Les véritables contours du dialogue national ne se sont pas, encore, précisés et personnes n'est édifié, jusqu'à maintenant, sur le nombre des participants, les parties et les partis qui y seront représentés, ni sur la manière de son déroulement. Entretemps, chacun y met du sien, afin que ce dialogue capote, avec des conditions qui sont loin de répondre au besoin de trouver des solutions viables, pour le pays. Tout le monde veut faire illusion, mais, ce dialogue n'est qu'un autre échec programmé Tout le monde s'interroge, déjà, sur la nécessité d'un dialogue national où certains participants ne veulent pas que la situation soit rétablie et que des solu- tions soient trouvés à la crise persistante dans laquelle plonge le pays, chaque jour, un peu plus. Le dialogue va se dérouler, dans des conditions autres que celle du premier dialogue, initié par le quartet couronnée par le Prix Nobel de la paix qui n'a écarté aucun parti, ni groupe influent, afin de sauver le pays, et cela n'avait été qu'un sursis, pour le pays, avec certaines parties qui en avaient profité pour affuter mieux leurs armes, afin d'assoir leur pouvoir et leur diktat. Avons-nous, vraiment, actuellement, d'un dialogue qui va ressembler à un rassemblement de foule, surtout avec la condition du président de la République de faire participer les jeunes, sans fixer les contours de cette participation, ni la représentativité de ces jeunes ou leur appartenance. Et, même, les éclaircissements de Sami Tahri n'ont pas permis de voir un peu plus clair. Présence des jeunes : comment ? Le porte-parole de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Samir Tahri a indiqué, dimanche, que le mécanisme de participation des jeunes au dialogue national qui sera lancé prochainement se décidera en fonction de leur représentation dans les organisations et partis qui prennent part au dialogue. Les réactions des partis politiques sont favorables dans leur majorité au dialogue national, a ajouté Samir Tahri, faisant valoir que ce dialogue concerne les partis et les organisations nationales sauf ceux qui s'excluent par eux-mêmes. Le président de la République avait appelé à la participation des jeunes au dialogue national proposé par l'UGTT dans le cadre d'une initiative visant à sauver le pays de la crise économique et sociale qu'il traverse. Dans une déclaration précédente, le porte-parole de l'UGTT avait estimé que faire participer les jeunes au dialogue national qui se tiendra sous l'égide de la présidence de la République est important. Le but du dialogue, selon lui, est d'instaurer la démocratie sociale et de réaliser les aspirations du peuple en termes d'emploi, de dignité et de justice sociale. L'UGTT avait présenté, depuis décembre dernier, son initiative au président de la République pour un dialogue afin de "sauver le pays de la crise politique, économique et sociale qu'il traverse". L'initiative proposée par l'organisation ouvrière consiste en la mise en place d'un comité de sages composé de personnalités nationales indépendantes qui se chargeront de superviser le dialogue devant conduire à des réformes politiques, économiques et sociales. Blocage à tous les niveaux Les premiers signes révèlent que ce dialogue sera stérile, surtout dans les conditions dans lesquelles il va se dérouler, surtout que la crise est, en premier lieu, politique et on doit arriver, de prime abord, à la résoudre à ce niveau, avec plus de clarté sur les objectifs. Ceux du président de la République, K a ï s S a ï e d , d u p r é s i d e n t d e l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), l'islamiste Rached Ghannouchi, qui cache, toujours son jeu, et à qui s'est rallié le chef du gouvernement, Hichem Méchichi, n'augurent rien de bon, si on décortique ce qui se passe, sur la scène politique, avec tout le blocage qui s'en est suivi. On est face à un gouvernement boiteux, avec trois ministres évincés, pour des causes différentes, sans carte de route ou de ligne directrice ni de programme clair, pour ses orientations. La menace plane sur les autres ministres, avec une odeur d'une volonté de mainmise du mouvement islamiste Ennahdha et ses alliés, et les menaces d'un blocage par Kaïs Saïed des choix qui vont être opérés. Entretemps, même la loi de finances approuvée fait l'objet de multiples critiques et semble ne pas répondre aux besoins du moment. Un dialogue national qui veut réussir doit, d'abord, régler les différends entre les trois têtes du pouvoir qui sont aux antipodes, l'un de l'autre. Leurs desseins sont, plutôt, politiques et ils ont peu d'intérêt, pour ce qui se passe dans le pays. Leur guerre est celle d'une recherche d'hégémonie politique, loin de servir à résoudre la crise économique et sociale qui est la seule préoccupation du citoyen. Navigation à vue Dans ce magma, Hichem Méchichi navigue à vue, sans moyens réels. Il n'y qu'à voir ce qui se passe à El Kamour à qui le chef du gouvernement a promis monts et merveilles, il y a plus d'un mois, mais où les sit-ineurs n'ont rien venu venir, depuis. Le seul résultat, vraiment, concret est que « l'accord » conclu a attisé le feu de la contestation et de la révolte, dans toutes les autres régions déshéritées... avec une crainte véritable d'un embrasement général. Rien ne peut être fait, si les chefs de l'exécutif et du législatif continuent à se tirer dans les pattes. Saïd et Ghannouchi sont d'accord pour écarter le Parti destourien libre (PDL) et Abir Moussi, alors qu'on parle de réconciliation nationale, après la Révolution qui a, déjà dix ans. Pourtant, les rangs de ce parti ne cessent de gonfler et il est donné gagnant, si des élections législatives se déroulent, maintenant. Cela n'est pas le cas pour ce qui est de la Coalition Al Karama, cheville ouvrière pour les basses besognes d'Ennahdha qui est rejetée par le président de la République. Concernant le parti Qalb Tounès, il faut attendre pour voir, surtout que le mouvement islam- iste peut le lâcher et que la mise sous les verrous de son président, Nabil Karoui, peut changer la donne. D'ailleurs, en acceptant de s'allier avec Ennahdha, ce parti n'a pas cessé d'être boudé par certains de ses députés, et il semble que, selon les dernières informations, que pas moins de sept députés de son bloc vont quitter la barque. Ainsi, tout penche vers la nécessité de régler, d'abord, les différends, entre ces trois têtes du pouvoir qui doivent accorder leurs violons, afin de répondre aux attentes de tout un peuple. Mais, cela ne semble pas être le cas, tout le monde continuera à prêcher dans le désert. F.S