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Chronique d'un amour fou !
Publié dans Le Temps le 28 - 12 - 2020

p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Slaheddine Ben Mbarek p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"C'est l'histoire d'un couple qui a vécu la plus belle histoire d'amour. Ils se sont mariés par la volonté de deux familles soucieuses d'assurer mutuellement à leurs enfants de vivre dans le confort loin des turpitudes du temps. Le mariage a propulsé le couple au zénith du bonheur pour vivre une véritable ivresse conjugale. De beaux enfants sont arrivés pour égayer le foyer et le remplir de Vie. Mais le fil du bonheur est très fragile et, un jour il s'est brisé, bouleversant l'ordre des choses. Ahlème l'épouse, cloitrée dans son monde désenchanté se prépare pour sortir. Ses yeux déteints retrouvent un peu de leur éclat. Elle se presse pour ne pas rater son rendez-vous avec l'homme qu'elle a toujours aimé, son mari, au cimetière de la ville...
Ahlème nous couvre avec son regard chaleureux. Elle nous gratifie d'un léger sourire comme pour nous montrer sa joie de nous recevoir. Grande, élégante et soignée, elle nous invite à prendre place dans son salon propre. Le moment est empreint d'une douce émotion. Après un instant de silence, elle démarre son histoire avec une voix faible qui sort du fond de son cœur.
Elle n'avait que 16 ans lorsque ses parents venaient de lui annoncer leur accord pour convoler en juste noce avec un homme de bonne famille. Elle n'eut pas de réaction particulière. A l'époque les filles ne dépassaient pas l'âge de 20 ans pour se marier. Ce fut un mariage traditionnel et elle ne connaissait pas son futur mari. Mais les grandes familles se connaissaient entre elles et savaient l'intérêt de leurs enfants plus que les intéressés eux-mêmes. Le mariage fut vite préparé et la jeune mariée découvre, non sans curiosité, son époux pour la première fois. Ahlème était belle et fraîche comme le jour. Sa taille élancée, ses yeux clairs et sa chevelure lourde dépassait sa taille, elle était la fleur de la cérémonie, le centre d'intérêt de tous les convives. Son regard croisa celui de son fiancé et le mince rideau de la crainte et de la timidité avait soudain disparu. Ahlème sentit une douce sensation pénétrer dans son cœur. Elle n'avait jamais connu l'amour, à 16 ans elle aimait encore jouer avec ses poupées Elle était impressionnée par cette cérémonie de mariage où les convives n'avaient d'yeux que pour elle. Elle ne comprenait pas encore qu'elle allait appartenir à un homme qui remplacera ses parents. Elle se rappela des fois où elle accompagnait sa maman aux mariages. Elle était admirée par les mères invitées qui aimeraient bien l'avoir comme belle fille. Elle se concentra comme une élève pour lire dans les beaux yeux clairs de son futur époux le message brulant qui fit vibrer le cœur de sa jeune femme. Le mariage dura une semaine et toutes les fois que le couple se rencontrait il y avait comme une suprême évidence qu'ils s'aimaient depuis longtemps.
Durant la nuit de noce, ils s'étaient retrouvés, loin du tumulte de la fête, seuls dans une belle chambre qui s'ouvre sur un jardin bien entretenu. Quand son mari se rapprocha d'elle, Ahlème marqua une légère hésitation. Instinct inamissible d'une femme qui sentait le désir lui monter au corps. Elle n'a jamais connu de garçons dans sa vie. Elle était issue d'une lignée de famille conservatrice qui savait inculquer aux jeunes générations les principes de la vie et les valeurs morales. Quand son mari déposa un baiser sur son épaule, elle avait frémis jusqu'aux os. Il s'était approché encore d'elle et sentit que le feu animait déjà tout le visage de la jeune femme. Ahlème eut brusquement conscience qu'elle ne rêvait plus. Les mains tremblantes elle invita son mari à effectuer un voyage au 7ème ciel.
De ce mariage naquirent quatre enfants deux filles et deux garçons. Une vie tranquille et heureuses, un couple épanouis et des enfants aussi. La vie coule comme une rivière calme et tranquille. Et passe, passe le temps.....Et la rivière de la vie coule toujours rafraichissant chaque matin le bonheur de la famille. De formation financière, le mari a toujours travaillé dans une institution et côtoyé les grosses pointures du monde des affaires. Sa femme intégra aussi un établissement financier. Son intelligence et sa compétence firent qu'elle soit estimée de ses patrons jusqu'au jour où elle monta en grade pour assister et accompagner les décideurs de l'établissement. Sa prestance, sa discrétion et son professionnalisme firent d'elle un élément essentiel pour faciliter le travail à telle enseigne que ses patrons s'attachaient à elle jusqu'à leur départ à la retraite ou appelé à d'autres fonctions. Une femme complète qui savait si bien s'occuper de son travail, de son foyer, de son mari et des ses enfants...
Ahlème cessa de parler, ses beaux yeux semblent chercher quelque chose. Ses souvenirs trébuchèrent sur le cours du temps avec lequel elle devenait une alliées sure. Un léger sourire s'amorçait enfin sur son visage. Elle revenait avec sa douceur habituelle à son mari. Un homme qui la nourrissait chaque jour de son amour, et de cette force tranquille qui lui avait donnée tant d'énergie. Elle se rappelait qu'il lui faisait toujours d'extraordinaires cadeaux. Allant de bouquets de fleurs, aux bijoux et voitures... jusqu'au jour où il vint la chercher du travail « pour une affaire urgente ». En fait c'était pour la signature d'un contrat d'achat d'une superbe villa dans un espace verdoyant de la banlieue de Tunis... Un nouveau nid d'amour pour un éternel amour. Dans la nouvelle maison leur passion devenait de plus en plus folle. Un havre de vie, un havre de paix où le couple vit une pleine sérénité. Il est vrai qu'Ahlème faisait depuis longtemps sa prière mais elle ne s'en offusqua guère lorsque son mari prenait de temps en temps à la maison ou avec ses amis, un verre. Elle voyait les choses comme cela, telle qu'elle a été éduquée dans le respect de l'autre, sans fard ni hypocrisie.
Souvent Ahlème, à côté de son mari, accompagnait Om Kalthoum dans ses belles chansons, c'est alors que le mari baissait le son de la radio pour écouter la voix de son épouse. Elle avait en effet une voix suave et chaude digne des plus grands artistes... Une histoire de prince et de princesse... Mais qui ne finit pas comme dans les contes des fées...
Ce fut au cours d'un hiver où la nuit arrivait vite pour dévorer le jour quand le mari d'Ahlem accompagné de son fils prenait sa voiture pour rentrer à Tunis après avoir effectué une visite chez ses parents dans une ville côtière au Cap Bon. C'était un 30 janvier. Il faisait terriblement froid. Il lui téléphona pour lui dire qu'il s'apprêtait à prendre le volant et qu'il était impatient d'être auprès d'elle dans la chaleur de son foyer devant un bon diner et de se blottir contre elle pour oublier ce froid. Il lui disait qu'il était allé voir une cousine qu'il avait perdue de vue depuis longtemps. Il lui faisait la surprise en lui passant la cousine au téléphone. Cette dernière lui exprima son bonheur de voir son mari qui l'avait trouvé particulièrement beau ce jour là.
La voiture prenait son chemin vers Tunis. Une musique légère mettait de la joie à l'intérieur de la voiture où régnait une chaleur réconfortante. Le père jeta un petit regard protecteur en direction de son fils et lui adressa un sourire complice. Brusquement il voyait arriver en face de lui un gros camion qui avait mal négocié un dépassement avec un autre camion. Le père n'avait même pas réalisé ce que lui arrivait lorsque le monstre d'acier s'abat sur lui et le heurta dans un fracas assourdissant. Le geste ultime du père fut destiné à son fils lorsqu'il avait tendu le bras pour le protéger. Et la nuit happa violemment tout son esprit. Dehors le froid, imperturbable, campait sur le silence coupé de temps à autre par le frémissement d'un vent dans une complainte triste et macabre.
Quelques heures après, la nouvelle arriva à Ahlème tragique et terrible. Son mari rendit l'âme après être entré dans un coma sévère. Le fils en réanimation luttait jours et nuits contre la mort. Ahlème pensa d'abord qu'elle avait vécu un cauchemar, mais la réalité était, là palpable et tragique. Elle n'eut jamais cru qu'elle allait survivre après la mort son mari. Elle arrachait tous les jours cette force surprenante pour ne pas sombrer dans le vide et résister avec persévérance et ténacité à l'échéance. Elle ne dormait plus, ne se nourrissait plus. Elle est souffrance, elle est une blessure qui ne se refermera jamais. Elle avait besoin de vivre pour ces enfants qui seront désormais le creuset de ses souvenirs et les espérances passionnées de sa vie.
Peu à peu le fils sortit du coma au grand bonheur de la mère. Il demanda des nouvelles de son père, mais la mère supplia tout le monde de ne rien dire. Ce n'est qu'une semaine après qu'on lui annonça le décès de son père.
Des mois et des mois, Ahlème connut de façon permanente cette détresse profonde, cette sensation d'éparpillement, de vide, de non intérêt, d'extrême fatigue, de noir et de flou. Elle voulait se réfugier dans le travail mais l'ombre de son mari la poursuivait tous les jours. A chaque anniversaire elle se cloitrait dans sa chambre pour vivre les souvenirs heureux du temps où son mari lui donnait la joie de vivre. Mais souvent il était là, elle parlait même avec lui, risquait un rire fort qui faisait sortir la maison de sa tristesse. Elle repoussa délicatement toute demande de mariage. Sa vie était tout près de son mari même s'il n'existait plus. Même ses propres enfants qui sont des adultes aujourd'hui l'incitèrent souvent à refaire sa vie. Mais en vain, elle a tenu à poursuivre seule l'œuvre de son mari pour avoir des enfants intelligents, aussi compétents et brillants que leur père qui excellent à l'école et aussi à la fac. Aujourd'hui, Ils occupent des postes importants et ils font la fierté de la famille.
Ahlème semblait sortir de sa torpeur. Son visage calme s'éclaira un instant. Il y avait en elle quelque chose de mystérieux, une étrange beauté qui n'a pas apparemment souffert des affres du temps. Elle enchaine son histoire avec toujours cette sérénité inexplicable étonnante et désarmante.
Ahlème savait que quelque chose était mort en elle. Mais elle était sûre que son amour était intact et que ses enfants étaient là comme un don de Dieu. Il fallait accepter le destin et faire le deuil terrible d'un homme qui tardait de mourir dans le cœur de sa femme. Car Ahlème ne cessa jamais de l'aimer. C'est ainsi que tous les vendredis elle se rendait au cimetière pour « le voir », parler avec lui, raconter tout ce qu'elle avait fait. Un rendez-vous dont elle avait pris l'engagement solennel d'y être et croire encore que l'amour sera un jour son hymne à la vie même si la mort frappe souvent par traitrise.
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