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Ce n'est pas le moment pour l'Europe et les USA de lâcher la Biélorussie
Publié dans Le Temps le 26 - 08 - 2020

J'étais encore adolescente lorsque ma famille s'est installée aux Etats-Unis en 1994, laissant derrière elle la Biélorussie, qui venait alors d'acquérir son indépendance.
Nous avons quitté la capitale de Minsk alors que le pays se préparait à organiser ses premières élections multipartites. Nos voisins suivaient l'événement avec circonspection; ils se demandaient dans quelle mesure les choses pouvaient évoluer après ces longues années de domination soviétique.
Avec le recul, force est d'admettre que rien n'a vraiment changé. Près d'un quart de siècle plus tard, l'homme qui a remporté ces élections, Alexandre Loukachenko, est toujours à la tête du pays.
Le réveil de la société civile
J'ai suivi l'actualité de ma terre natale de loin. Le pouvoir a su se faire oublier des journalistes: il a donné du travail au peuple et fait barrage au vent du changement, à une époque où les pays de l'ex-URSS –Russie comprise– étaient en proie à l'instabilité politique et au bouleversement économique.
Ce calme plat a eu un coût: la société civile et indépendante a été étouffée avec violence. Les adversaires du régime ont dû se réfugier à l'étranger et les élections truquées ont vite tué dans l'œuf toute velléité d'opposition politique.
Ce statu quo vient d'être balayé. En cette époque de recul généralisé de la démocratie, le peuple de la dictature oubliée d'Europe nous a pris de court: des dizaines voire des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour crier leur colère contre Loukachenko et le trucage de l'élection présidentielle du 9 août.
Ces manifestations de masse ont été réprimées à coups de matraque par la police anti-émeute. Les contestataires arrêtés furent tabassés et malmenés par les forces de sécurité. La télévision publique diffusa ensuite des images de jeunes opposants blessés et terrifiés, qui étaient forcés de dénoncer publiquement les rassemblements auxquels ils venaient de prendre part.
Le soulèvement populaire n'a pourtant pas faibli, dans les métropoles comme dans les villes plus modestes de ce pays de quelque dix millions d'habitant.es.
Des ouvriers ont lancé des grèves en soutien au mouvement, ce qui laisse penser que Loukachenko –lui-même ancien gérant de fermes d'Etat– est en passe de perdre le soutien de la classe ouvrière, base politique qu'il avait cultivée à grand renfort de mesures populistes.
Le week-end du 15 août a vu les plus grandes manifestations à ce jour: plus de 200.000 personnes sont descendues dans les rues de Minsk, ma ville natale. Selon les spécialistes de la région, il s'agirait du plus grand mouvement populaire de l'histoire de la Biélorussie indépendante.
Le peuple biélorusse a parlé. Mais un mouvement pacifique ne peut à lui seul renverser un dictateur qui lutte pour sa propre survie.
La Russie dans l'expectative
Des décennies durant, Loukachenko a réussi à monter la Russie et l'Occident l'un contre l'autre. Pour autant, on aurait tort d'analyser la situation biélorusse au seul prisme de cette rivalité Russie-Occident (qu'il s'agisse de l'Union européenne ou des Etats-Unis).
Les candidat.es de l'opposition, qui ont uni leurs forces contre Loukachenko lors de cette présidentielle, ne sont pas anti-Moscou et s'accommodent des liens étroits qui unissent le pays à la Russie. La Biélorussie n'est pas l'Ukraine.
La Russie en est parfaitement consciente. Après avoir adressé ses félicitations au président biélorusse pour sa victoire dans les urnes, le Kremlin est resté presque entièrement silencieux face aux manifestations, qui sont entièrement couvertes par les médias d'Etat russes.
Loukachenko a passé plusieurs coups de fil à Vladimir Poutinedepuis l'élection –des appels immédiatement mis en avant par la propagande biélorusse. Le président russe lui a promis une assistance militaire pour étouffer la contestation, assure-t-il.
Poutine s'est néanmoins gardé de tout commentaire. Peut-être sait-il que les jours du régime Loukachenko sont comptés; il serait alors malavisé d'insulter l'avenir.


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