* L'administration tunisienne a plutôt besoin qu'on lui dise « ce qu'il ne faut pas faire... » Marquant, en quelque sorte, le démarrage de la Consultation nationale sur la modernisation de la fonction publique, ordonnée par le Chef de l'Etat, en novembre dernier, à l'occasion de la célébration du 20ème anniversaire du Changement du 7 novembre 1987, un séminaire tuniso - européen de deux jours sur la modernisation de l'administration et des services publics en général, s'est ouvert, hier, à Gammarth, avec la participation d'une vingtaine d'experts européens, de délégués de certains pays arabes et de nombreux responsables et cadres de l'administration et de la fonction publique , en Tunisie. Organisée par le premier ministère et des partenaires européens, dans le cadre de l'Initiative européenne dite ''Initiative sur la bonne gouvernance à l'appui au développement dans les pays arabes'' (GfD), lancée en 2005, par l'Organisation de coopération et de développement économique en Europe (OCDE), cette rencontre, intitulée ''approches comparatives sur la modernisation du secteur public'', doit permettre à la partie tunisienne, en particulier, de s'inspirer d'un large éventail d'expériences européennes en la matière, pour mener à bien les réformes qu'elle projette d'appliquer, durant la période du 11ème plan de développement économique et social (2007 // 2011), pour moderniser l'administration et les services publics en Tunisie, et les adapter aux exigences du nouveau contexte national et international.
Une administration efficiente, ouverte et de proximité A l'ouverture des travaux, M. Zouhaier Modhaffer, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la fonction publique et du développement administratif, a émis l'espoir que les hôtes européens invités à animer la réunion prendront soin de ''dire à la Tunisie ce qu'il faut faire pour moderniser son service public, mais aussi et surtout ce qu'il ne faut pas faire.'', car, comme il l'a affirmé ''il n'y a pas de modèles parfaits, ni de solutions miraculeuses.'' L'objectif visé par la Tunisie , ainsi que par tous les autres pays du monde, dans ce domaine éminemment stratégique, à l'heure de la libéralisation et de la mondialisation généralisées, est de mettre en place une administration plus performante, mieux transparente, productive, et répondant parfaitement aux attentes des usagers qu'ils soient de simples citoyens ou des opérateurs économiques, pour des prestations administratives de qualité, à tous les points de vue. En somme, suivant les termes du ministre, ' 'une administration efficace, ouverte et de proximité.'' Or, selon tous les intervenants à la séance d'ouverture, l'adaptation de l'administration et de la fonction publique et leur élévation au niveau de ces nouvelles exigences passent, aujourd'hui, par la rationalisation de la gestion des ressources humaines employées par la fonction publique. Il ne s'agit pas de limiter le rôle de l'administration publique et de l'Etat, à travers la privatisation des services, mais d'améliorer et de renforcer le rendement de l'administration publique, grâce à l'amélioration de la productivité et des performances de ses ressources humaines, notamment en Tunisie où l'administration, autant que le Capital humain ont été, sont et demeureront les principaux facteurs de développement. Ainsi, d'après les études présentées, ''grâce aux réformes engagées par les pays européens, ces vingt dernières années, dans ce domaine, les administrations publiques européennes se sont efforcées de devenir plus efficientes, plus transparentes et orientées vers l'usager, cependant, chose surprenante, ces changements n'ont pas réduit l'influence de l'Etat dans la société, bien plus, la présence de l'Etat dans les pays de l'OCDE est différente, mais plus grande qu'il y a 20 ans.''
Les moyens d'adaptation sont nombreux La question est de savoir comment rationaliser la gestion des fonctionnaires de l'Etat et des agents publics, pour adapter l'administration publique aux exigences complexes de la nouvelle étape, car aux préoccupations d'ordre budgétaire qui ont décidé et décident, encore, la réforme administrative, l'impulsion du changement vient, aussi, de l'évolution sociale, économique et technologique. Les aspirations et exigences des citoyens ne cessent de croître tandis que le public attend plus d'ouverture, une meilleure qualité de service, mais sans rien perdre de ses droits actuels aux prestations sociales. L'Etat tunisien est le plus grand employeur du pays avec 430 mille fonctionnaires et agents, outre les fonctionnaires et agents employés par les entreprises publiques au nombre de 35. Aussi, comme l'a dit le ministre, la réforme de la fonction publique, en Tunisie, et son adaptation à l'évolution politique, économique, sociale et technologique, nécessitent la concertation et le dialogue avec les parties concernées, dont les syndicats, de sorte que la Consultation nationale décidée, à cet effet, soit de nature à offrir le cadre idoine pour ce grand débat public. D'ores et déjà, certaines orientations ont été avancées et essayées, comme la flexibilité et la mobilité, ou encore le ciblage des recrutements et la rémunération liée aux performances. En Tunisie, 70% des agents recrutés durant les 7 dernières années sont des diplômés de l'enseignement supérieur. Un programme de réforme administrative appliqué, dernièrement, au Maroc, a permis d'alléger l'administration marocaine de quelque 40 mille agents sortis volontairement, moyennant des encouragements et des incitations pour exercer, autrement, et ailleurs, leurs talents. En Tunisie, également, des mesures ont été prises pour encourager l'essaimage et le détachement des cadres administratifs et même des chercheurs employés par la fonction publique. La rémunération liée aux performances dans l'administration publique consiste à remplacer le système traditionnel d'augmentation automatique de la rémunération en fonction de l'ancienneté par un dispositif récompensant les bonnes performances. Les solutions d'amélioration existent et sont nombreuses mais il faut savoir choisir celles qui conviennent le mieux à la situation.