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Ce que l'œil ne voit pas
Publié dans Le Temps le 10 - 12 - 2020

Réalisée durant le confinement une installation de Sofia Guerfal et Helmi Bouterra présente un portrait de famille tout en symboles et paradoxes. Une œuvre qui interpelle notre histoire collective et notre regard.
Comment investir son regard dans le "Portrait de famille au temps du confinement" de Sofia Guerfal et Helmi Bouterra ? La question se pose de prime abord car les deux artistes (qui sont époux) montrent peu de choses et cultivent les paradoxes.
Une débauche de signes
L'installation est contenue dans un cadre noir assez large qui lui-même comprend une dizaine de cadres plus petits. L'œuvre suggère ainsi un piège qui s'est refermé ou à tout le moins un espace clos, verrouillé, étanche. Dans les cadres qui sont sous nos yeux, des fragments, des bribes et des morceaux épars, occupent l'espace. On peut y voir des photos, des dessins d'enfants, des collages, un petit bateau en papier, une bavette et un cadenas des plus symboliques. À notre de déceler derrière l'hétéroclite ce que l'œil ne voit pas. Car ce que présentent les deux artistes n'est pas autre chose qu'un puzzle, un rébus énigmatique qui mêle sens et aberrations dans une remarquable économie de signes.
Explicitant leur démarche, Sofia Guerfal et Helmi Bouterra avouent chercher une articulation entre leurs pratiques artistiques. Dans cette convergence, ils espèrent décrypter l'histoire du regard, la façon dont l'œil se pose sur les choses et les perçoit.
Il y a un ferment résolument moderne dans la démarche de ce couple d'artistes qui a créé un portrait de famille hors du commun, empruntant à la mémoire collective et utilisant une variété de techniques. Le hasard a voulu que le couple soit séparé durant le confinement. Dès lors, cette œuvre iconoclaste devient le portrait d'une absence et d'une proximité virtuelle. L'œuvre ébranle les distances et comble la séparation. Elle engage aussi les enfants du couple qui participent pleinement à ce projet partiellement réalisé à distance.
Comme pris au piège, les auteurs créent une installation qui met en avant les figures du cadre fermé et des boîtes. Chaque objet présenté contribue à une œuvre d'art ouverte qui s'adresse à tous ceux qui ont vécu ce type de situation. C'est leur vision de la situation pesante que nous avons traversée que les artistes déploient à travers une débauche de signes et les espaces vides qui les séparent et peuvent être assimilés à des distances infranchissables.
Trois clés de lecture
Les clés de lecture sont triples. Elles se trouvent d'abord dans notre propre regard invité non seulement à décoder ce qu'il voit mais aussi s'y plonger comme dans une forêt de symboles. En second lieu, le dédale qui est figuré par les artistes peut être décrypté en se référant à leur propre pratique. Ainsi, Sofia Guerfal a une prédilection pour aller débusquer la dimension cachée des choses. Cette plasticienne explore de manière poïetique les potentialités créatives. De même, Helmi Bouteraa a pour ressort de travail, une approche sémiologique de la matière plastique dans l'espace profilmique. Venu de la sculpture, il s'est peu à peu tourné vers le cinéma.
C'est la conjonction de ces deux approches qui fonde le "Portrait de famille" qui nous est présenté et nous place dans une situation créative inédite et fusionnelle. D'ailleurs, la troisième clé de lecture le confirme amplement en images. Discrètement placé à l'arrière de l'installation, un écran vidéo déroule un film de quelques minutes qui est à la fois un making-of de l'installation et un cryptogramme pour mieux la comprendre afin de s'y plonger plus profondément. Dans ce film, un homme monte dans son grenier dans un cliquetis de clés et de serrures. Entourée de figurines qui peuplent les murs, il s'installe dans ce bureau, plutôt ce rêvoir aux allures d'atelier onirique. Avec des membres de la famille, il crée des dessins, des collages, d'autres objets. Soudain, un téléphone sonne et interrompt la rêverie. C'est la fin du film qui laisse le regard suspendu: étaient-ils tous là?
Le personnage rêvait-il ? Que signifient ces voix lointaines qui résonnent ?
Une œuvre-labyrinthe
Dans un jeu de miroirs et une mise en abyme, la clé véritable s'avère le vaste cadre aux dix portraits métaphoriques et sans visage. La boucle est ainsi bouclée dans un cercle virtuel qui à son tour, se referme. Œuvre-labyrinthe cette installation de Sofia Guerfal et Helmi Bouterra est à la fois mystérieuse et volontairement invisible. Elle se dérobe à notre regard pour mieux nous regarder. Elle donne peu à voir et tout à décrypter. Elle est l'essence d'une démarche qui implique l'œil dans ce qu'il ne peut voir. Insaisissable, cette œuvre est une énigme pétrifiée mais mouvante. La découvrir est l'un des temps forts de l'exposition Culture Solidaire qui jusqu'au 20 décembre, rassemble à la station d'art de Bhar Lazreg, une quinzaine d'œuvres contemporaines tout aussi étranges et foisonnantes.
H.B


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