p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"S'il avance très lentement dans ses concertations, c'est qu'il ne veut pas commettre les mêmes erreurs qu'Elyès Fakhfakh. A savoir, reproduire la même mosaïque gouvernementale, invivable et un peu trop éparse, à la faveur des clivages idéologiques. Le pouvoir exécutif, on le sait, s'accommode mal des tiraillements partisans. Car, à supposer même qu'Elyès Fakhfakh n'ait pas été rattrapé par cette affaire de conflits d'intérêts (le mot juste serait : suspicion), un jour ou l'autre, le plus tard possible, son gouvernement aurait été dévoyé. Si ce n'était à cause d'un retour de manivelle des ministres du Bloc démocratique (Attayar et le Mouvement Echaâb), ç'aurait été par le biais des ministres islamistes. Le Covid-19 aura en effet masqué toutes les frictions au quotidien entre, particulièrement, Echaâb et Ennahdha. Car ces frictions se sont, par ailleurs, attisées avec le refus des ministres d'Ennahdha de signer le document (le pacte) gouvernemental. Pour autant, il y aurait à craindre que Hichem Méchichi ne se retrouve à donner sa langue au chat et que, face au durcissement de la position d'Ennahdha et à l'inflexibilité du Mouvement Echaâb, il ne doive choisir entre deux maux : gouvernement apolitique, ou gouvernement partisan. Dans le premier cas, les députés lui rendraient la vie dure. Dans le deuxième, son gouvernement en serait réduit à une chambre d'enregistrement des lubies parlementaires. Un énarque que la politique agace.... Pour l'heure, comme déjà analysé par notre journal, Méchichi met en avant les réformes, dont il dit qu'elles sont prêtes et bien ficelées. Les profils, dans sa logique, passent en second plan. Ce n'est, d'ailleurs pas, par hasard qu'il a été particulièrement toute ouïe lors de son entretien avec Habib Essid, comme lui, un pur produit de l'administration. Ceux qui ont côtoyé Méchichi disent de lui qu'il est un homme parfaitement apolitique, que la politique agace, même, et qu'il privilégie la technicité au détriment de l'improvisation. Il serait même orienté à instituer une sorte de division de travail : au Président de la république la politique et, donc, l'indispensable improvisation ; à lui, la gestion technique de l'Etat. Ce qui reviendrait à dire, comme tout un chacun suppose, qu'il ferait plus le premier ministre que le chef du gouvernement. Par l'entremise d'Abdelkrim Harouni, Ennahdha a même jugé « opportun » de lui rappeler qu'il doit s'assumer comme chef du gouvernement. Histoire aussi d'éloigner Kaïs Saïed de la gouvernance de l'Etat, mais est-ce possible avec un Président qui s'apprête à tirer les missiles sur « certaines » parties ! Et, sournoisement, de lui préparer un scénario de sortie à la Habib Essid précisément, s'il venait à ne pas se prêter au harcèlement au quotidien du parti de Montplaisir. Il faut néanmoins rappeler que le contexte change : Habib Essid aura surtout été lâché par Béji Caïd Essebsi sur double instigation du fils et du Cheikh ! On s'imagine pourtant bien que derrière ses apparences de force tranquille, Méchichi doive quand même sentir peser sur lui le poids de Carthage, dès lors que Zouheir Maghzaoui (Mouvement Echaâb) crie sur tous les toits que « ce sera le gouvernement du Président »). Il doit aussi ressentir la force d'interposition d'Ennahdha qui tient au « gouvernement d'unité nationale » et qui a consacré le plus clair de la tenue exceptionnelle de son Conseil de la Choura, le week-end end dernier, à l'examen de cette stratégie. Voilà, en plus, que l'information ébruitée quelque part, quant à une réunion secrète, entre Méchichi et Ghannouchi à la maison d'Habib Kchaou, se vérifie. Mechichi avait bien eu un entretien avec les représentants d'Ennahdha (conduits par Noureddine B'hiri) à Dar Dhiafa. Pourquoi donc tout un mystère autour d'une réunion avec Ghannouchi sur « terrain neutre », mais pas aussi neutre que cela puisque Habib Kchaou est proche des sphères nahdaouies, mais sans en être. On s'imagine bien que le chef d'Ennahdha ait promis tout son soutien à Méchichi, à condition d'attribuer les portefeuilles ministériels selon les quotas partisans, Ennahdha et Qalb Tounès, en primis. Difficile pour Méchichi de pouvoir agir librement au milieu de tant de pression. Le meilleur moyen de renverser un gouvernement.... L'ennui, c'est que Ghannouchi ne propose pas, il impose. De surcroît, il ne digèrera jamais la fronde que lui ont lancée Attayar, Echaâb, la Réforme nationale, le Bloc national et Tahya Tounès, eux surtout, avec cette motion de retrait de confiance. Le PDL de Abir Moussi le dérange, certes, mais il sait qu'il est isolé et que les autres partis précités lui vouent le même ostracisme qu'Ennahdha. Ghannouchi fait même comme Henry Ford, fondateur de la maison du même nom. A l'époque de la Taylorisation et de la standardisation, la maison Ford ne fabriquait que des voitures de couleur noire. Interpellé sur la systématisation de cette couleur, Ford répondit ceci : « Le client a le droit de choisir la couleur qu'il veut, pourvu qu'elle soit noire » ! Par transposition, Rached Ghannouchi dit ceci : « Formez tous les gouvernements que vous voudrez, pourvu qu'il englobe Ennahdha et Qalb Tounès ». Equation à deux variables, mais insoluble. Car, il y a Attayar et, surtout, Echaâb qui ne veulent plus cohabiter avec Ennahdha. Mais il y a, surtout, Kaïs Saïed qui fait de l'ascèse (la loi et la constitution) et du puritanisme son modèle de présidence. Plus que tout, les partis opposés à Ennahdha n'ont pas, pour leur part, digéré que Ghannouchi fût maintenu au Perchoir, et encore plus, à cause, disent-ils, de la « traitrise » des députés de Qalb Tounès. Cela fait que Ghannouchi est doublement redevable au parti de Nabil Karoui. D'abord pour l'avoir propulsé à la présidence de l'ARP, ensuite pour l'y avoir maintenu. Mais, il n'y a pas que ce renvoi de l'ascenseur qui explique ce cinglant bémol de Ghannouchi. Il y a aussi la stratégie à court terme. « Le meilleur moyen de renverser un gouvernement, c'est d'en faire partie », disait en effet Talleyrand. Maintenant, on donne pour escompté que Méchichi n'ignorera pas les partis. Mais, lesquels ? C'est là tout le nœud gordien. Un gouvernement de technocrates ou de politiques indépendants ? C'est-à-dire le seul moyen de dégager le gouvernement des sables mouvants des partis : oui, mais personne ne pariera sur sa longévité. Sinon, il opte pour un savant dosage. Et, par ailleurs, il n'y a pas que du mauvais dans le gouvernement actuel. Quelques membres se sont déjà investis dans les réformes. On prend les meilleurs et on repart. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" Ce qui est, cependant sûr, c'est que le pays ne peut plus attendre. La paix civile et la stabilité sociale en dépendent... En attendant, bien sûr, que Kaïs Saïed ne sorte le grand jeu constitutionnel et institutionnel. Mais ce sera à la rentrée. Entretemps, si les ministres de la Défense et de la Justice jouissent des faveurs de Saïed, celui-ci devrait aussi se fixer quant au choix du prochain ministre des Affaires étrangères. Personne ne s'explique, en effet, le limogeage de Noureddine Erray, ou que la Tunisie n'ait toujours pas d'ambassadeur à Paris ! p class="p1" style="text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro"; text-align: right;"Raouf KHALSI