Keita absent pendant 3 semaines ?    Jeunes nés entre 2000 et 2005 : la 4e session de recrutement commence le 1er décembre !    Le Musée paléo-chrétien de Carthage sera rouvert en décembre 2025    Enseignants de base : grève nationale en janvier 2026    L'UBCI, partenaire du global AI Congress Africa 2025 : un engagement stratégique pour l'intelligence artificielle    Gemini 3 Pro : L'IA de Google plus forte que GPT-5 et qui fait peur à la concurrence    « Dattes tunisiennes à prix imbattables : rendez-vous sur l'avenue Habib Bourguiba ! »    Haykel Abidi : un Tunisien parmi les experts du World Cheese Awards    Concours tunisien des produits du terroir : lancement de la 5ème édition    Météo en Tunisie : températures maximales comprises entre 15 et 21 degrés    Ras Angela : quatre constructions illégales démolies    Aslen Ben Rejeb : La culture d'entreprise, le vrai moteur caché des PME tunisiennes    La médina au temps des pachas beys de Mohamed El Aziz Ben Achour: Entre demeures et monuments    Alerte Technique : Cloudflare frappé par un ''pic de trafic inhabituel''    Arbitrage Chaudron: Un Corps Français aux Commandes du Tunisie-Brésil    Le SNJT organise un mouvement national dans toute la Tunisie pour défendre la liberté et la dignité des journalistes    Justice : Non-lieu en faveur de l'ancien ministre de l'Economie, Samir Saïed    B7L9 accueille "Fi Dar Khalti" : une exposition immersive de Fredj Moussa à Bhar Lazreg    Les Happy Days de nouvelair: 30 % de réduction vers l'Allemagne et la Suisse    La lecture du Pr Slim Laghmani de la résolution du conseil de sécurité relative au plan Trump pour Gaza    FIFA Pass ouvre les portes des Etats-Unis aux fans du Mondial 2026    Le docteur Mohamed Jemaà, lauréat du Prix de Recherche sur le Cancer King Hussein, édition 2025    Météo en Tunisie : temps nuageux, pluies éparses    Les JCC 2025 dévoilent les films tunisiens en compétition et son affiche haute en couleurs    49 certificats falsifiés : Tunisair appliquera la loi    Institut Salah Azaiez : une intervention chirurgicale exceptionnelle permet à une fillette de 5 ans de respirer,    Ooredoo Tunisie relance son initiative nationale de reforestation    La protection des enfants contre la violence dans le cyberespace : conférence de l'ATNU le 19 novembre 2025    Tunisiens en France : êtes-vous concernés par la fin de la gratuité des soins ?    Hafida Ben Rejeb Latta : Une force kairouannaise (Album photos    Ridha Bergaoui: Des noix, pour votre plaisir et votre santé    La Tunisie accueille les nouveaux ambassadeurs du Soudan, du Danemark et du Canada    Match Tunisie vs Jordanie : où regarder le match amical préparatif à la CAN 2025 du 14 novembre?    Hafedh Chekir: Accroissement naturel de la population en Tunisie    Jamila Boulakbèche et Isra Ben Taïeb remportent 2 médailles d'or aux Jeux de la Solidarité islamique 2025    Match Tunisie vs Mauritanie : où regarder le match amical préparatif à la CAN Maroc 2025 du 12 novembre?    Drones en Tunisie : des mesures pour encadrer leur usage    Hafida Ben Rejeb Latta ce vendredi à Al Kitab Mutuelleville pour présenter son livre « Une fille de Kairouan »    Quand Mohamed Salah Mzali encourageait Aly Ben Ayed    Amina Srarfi : Fadl Shaker absent des festivals tunisiens    Tunisie : Le budget de la Culture progresse de 8 % en 2026    Qui est le nouvel ambassadeur de Palestine en Tunisie, Rami Farouk Qaddoumi    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    Elyes Ghariani: Comment la résolution sur le Sahara occidental peut débloquer l'avenir de la région    Congrès mondial de la JCI : la Poste Tunisienne émet un timbre poste à l'occasion    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    Ligue 1 – 11e Journée – EST-CAB (2-0) : L'Espérance domine et gagne    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le monde fluide de Olga Tokarczuk
Publié dans Le Temps le 02 - 03 - 2021

Prix Nobel de littérature en 2018, Olga Tokarczuk a été au centre d'une rencontre avec son œuvre, organisée par l'ambassade de Pologne en Tunisie. Une auteure fondamentale pour la modernité littéraire.
C'était l'année dernière, dans le monde d'avant la pandémie, que cette rencontre autour de l'œuvre de Olga Tokarczuk devait avoir lieu. Inscrite dans le cadre d'un triptyque consacré à l'Europe centrale, cette rencontre était prévue pour être la deuxième d'un cycle incluant Peter Handke (Autriche) et Vaclav Havel (République tchèque). Ce cycle de débats faisait suite à une première initiative accueillie en 2019 par la Bibliothèque nationale.
Une année plus tard, la rencontre aura finalement eu lieu à la station d'art de Bhar Lazreg, avec le soutien de l'ambassade de Pologne en Tunisie. Ce gros plan sur la Nobel polonaise aura permis de mieux cerner l'œuvre de cette écrivaine et aussi écouter des extraits de ses écrits, lus à haute voix en polonais, français et arabe.
Le magnétisme de Wojciech Skrobisz
Animant cette rencontre qui a rassemblé le public culturel et la communauté polonaise de Tunisie, Wojciech Skrobisz a permis de mieux entrevoir la profondeur de l'œuvre de Tokarczuk tout en mettant beaucoup de tonus dans les extraits qu'il a choisi de lire. Responsable du service culturel de l'ambassade polonaise, Skrobisz, excellent lecteur à haute voix, très magnétique, a également mis en exergue les oeuvres principales de Tokarczuk, notamment "Les Livres de Jakob" ou "Anna dans les tombeaux du monde".
Psychologue de formation, lectrice de Carl Gustav Jung et William Blake, Tokarczuk est aujourd'hui triplement engagée : dans la défense de la planète, la promotion de la langue polonaise et le travail littéraire. Née en 1962, récipiendaire du Nobel littéraire en 2018, cette écrivaine est celle de tous les nomadismes et toutes les fluidités. À vrai dire, le temps est la matrice essentielle dans l'oeuvre de Tokarczuk qui présente souvent des êtres aux prises avec leur propre liberté. Cette auteure aime projeter son lecteur dans des lieux et aussi des non-lieux de tous les nomadismes contemporains.
Si d'une part, elle recrée le voyage littéraire, elle est aussi un porte-voix pour les routards, les post-hippies, les désespérés ou les gens en rupture de ban. L'univers romanesque de Tokarczuk est fait de fragments, d'aphorismes ou de récits qui s'emboîtent dans des flux où se croisent mappemondes et applications informatiques. Ce monde complexe est fuyant, parfois insensé ou figé dans des visions d'autres temps.
La fluidité déboussolée des nomades modernes
Un extrait de l'un de ses meilleurs romans, "Les Pérégrins", paru en 2010, donne le ton de cette fluidité déboussolée. On peut lire à propos d'un des narrateurs :
"Quand je suis en voyage, je disparais des cartes. Personne ne sait où je suis. Suis-je à mon point de départ ou déjà sur le lieu de ma destination ? Est-ce qu'il existe un entre-deux ? Suis-je comme ces heures du jour escamotée lorsque l'avion va vers l'ouest ? Ou comme la nuit qui fuit quand l'avion vole vers l'ouest ? Est-ce que je veille à la même loi que celle dont aime se prévaloir la physique quantique, à savoir qu'une particule peut exister dans deux endroits en même temps ? Ou peut-être à une autre loi encore ignorée, donc non étayée par des preuves faisant qu'on peut doublement ne pas exister en un seul et même lieu ? Je pense qu'il y a beaucoup de personnes comme moi, des personnes disparues, absentes, qui apparaissent subitement dans les terminaux des aéroports, dans les zones d'arrivées et qui ne commencent à exister qu'une fois leur passeport du monde tamponné par les employés de la police des frontières, ou bien quand une aimable réceptionniste d'un hôtel leur a remis les clés de la chambre.
Sans doute ces gens-là se sont-ils déjà rendus compte que leur être était instable et fortement soumis aux lieux, aux heures de la journée, à la ville, à son climat et à la langue du pays, la mobilité, la variabilité, le caractère illusoire de ce qu'il entreprend ? Voilà ce qui caractérise l'homme civilisé. Je pense aussi que le monde se trouve à l'intérieur de nous-mêmes, nichés dans les circonvolutions du cerveau, il est cette petite boule coincée dans la gorge. A vrai dire, il suffirait de tout sauter et de le recracher ».
Equilibres instables et ailleurs fantasmés
Comme on peut aisément le constater, cet extrait est des plus significatifs quant à la démarche de l'auteure, toujours en équilibre instable ou à la recherche d'ailleurs fantasmés. La littérature de Tokarczuk procède de cet élan et les extraits qui ont été lus lors de la rencontre du 27 février, ont balisé la voie pour sa compréhension.
Entre Jack Kerouak et Isabelle Eberhardt, le monde de Tokarczuk est celui des vagabonds sublimes et des cheminots qui errent le long des routes et des imaginaires. Cette rencontre culturelle ouvre de belles perspectives sur son oeuvre et remet la littérature au cœur du débat. Où en sommes-nous par rapport aux tendances actuelles? Comment se porte le mouvement de la traduction vers la langue arabe ? Quels sont nos débats littéraires actuels ? Un ensemble de questions qui ont été agitées par les participants au débat qui, pour certains, découvraient Olga Tokarczuk.
H.B


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.