ce musée des horreurs qu'est l'ARP. Le Coronavirus n'y est pas physique. Il y est cérébral. Là-bas, il ne suffit pas que l'information soit vraie. On s'est arrangé pour qu'elle soit, en plus, virale.
Fakhfakh comme Sisyphe
Que demande, en fait, Elyès Fakhfakh ? Juste qu'on lui donne les moyens constitutionnels inhérents à un état de guerre. Son discours martial, jeudi, au parlement ne sensibilise pas outre-mesure des « élus du peuple » d'autant plus revêches, d'autant plus enclins à un comportement clivant, qu'ils ont choisi d'adopter la stratégie de la distanciation.
A quelques similitudes près, nous nous sentirions projetés des siècles en arrière quand l'Empire romain s'effondrait et que le Sénat dissertait encore longuement sur le sexe des anges. Même scénario en effet.
Alors que le Covid-19 s'amplifie, passe chaque jour davantage à la vitesse supérieure, on en est là encore à se demander si Elyès Fakhfakh ne prépare pas un putsch constitutionnel par le biais de l'article 70 de la Constitution.
On sait que le parlementarisme tunisien est ainsi fait que la séparation des pouvoirs prête à confusion. Cette séparation des pouvoirs y est juste formelle. Une commodité constitutionnelle qui profite à un pouvoir au détriment des autres. Sinon, l'inverse. Mais, c'est aussi une impossibilité politique. Elle génère la paralysie de la gouvernance. Et qui, plus est, comme déjà démontré, en situation d'exception.
Pour autant, la question terrifiante tient à ceci : le Chef du gouvernement, déjà desservi par la providence pour avoir entamé son mandat au temps du Coronavirus, n'est-il pas, par ailleurs, sommé à se mettre dans la peau de ce pauvre Sisyphe ? Chaque pierre qu'il traine au sommet de la montagne dégringole aussitôt. Et il doit indéfiniment remettre le cœur à l'ouvrage. De l'absurde, en somme.
Les textes constitutionnels sont là pour être appliqués. Et, malgré son incomplétude, la Constitution a, quand même, prévu de délier les mains aux Chef du gouvernement dans ce genre de situation. Le recours à l'article 70, il en a fait la demande expresse au Parlement. Il s'agit de lui accorder l'autorisation de recourir aux décrets lois (il en a établi 13) pour agir rapidement. Or, les réticences se meuvent dans un esprit de suspicion. Tant au niveau de la Majorité et sa frêle ceinture politique qu'au niveau de l'Opposition. On juge suspects ses projets d'amnistie générale, de réorganisation ponctuelle de l'appareil juridictionnel, de clôture du budget….Autant de freins, tant de temps perdu dans l'examen de cette demande au niveau de la commission spécialisée et, davantage de temps perdu, pour programmer et tenir la plénière qui votera pour ou contre. Tiens, maintenant, on se rabat sur les instances constitutionnelles : un Conseil supérieur de la Magistrature qu'on consulte rarement, et une Cour constitutionnelle dont on s'est arrangé pour qu'elle ne voie jamais le jour.
Cafouillage à Carthage aussi…
Justement la Cour constitutionnelle. Dans les démocraties qui se respectent, c'est elle qu'on installe en premier. Elle a, en effet, vocation, comme disent les exégètes, à veiller à la constitutionalité des lois. Cette Cour n'existe pas, tout au plus une instance provisoire qui n'a pas force de décision.
C'est à partir de ce dysfonctionnement, de ce vide constitutionnel que le cafouillage s'est installé. Et, quelque part, ce cafouillage, c'est bien le Président de la république, pourtant constitutionnaliste de formation, qui l'aura provoqué. Tout un mystère, en effet, autour du recours à l'article 80 de la Constitution, article inhérent au « péril imminent ». En a-t-il franchement usé lors de la tenue du Conseil de sûreté nationale ? L'a-t-il juste effleuré ? En use-t-il pleinement, en dehors de la proclamation du confinement total, du couvre-feu et du redéploiement des forces armées ? Oui, mais disent des constitutionnalistes tout aussi chevronnés que lui, sinon plus, nous sommes en état d'urgence, en vertu de la loi de 1978. Et cela suffit pour induire ces mesures annoncées. Mais, là aussi, c'est encore le talon d'Achille des instances constitutionnelles, c'est à dire l'absence de Cour constitutionnelle, qui émerge de nouveau.
Le flou venant de Carthage n'est pas, lui non plus, pour faciliter la tâche à Elyès Fakhfakh. Parce qu'il se trouve que la rationalité exige qu'on démêle l'écheveau. Si nous sommes dans le contexte de l'article 80, là où le Chef de l'Etat concentre tous les pouvoirs, en quoi se justifierait le recours à l'article 70, là où le Chef du gouvernement usera des décrets lois ?
Et cela fait que Fakhfakh se retrouve en plein dans l'œil du cyclone. Ses frêles épaules supporteront-elles toute l'ampleur de l'avant et de l'après Coronavirus. Poussera-t-on l'indécence jusqu'à l'en tenir pour responsable, après l'avoir privé de munitions ?


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