La scène artistique tunisienne a perdu l'un des chorégraphes les plus importants, Néjib Ben Khalfallah décédé, vendredi, à l'âge de 53 ans des suites d'une longue maladie. Le ministère des Affaires Culturelles et le Théâtre National Tunisien (TNT) ont déploré la mort de ce chorégraphe et professeur de danse tout en adressant leurs condoléances à la famille du défunt, à ses amis ainsi qu'à toute la famille artistique. Natif de 1967, Ben Khalfallah avait eu une formation dans le secteur de la danse dans des écoles tunisiennes et françaises. Il avait entamé sa carrière dans la danse contemporaine, vers le milieu des années 80 pour ensuite se distinguer dans des créations chorégraphiques et théâtrales intéressantes. Le défunt avait collaboré dans des projets sous la direction de spécialistes des arts scéniques comme NawalSkandrani, Raja Ben Ammar, Taoufik Jbali et Sihem Belkhoja et bien d'autres. Parmi ses plus importants spectacles chorégraphiques "Fausse couche" (alhakomAttakathor), une œuvre datant de 2017 dont il est le metteur en scène. La première de cette création produite par le Théâtre national tunisien (TNT) avait été donnée le 11 février 2017 à la salle 4ème art à Tunis. "Fausse couche" décline la course effrénée pour le pouvoir et les discordes entre politiciens tout en oubliant les préoccupations réelles et profondes du citoyen. D'une durée de 70 minutes, la pièce se présente en fait comme un miroir de la société en transition, une chronique des espoirs avortés, une course au butin, discorde, fuite en avant et arrivisme ayant pris le pas sur la citoyenneté, l'intérêt commun, l'essor du pays. Cette œuvre qui prône la défense des libertés individuelles et les causes humaines nobles avait pourtant suscité une grande polémique à cause de son titre en langue arabe, "alhakom Attakathor". Le 16 février 2017, la direction du TNT avait reçu une mise au point du Conseil syndical national des imams et cadres des mosquées, affilié à l'Organisation tunisienne du travail l'appelant à retirer l'affiche de la pièce chorégraphique. Selon le texte de cette mise au point, l'affiche comprend dans la version du titre en arabe une partie d'un verset coranique "At-Takathur" considérant que "le Coran sacré est une ligne rouge". A la suite de cette polémique, le metteur en scène avait annoncé que le titre en arabe sera changé en gardant cependant le titre en français "Fausse couche". Le TNT dirigé par Fadhel Jaibi avait alors affiché sa solidarité avec Ben Khalfallah, estimant que cette "œuvre artistique n'a visé d'une aucune manière la question religieuse, ni au niveau du mot ni au celui du jeu d'acteurs". Il dénonçait une campagne qui visait "à faire la mainmise sur la scène culturelle en général". La direction du TNT avait jugé que cette polémique était "une tentative odieuse et planifiée pour faire échouer un projet artistique moderne et progressiste allant à l'encontre d'une pensée réactionnaire qui se cache sous couvert du religieux et du sacré".