L'Institut National de la Statistique (INS), en collaboration avec la Banque Mondiale (BM), continue de suivre l'impact du COVID-19 et ses retombées sur le quotidien des Tunisiens. L'impact est insupportable à tous les niveaux. Le pouvoir d'achat des Tunisiens ne cesse de se détériorer. Le choc inflationniste pointe à l'horizon. Ce qu'endurent actuellement les ménages et les entreprises, n'est que la résultante d'une jonction des facteurs défavorables : une crise financière structurelle qui s'est accentuée avec la propagation de la pandémie. Le Covid-19 vient jeter de l'huile sur le feu. Suite à la première parties de l'enquête qui a été menée du 29 avril au 8 mai 2020, une deuxième a été menée par téléphone du 15 au 21 mai 2020, auprès du même panel de ménages. La période de référence couvre le début du confinement ciblé. L'INS indique qu'à la sortie du confinement total, le marché du travail continuait à être sensiblement affecté, bien qu'une partie significative des travailleurs avaient repris une activité professionnelle : « 41% des personnes interrogées lors du deuxième passage de l'enquête et qui étaient occupées avant le confinement ne travaillaient pas encore, soit 26 points de pourcentage en moins par rapport à la période du confinement total. Parmi les 41% se déclarant en arrêt de travail, plus de 80% invoquent des raisons directement ou indirectement liées au COVID19. Les unités de production familiales continuaient à être profondément impactées par la crise. Dont plus de la moitié souffraient soit d'une baisse soit d'un arrêt de leur revenu au cours des deux semaines précédant l'interview. La plupart d'entre elles (environ 90%), ont été affectées par la crise soit directement (fermeture de l'entreprise) soit indirectement (absence de clients, transport de marchandises, matières premières) ». 95% avouent ne pas pouvoir régler leurs factures S'agissant de la situation financière des ménages, celle-ci, souligne l'institut, ne s'est pas améliorée ou s'est détériorée pour la quasi-totalité d'entre eux : « Déjà avant la crise, environ un quart des 40% les plus pauvres avaient régulièrement recours à l'endettement pour boucler les fins de mois. En sortie du confinement total, plus de la moitié des 40% les plus pauvres déclaraient ne plus être en mesure de couvrir leurs charges fixes. Parmi ceux qui n'arrivaient plus à subvenir à ces dépenses essentielles, 95% déclaraient ne pas pouvoir régler leurs factures, 37% déclaraient ne pas être capables de s'acquitter de leurs dettes ou crédits alors que seuls 10% n'auraient pas été en mesure de payer leur loyer ». Les employés dans les services sont susceptibles de ne pas percevoir leur salaire Plus de 50% de ceux qui se déclaraient en arrêt de travail ont perçu l'intégralité de leur salaire, soit 20 points de pourcentage de plus par rapport au confinement total. Toujours selon la même source, tout comme pour le premier passage, et même si la situation s'est améliorée pour tous les salariés, la perception (ou l'absence) de rémunération reste très inégale selon les quintiles de consommation. Plus de la moitié des répondants du quintile le plus pauvre ne perçoit aucun salaire contre 16% des répondants du quintile le plus riche. Il convient de souligner également que pour ceux qui travaillent dans les services risquent de ne pas percevoir leur salaire (73%), par rapport à ceux qui travaillent dans le secteur agricole (28%) ou dans l'industrie (39%). Les indicateurs de solvabilité se sont dégradés pour l'ensemble des ménages. L'institut révèle que seuls 44% d'entre eux se déclaraient capables de mobiliser en urgence une somme de 200 dinars pour couvrir une dépense nécessaire et imprévue. Ce taux baisse à 27% si la somme requise est de 500 dinars et à seulement 15% si le montant atteint les 1000 dinars. L'INS souligne que la troisième partie de l'enquête (qui a déjà été menée) incorpore des questions sur l'appréciation par les ménages des mesures prises lors du confinement ciblé et leur perception de l'évolution future de la crise.