LE TEMPS - Il faut dire que la loi sur la délégation des pouvoirs au président du gouvernement Elyès Fakhfakh a connu une naissance dans la douleur. La question a trainé en longueur et les récalcitrants ont, pratiquement, baissé la garde, bien que certains élus aient voté contre, simplement pour se distinguer. Sinon, comment expliquer que des élus du peuple font faux bond et votent contre –ils sont au nombre de 16- choisissent d'être contre les intérêts de tout un peuple ? Enfin, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, au cours de la plénière d'hier, et après une longue attente, le projet de loi N°30-2020 relatif à la délégation des pouvoirs au président du gouvernement, Elyès Fakhfakh, pour éditer des décrets lois, dans le but de lutter contre le Covid-19, conformément à l'article 70 de la Constitution. L'accouchement a été, certes, difficile, mais enfin de compte, Fakhfakh a obtenu gain de cause que ce soit au niveau de la période ou du contrôle de la constitutionnalité de ces décrets lois. La victoire a été écrasante, soi-disant pour montrer que le parlement pense à l'intérêt du peuple, ce qu'il aurait dû montrer plus tôt. Il y avait foule, à l'ARP, que ce soit par la présence sur place où dans le siège de l'ancienne Assemblée des représentants, pas très loin du palais du Bardo, ou par vidéo-conférence, puisque 174 députés ont voté pour, alors que deux se sont abstenus –on aimerait comprendre pour quelles raison- et que… 16 ont cru bon de se démarquer. Et, bien sûr, il n'est pas difficile de connaître à quelle confrérie ils appartiennent… surtout qu'il n'y a pas photo. C'était énervant, lassant et monotone, de voir ces députés parler de l'expérience de la vidéoconférence, comme des enfants à qui on a donné un jouet… et ils saisissent toutes les opportunités pour nous le rappeler et pour claironner que c'est un succès total, alors qu'il n'en est pas, au vu de la lenteur et des problèmes rencontrés, à cause du débit de l'Internet qui est un éternel problème, dans le pays, surtout qu'il ne concerne pas, uniquement, la période du confinement. Pour ce qui est du vote, les articles 1 – 2 et 4 sont passés comme sur des roulettes, bien sûr avec les amendements demandés par le chef du gouvernement, alors que l'article 3, sous la formule présenté par la commission, a été rejeté. Le tout avec une majorité dans la fourchette de 160 à 168 voix. On ne peut pas passer, ici, sans mentionner les difficultés éprouvées par les députés de Siliana qui avaient eu un mal fou pour pouvoir voter, avec le débit très faible de l'internet dans cette région.... et cela en dit long sur le fameux « équilibre régional » que nous sommes en train de vivre. Il y a, aussi, cette absence de pas moins de ces 25 élus du peuple qui n'ont pas donné signe de vie, alors que le pays est en confinement général et qu'il n'ont pas d'autres choses à faire. Tout cela ne pouvait pas passer, sans que le président de l'ARP fasse sa réapparition, pour parler d'unité nationale et d'intérêt du pays (sic), et de nous agrémenter de son langage cassé. Pauvre Tunisie, pour ce qu'elle doit endurer tout au long du reste des cinq ans de ce mandat parlementaire. Que Dieu préserve notre pays !