Que symbolise le mois Saint, « Le Ramadan » pour les Musulmans sinon trente jours de jeûne et de charité pendant lesquels ces derniers s'adonnent à la prière, et deviennent de plus en plus indulgents et solidaires vis-à-vis des nécessiteux. Ce mois possède une particularité propre à lui : les prières du soir, dites de « Tarawih » qui interpellent énormément les personnes habituées à fréquenter régulièrement les mosquées. De plus, durant ce mois, les Musulmans appliquent parfaitement quelques préceptes de l'Islam, deviennent plus généreux envers les gens pauvres et répondent à leurs besoins, avec grand plaisir. Maintenant que nous sommes sur le seuil d'accueillir un tel mois, cette année, remarquons-le, diffère des précédentes : confinés, les gens ne savourent pas convenablement le charme habituel des préparatifs de chaque année. En effet, femmes et hommes se préparent à affronter le jeûne avec courage, sourire et bienveillance. Or, cette année, le confinement sanitaire fait que certaines personnes se trouvent angoissées devant la fermeture des souks, des cafés et des pâtisseries. Bien que la production dramatique tunisienne soit désormais chaotique, ces derniers trouvent refuge dans l'art culinaire : les femmes s'occuperont certes de préparer de délicieux plats et des tartes succulentes, les hommes, en revanche, se chargeront de leurs enfants. Mais, une langueur dominera certainement le pays : une balade à la Médina manquera à certains, l'odeur enivrante du narguilé qui envahissait autrefois les cafés traditionnels, les soirées amicales et familiales jusqu'à l'aube, les feuilletons diffusés en boucle, des détails qui tiennent leurs valeurs de ce mois-là mais qui, laisseront un vide inébranlable, cette année. La liesse ne sera pas la même, le pavé ne sera pas marqué par les pas des gamins qui courent le soir tenant une glace à la main, ne sera pas ravagé par le nombre extravagant des promeneurs nocturnes : il sera vide, délaissé et inoccupé. Néanmoins, nous ne devons, en aucun cas, cesser de vivre l'instant présent avec ses charmes et extases : créons de petits moments heureux, occupons-nous à embellir notre vie et à nous rappeler que tout est éphémère et que ces moments durs de lassitude sont passagers et provisoires. Les ruelles ne seront pas éclairées et animées, les gourmandises habituelles ne seront pas là pour répondre à nos creux, les soirées ne seront certainement pas les mêmes devant la panique et la frustration permanente. Indépendamment de tout cela, sachons que la force réside dans la résistance contre un tel mal, un fléau pareil qui s'abat sur le monde entier pour tester la patience mais aussi l'endurance des peuples. Souvenons-nous de la parole effervescente de Rousseau qui dit qu' « il n'y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat », soyons de bons combattants, luttons ensemble contre ce maudit virus qui a chamboulé nos modes de vie : ce cauchemar aura bientôt fin, espérons-le !