Soucieuse de renforcer sa participation directe au développement de la culture nationale et de la recherche scientifique en Tunisie, l'institution des Archives Nationales a organisé, hier, à son siège au boulevard du 9 avril, à Tunis, dans le cadre de la célébration de la journée nationale des archives (le 26 février ), un Colloque sur la contribution du réformateur et homme d'Etat tunisien Kheireddine Pacha à la modernisation de l'administration tunisienne, dans la deuxième moitié du 19ème siècle. Comme l'a indiqué Mme Saloua Labbène, Directrice générale des Archives Nationales, cette manifestation inaugure tout un programme d'actions arrêté par cette institution pour devenir un établissement culturel et scientifique et assumer un rôle plus direct dans la promotion de la culture nationale et de la recherche scientifique, dans le pays, parallèlement à ses tâches administratives relatives à la production, à la gestion et à la conservation des documents et des archives à caractère public, et leur mise à la disposition des chercheurs et de tous les intéressés.
Initiatives tous azimuts Outre ce colloque, des conventions de partenariat ont été signées, par la même occasion, avec des Centres nationaux de recherche scientifique, axés sur les sciences historiques et sociales dont l'Institut national de l'histoire du mouvement national et le Centre des études sur le Maghreb arabe. Au même moment, l'institution des Archives Nationales qui a déjà publié le premier numéro d'une Revue spécialisée, œuvre à créer une Unité de recherche, en son sein, et compte multiplier l'organisation des colloques et séminaires scientifiques, afin de mieux s'ouvrir à l'environnement et consolider les liens de coopération avec le milieu scientifique et le grand public des cultivés. L'Institution dispose, en outre, depuis 2004, d'un site WEB très fourni, à la mesure de sa mission et de l'importance qu'elle accorde aux documents. Le succès enregistré par ce premier colloque, à travers l'importance et la qualité des participants, est de nature à galvaniser les énergies en vue de concrétiser cet ambitieux et exaltant programme. Des conférenciers de haut niveau sont venus animer la rencontre par des communications très instructives, enrichies par des interventions tout aussi pertinentes et enrichissantes de la part de l'assistance. En effet, les actes de ces Colloques seront publiés et mis à la disposition des intéressés, avec des cahiers sur les archives nationales que l'institution projette de réaliser pour mieux faire connaître son fonds et faciliter son utilisation. Au nombre des conférenciers signalons M.Hédi Jallab, chef d'inspection des Archives Nationales qui a fait une communication sur l'œuvre réformatrice de Kheireddine Pacha, en Tunisie, après sa nomination au poste de Premier ministre de Tunisie, sous le règne de Sadok Bey, de 1873 à 1877, et M.Mohamed Larbi Snoussi qui a fait une communication sur la politique extérieure suivie par Kheireddine Pacha, durant la période où il assuma les fonctions de Premier ministre du Sultan ottoman, Abdelhamid II, à Istanbul, et ce pendant huit mois entre 1878 et 1879, après sa destitution de son poste en Tunisie. A cet égard, l'un de ses contemporains et proches collaborateurs de l'époque, le Cheikh Mohamed Snoussi, rapporte, dans sa relation de voyage en Orient, que Kheireddine Pacha lui avait confié, au cours d'une rencontre à Istanbul, qu'il avait accepté d'être Premier ministre du Sultan Abdelhamid II pour montrer au régent Sadok Bey, que contrairement à ce qu'il prétendait, ceux qu'il destituait, pouvaient se relever et monter plus haut. Car, que ce soit à Tunis ou à Istanbul, le terrain sur lequel avait travaillé Kheireddine Pacha était miné de l'intérieur et de l'extérieur. Aussi, comme l'a noté M.Hédi Jellab, en accédant au pouvoir et au plut haut centre de décision, Kheireddine Pacha modéra, considérablement, ses prétentions à une réforme politique générale des pays musulmans dont la Tunisie, telles qu'il les avait formulées dans son livre « les meilleures voies pour gouverner les Etats » et se contenta de réformes ponctuelles à caractère administratif, économique et éducatif dont la modernisation de l'appareil administratif et judiciaire, et la création du lycée Sadiki, en Tunisie. A ce propos, le Conférencier a qualifié la création du lycée Sadiki de réalisation historique parce qu'elle a consacré et marqué, selon lui, la séparation de l'école et de la mosquée et celle de l'enseignement et de la religion. Aussi, le lycée Sadiki a contribué à former l'élite tunisienne qui a pris en charge la libération du pays du joug du colonialisme dont Kheireddine éprouva directement les velléités, durant toute sa carrière politique et qu'il ne manqua pas de combattre, malgré son triomphe planétaire, selon sa vision et les moyens dont il disposait.