p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"LE TEMPS - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"L'opinion publique est secouée par la recrudescence de la criminalité. A l'ère des réseaux sociaux, l'opinion publique exerce une force dont l'Etat ne peut pas faire abstraction. La criminalité est, en effet, en train de connaitre une progression exponentielle. C'est même devenu une équation à plusieurs variables, et d'autant plus inextricable que les criminologues et autres théoriciens du crime s'en retrouvent déboussolés, principalement en ce qui concerne le mobile du crime. Les sociologues, eux, attribuent cela à une société en proie à la névrose. La seule certitude, en dehors de ceux qui sont dans la psychologie des « serial killers » et ceux qui exercent dans l'éventail de la petite criminalité, c'est lorsqu'il s'agit de crimes terroristes. Là, tout est clair, encore qu'on étoffe le tout par l'appartenance à la mouvance « daechienne », sans pouvoir néanmoins remonter la filière jusqu'aux commanditaires internes. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Si la Tunisie réussit pourtant à faire front au cynisme terroriste, les crimes de droit commun ont de plus en plus tendance à traumatiser la société tunisienne. Crime odieux comme celui de la jeune fille Rahma dont le seul tort c'est d'avoir été là, au mauvais moment et au mauvais endroit. La toile s'enflamme. Une marche vers Carthage où son frère est reçu par Nadia Akacha (Cheffe du cabinet présidentiel NB : l'information a été fournie dans l'émission « les quatre vérités » de Hamza Belloumi). Indignation. Compassion. Remise en question du système pénal: le Président s'en émeut, lui aussi. p class="p2" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Le Président p class="p2" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"dans sa cohérence électorale p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Et, du coup, Kaïs Saïed consacre une bonne partie de son discours inaugural de la réunion de sécurité nationale à ce meurtre immonde. Il se prononce ouvertement pour l'exécution de la peine de mort contre l'assassin de Rahma. Il affirme même qu'il n'y aura pas de grâce, ni de suspension d'exécution de la peine pour ce « récidiviste ». Il invoque même le Coran dont les préceptes charaïques sont dictés par la loi du Talion. Plus encore, il invoque ce commandement : « Celui qui tue un être humain sans raison, c'est comme s'il tuait l'humanité toute entière ». p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"En l'occurrence, le Président de la république a été en cohérence avec son discours ayant accompagné sa campagne électorale : il est pour la peine de mort et, cela s'entend, pour l'exécution du verdict. Pourtant, en ce qui concerne la récidive du meurtrier de Rahma, Sofien Mezghiche, porte-parole de la Direction générale des Prisons et de la Rééducation, précise que l'individu en question avait été arrêté en 2013 pour vol et homicide volontaire, mais qu'il a obtenu un non-lieu en juin 2014. Au mois d'aout, près de trois mois après, il était de nouveau incarcéré pour formation de gang et cambriolage. Il a purgé une peine de quatre ans et fut libéré en 2018. Cela fait que c'est un homme normalement fiché et qu'on ne saurait lâcher dans la nature, sans le moindre contrôle administratif. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Le Président précise néanmoins que l'assassin de Rahma aura droit à un procès équitable. Mais il relance la polémique sur la peine de mort. Et il le fait sans détours. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Si l'on sondait aujourd'hui, en boucle, nos concitoyens, ils se déclareraient de l'avis du Président. C'est que nos concitoyens ne se sentent plus en sécurité. C'est que nos forces sécuritaires sont-elles mêmes visées. C'est qu'elles manquent d'effectifs et de logistique. Du reste, les tribunaux sont débordés et les établissements carcéraux le sont davantage. Les chiffres de 2017 (en attendant l'actualisation) avancés par l'ex-ministre de la Justice, Ghazi Jribi parlent d'un surbooking (20 mille détenus dont 9200 récidivistes) et qu'il faille aménager 7200 lits supplémentaires pour faire face au fléau. En tous les cas, le taux de récidive montre que l'administration pénitentiaire n'a pas vraiment les moyens de mener à terme le processus de rééducation. Et il se trouve que l'assassin de Rahma est un récidiviste. Il se trouve aussi que l'amnistie générale décrétée par Fouad Mebazaa, au lendemain de la révolution fut un peu trop massive et un peu trop « humaniste ». p class="p2" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Les relents abolitionnistes p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Il se trouve que les propos de Chef de l'Etat à propos de la peine de mort provoquèrent, à tort ou à raison, une levée de boucliers. La plus virulente parmi ces réactions est venue de Mohsen Marzouk qui s'est fait un devoir de rappeler à Kaïs Saïed que la Tunisie avait, depuis longtemps, signé un moratoire et autres traités internationaux, dans lesquels elle s'engageait à ne plus exécuter les verdicts tenant à la peine de mort. Marzouk a même fait dans l'écart de langage, affirmant qu'il n'y a guère de Président à Carthage. Cela signifie que, d'une façon ou d'une autre, tout est prétexte à l'instrumentalisation politique. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Pour sa part, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme a indiqué dans un communiqué du 28 septembre courant que « la peine de mort ne dissuade pas et ne limite pas la propagation du crime ». Elle estime, dans la foulée, que « la peine de mort est une atteinte au droit à la vie et un meurtre commis au nom du peuple tunisien ». La solution, selon elle, c'est de garantir les droits économiques et sociaux à toutes les catégories du peuple. Toujours dans sa logique, la Ligue appelle à contrer le crime sous toutes ses forces et à renforcer la culture des droits de l'Homme, l'égalité et la liberté...Est-ce suffisant, cependant, pour contrer ce fléau de la criminalité ? p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Car il se trouve que la violence sévit partout. Quelle culture des droits de l'Homme saurait éduquer le bon peuple face aux débordements de la violence auxquels il assiste dans les sphères politiques, dans l'Assemblée et partout où se déploie cet Etat parallèle qui tire toutes les ficelles, entre autres celles de l'illégalité ? p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Quand la Ligue parle d'égalité et de droits sociaux : a-t-elle une idée sur ceux qui n'en profitent pas ? La marginalisation, le chômage, la précarité mènent à toutes les dérives criminelles, en effet. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Il est vrai que la Tunisie n'a exécuté que 135 condamnations à mort, depuis l'indépendance. 129 des temps de Bourguiba et six dès temps de Ben Ali. La dernière remonte en effet à 1991, pour conjurer la psychose alimentée par ce serial killer que fut « Assaffah ». Mais, de tout temps, les sentences suprêmes sont prononcées par les tribunaux, mais non exécutées. Elles sont implicitement commuées en perpétuité. Cela reste quand même une situation équivoque. D'une part, la loi. De l'autre ce moratoire et la ratification des traités internationaux qui exigent encore plus, comme signalé dans la lettre envoyée à Amnesty international à Béji Caid Essebsi (2017), demandant que la peine elle-même soit rayée du Code pénal, alors-même que la loi anti-terroriste venait de décréter la sentence suprême pour les cas d'espèce. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Maintenant, le Président a dit son mot. D'aucuns ont dit que c'était sous l'effet de l'émotion. Mais il se retrouve face aux abolitionnistes. Finalement, c'est même surréaliste. p class="p3" style="text-align: right; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" p class="p4" style="text-align: right; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"R.K.