p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"On s'est tellement lassés des communiqués soporifiques de la Présidence que, parfois, quelques détails échappent à l'attention des observateurs. Il se trouve, en effet, que le vendredi 11 décembre dernier le Président Kaïs Saïed recevait le Chef du gouvernement Hichem Méchichi. En dehors des généralités de toujours portant sur «la situation générale dans le pays», on débusque deux phrases laconiques. La première tenant aux liens de coopération entre la Tunisie et la France. La deuxième tenant à la migration irrégulière et qui consiste, selon les commandements du Président à « remédier aux causes et non pas à traiter les conséquences ». En fait, comme toujours, Kaïs Saïed s'est entendu parler. Cette réunion, presqu'à la veille du départ de Méchichi en France, avait donc les connotations de la ligne à suivre par le Chef du gouvernement à Paris, selon la vision du Président. Or, c'est là la confusion. Quand on parle de causes, celles-ci ne sauraient être qu'endogènes. Les Français et les Italiens pourraient aimablement rétorquer en ces termes : « c'est vos oignons ». Ce concept, du reste logique mais vaste et imprécis, Kaïs Saïed l'a encore réitéré en recevant, hier, le ministre portugais des Affaires étrangères et dont le pays s'apprête à assumer la présidence de l'Union Européenne au premier semestre de l'année 2022. Très mauvais moment Lorsque le journal « Mondafrique » titre « Une visite pour rien du Chef du gouvernement tunisien », il est normal qu'ici, à Tunis, on se défausse sur Hichem Méchichi, du reste très peu formé pour les subtilités diplomatiques. On a même parlé de « convocation », plutôt que de visite officielle, la première de Hichem Méchichi depuis qu'il est à la Kasbah. Notre journal a par ailleurs traité et analysé le côté inélégant de nos amis français, dérogeant à la bienveillance diplomatique : pas de voitures à la disposition de sa délégation, pas de réservations à l'hôtel. De tout temps, cependant, on a toujours su qu'une visite officielle, de surcroît en France, ça se prépare. Il tient à notre ambassade à Paris (qui dépend du Président !) de se démener, d'y préparer le terrain, de nouer des contacts, de sensibiliser les médias tout autant que la diaspora tunisienne en France. Rien de tout cela n'a été fait. Rien n'a été fait, non plus du côté de la Kasbah où la communication est réduite à la portion congrue, de peur peut-être de chahuter la « sacro-sainte » communication présidentielle. Il ne s'agit pas de trouver des justifications à Méchichi. Mais il faut bien admettre qu'en l'état de décrépitude que vit la Tunisie explique cette attitude ostensible des officiels français. Dans son édition d'avant-hier, le tout influent journal Le Monde enfonce même le clou avec cette formule assassine : « Techniquement, la Tunisie est quasiment en faillite ». Il énumère même les chiffres de cette faillite : récession de 9% ; Chômage qui grimpe à hauteur de 16% ; déficit budgétaire de 13,4% ; Endettement public à hauteur de 90% du PIB.... Croyions-nous naïvement que la France, notre premier partenaire dans l'absolu, n'était pas au fait de cette descente aux enfers ? Et cela fait que, lorsque Méchichi parle d'opportunités d'investissements français en Tunisie, là il se goure un peu, si ce n'est qu'il paraît, soit inconscient du délitement du climat des affaires, soit qu'il fasse dans la langue de bois, taisant la déferlante des grabuges sociaux. Et même lorsqu'il parle de nouveau Code des investissements (qui aurait été peaufiné), cela ne représente guère un argument persuasif. En tous les cas, les fondamentaux pour une relance de partenariat avec la France, pas plus d'ailleurs qu'avec les autres pays de l'espace européen, ne sont pas assurés. Parce qu'en fait, nos partenaires, ne croient plus en nous. Et, dix ans après, ils en arrivent à la conclusion déjà récurrente chez nous : à savoir que la révolution et la démocratie ont été trahies ! Cet obséquieux dérapage verbal Que Méchichi assimile la migration irrégulière au terrorisme dans son interview à France 24, en langue française, cela constitue assurément un dérapage verbal, une formule à tout le moins obséquieuse destinée à apporter de l'eau au moulin français. Et quand bien même il aurait été apostrophé par l'interviewer qui l'appelait indirectement à relativiser, Hichem Méchichi aurait tout simplement insisté et persisté, rappelant du reste la vocation droit-de-l'hommiste de la France. Le tout respectable Forum tunisien des Droits économiques et sociaux ne croit pas à la thèse du lapsus jugeant que c'était intentionnel. Le Bloc démocrate, lui, le somme de présenter des excuses aux Tunisiens et, même, de démissionner. Et, alors, lapsus ou geste intentionnel ? Méchichi pouvait faire l'économie de ce verbiage stérile et qui ne chatouille même plus la sensibilité française. S'il l'a quand même fait, c'est pour rappeler que les opérations de rapatriement des immigrés illégaux soupçonnés de terrorisme, doivent se faire dans un cadre légal et selon les conventions internationales et les règles mises en place par l'ONU. Cela tient encore, par ailleurs, à ces fameux laisser-passer sur lesquels insistent la France et l'Italie et que le gouvernement voit d'un mauvais œil, parce qu'ils ouvriraient grand les portes à des expulsions massives. Il ne faut pas non plus oublier que pas moins d'un million de Tunisiens, entre ceux qui sont en règle et ceux qui ne le sont pas, vivent en France. Et que la France ne parle pas de nos cerveaux... Méchichi l'a fait. Pour lui, c'est une « richesse ». Oui, mais pas pour nous ! Du reste, quand on parle de terrorisme, l'Occident -dont la France- n'en sont pas étrangers. Les Daéchiens, il n'y a pas que la Tunisie qui les ait exportés. Cela, Méchichi ne pouvait pas le dire. Mais quelque part, ce voyage est tombé au mauvais moment. La France vit encore sur le drame de Nice. Et, sur le plan politique, Macron s'apprête à se lancer dans une campagne pour un second mandat : jouer sur l'immigration et sur le séparatisme islamiste viderait de toute sa substance la campagne de Marine Lepen. Du coup, le Chef du gouvernement s'est retrouvé confronté au dur apprentissage des « Raisons d'Etat ». Maintenant, nous sommes édifiés sur celles de la France. Nous voudrions néanmoins comprendre où se situent les nôtres. Et attendre, surtout, que le Président daigne pour une fois nous expliquer ce qu'il entend par « remédier aux causes et pas (seulement ?) traiter les conséquences ». S'il entend, par là, donner du travail aux jeunes désespérés, eh bien qu'il nous dise comment. Et, surtout, qu'il est toujours dans sa bulle. Et cette bulle est hantée par le syndrome conspirationniste dont il a encore gargarisé, hier, Noureddine Taboubi, pourtant venu l'inviter pour la énième fois à présider un dialogue national pour le sauvetage du pays. Par ricochet Hichem Méchichi, qui veut que ce dialogue ne sorte pas des sphères gouvernementales, eh bien il continuera à tourner en rond dans cette inextricable complexité institutionnelle. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"