L'espace El Teatro abritera dans les prochains jours et en présence du public, la 1ère édition du Festival des Premières Chorégraphiques qui mettra en lumière les pièces inédites de jeunes chorégraphes tunisiens. Peut –on encore parler d'aussi louable initiative en temps de pandémie, couvre-feu et autres protocoles sanitaires ? Sélim Ben Safia, chorégraphe et directeur artistique d'Al Badil- Alternative Culturelle, nous en donne tous les détails dans cet entretien. Le Temps : parlez-nous du festival des premières chorégraphiques qui se veut solidaire avec les artistes et acteurs culturels; son but et son opportunité en ces temps de pandémie ? Sélim Ben Safia : le festival des premières chorégraphiques est né d'une volonté de permettre aux artistes chorégraphes de retrouver le chemin de la scène, et de présenter leurs créations en cours. En ces temps de Covid, il n'y a pas eu en Tunisie un festival dédié à la danse depuis plus d'un an. Il m'a paru nécessaire de mettre en place un temps fort dédié à la création chorégraphique tunisienne. J'ai alors contacté des artistes qui ont bénéficié de l'aide à la production d'œuvre chorégraphique de la part du ministère de la Culture, et je leur ai proposé de nous associer pour mettre en place ce festival. Le festival des premières chorégraphiques est donc à mon initiative mais co- construit avec les artistes de la programmation. *Qui sont les partenaires tunisiens et internationaux avec lesquels le festival essaye de collaborer pour favoriser la visibilité des artistes tunisiens ? -Notre partenaire tunisien principal est l'espace El Teatro, qui met à notre disposition son théâtre. Nous comptons également sur le soutien des professionnels du secteur de la danse qui assisteront aux premières chorégraphiques en vue d'une programmation future, tel que le festival des journées chorégraphiques de Carthage ou encore, le Théâtre El Hamra avec qui nous collaborons régulièrement. A l'international, nous avons noué des partenariats avec des structures reconnues telles que : « La danse sur les routes du Quebec » à Montreal, le « Théâtre Francine Vasse » à Nantes ou encore, « L'institut du Monde Arabe à Paris ». Nous avons organisé une table ronde avec les programmateurs québécois afin de donner de la visibilité aux artistes tunisiens. *Financièrement parlant, comment compteriez-vous y arriver pour monter un tel événement en temps de crise ? -Financièrement, ce festival n'est malheureusement soutenu par aucune Institution. C'est la volonté des artistes et du public qui fait vivre cette première édition. L'ensemble des chorégraphes se sont cotisés pour louer les équipements nécessaires aux spectacles. Nous avons créé également, une campagne de financement participatif via la plateforme tunisienne Cha9a9a. Cette campagne de financement nous permet de récolter des fonds de personnes physiques qui souhaitent soutenir les chorégraphes tunisiens. L'ensemble des fonds récoltés seront reversés aux artistes pour leur garantir des conditions de travail optimal. *Pour la diffusion internationale, comment allez-vous procéder pour faire « voyager » les œuvres ? -En ces temps de crise sanitaire, voyager est de plus en plus difficile. Grâce à nos partenaires internationaux, nous allons faire voyager les œuvres artistiques virtuellement. L'ensemble des spectacles présentés lors du festival des premières chorégraphiques sera filmé et diffusé sur notre site internet, mais également, sur les sites internet de festivals internationaux comme le festival « Rideau » à Montréal. *Qui va participer à cette première édition du festival ? -Pour cette première édition, nous avons invité 8 chorégraphes : 4 pièces solos et 4 pièces collectives. Les chorégraphes sont : Hichem Chebli, Hamdi Trabelsi, Wafa Thebti, Mad Pop, Oumaima Manai, Wael Marghni, Omar Abbes et Oumaima Bahri. L'ensemble de ces 8 chorégraphes font partie intégrante de la direction du festival des premières chorégraphiques. Sans leur engagement, le festival ne pourrait pas voir le jour. *Quels sont les prochains projets ? -De mon côté, je continue à consolider mon soutien aux acteurs du secteur culturel à travers l'association Al Badil. Nous lancerons dans les prochaines semaines, un appel à candidature pour accompagner des jeunes porteurs de projets culturels dans la structuration de leurs activités. Pour les artistes et le public, courant mars, nous lancerons la 10ème édition du festival « Hors Lits Tunisie » qui cette fois prendra place dans les Gouvernorats de Gafsa, Kasserine, Kairouan, Le Kef et Ben Arous. Enfin, j'ai initié les premières recherches de ma prochaine création chorégraphique « El Boutinière » qui devrait voir le jour courant 2022. Propos recueillis par : S.B.Z