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Attention : ce n'est pas « le miracle américain » !
A la loupe : Diplômés du Supérieur et création d'entreprise
Publié dans Le Temps le 04 - 03 - 2008

La création d'entreprise est l'épicentre de « l'initiative économique ». Un passage obligé certes. Mais un passage pas suffisamment balisé et qui ne donne pas encore une bonne visibilité.
L'entreprise peut être un pourvoyeur intarissable d'emplois. Encore faut-il qu'elle soit lancée sur des bases solides. Aujourd'hui, toute une panoplie de mesures est mise à la disposition des diplômés du Supérieur et toutes tendant à encourager la création d'entreprise. Ayant un goût prononcé pour l'aventure, confiants en leurs capacités de s'engager dans le monde des affaires avec succès, assez souvent, très pressés même, ces jeunes promoteurs se heurtent assez souvent à une amère réalité. Mauvaise gestion, imprévoyance, défectuosités dans les mouvements de trésorerie ou rapide ralentissement de l'activité : les difficultés surgissent et bloquent l'évolution de l'entreprise. On a dès lors du mal à saisir l'ampleur des dégâts. Mais l'on se rend compte, à son corps défendant et après coup, que, pour qu'une entreprise puisse se frayer un chemin dans un marché concurrentiel, il fallait avoir une « précision chirurgicale » dans la gestion. Ajoutez à cela une mauvaise évaluation ou plutôt, une étude approximative du marché. L'entreprise périclite. Et ces jeunes, pourtant si volontaires et si confiants en eux-mêmes, se retrouvent dans l'implacable logique de l'échec, dans un environnement « culturel » impitoyable. Car si en Amérique, par exemple, on accorde toujours une, deux, trois (et plus) chances à qui veut se redresser, chez nous, le « verdict » est définitif.
Et c'est dans ce sens que la loi du 17 avril 1995, relative au redressement des sociétés en difficultés économiques, vise trois points essentiels.
1. l'aide fournie à l'entreprise pour que celle-ci maintienne son activité.
2. la préservation des portes d'emploi.
3. le remboursement des dettes.

Genèse
La notion de difficulté économique s'applique aux entreprises qui ont perdu tous leurs fonds propres, sinon aux entreprises ayant enregistré des pertes qui dépassent le trois quart de leurs fonds propres sur un délai de trois années consécutives et à condition qu'il n'y ait pas de possibilité de redressement.
En outre, toute entreprise faisant preuve d'incapacité de remboursement de ses dettes peut bénéficier du règlement judiciaire.
La difficulté économique est donc perçue avant tout comme étant la déperdition de l'entreprise.
Une entreprise en difficulté économique n'arrive pas à honorer ses engagements financiers envers la banque, envers ses clients et ses fournisseurs. En phase de ralentissement voire de cessation d'activité, les dettes s'accumulent, les échéances sont reportées et « re-reportées » dans l'espoir d'une régulation ne serait-ce que ponctuelle de la situation financière, mais en vain. Les difficultés économiques c'est aussi tout acte constaté et menaçant la continuité de l'activité de l'entreprise. En opérant dans un domaine où la concurrence s'annonce accentuée, où l'activité est déjà produite, les nouvelles entreprises se trouvent dans une position fragile. Effectivement, la taille de ces unités économiques, généralement petite, joue en faveur des concurrents, qui sont plutôt des « véhicules tout terrain ». Alors, tant bien que mal, les petites et moyennes entreprises essaient de s'affirmer sur le marché et de limiter les dégâts.

Les freins
La nature des activités exercées par ces entreprises est elle-même mise en cause. La formation des entrepreneurs fait défaut. La mauvaise gestion et le non respect de l'éthique du métier font légion. Autant de causes de difficultés économiques, mais d'autres facteurs sont autrement déterminants.
En voici les plus capitales et les plus fréquentes :
- Le manque d'auto-financement. En effet, un jeune promoteur, fraîchement diplômé, peut péniblement fournir des fonds propres et de quoi se faire une carapace solide contre les mauvais coups du marché. Il se lance, alors dans la création de sa propre entreprise, pas vraiment conscients de ce qu'il peut rencontrer comme contraintes financières. Incapable, souvent, de maîtriser les outils financiers et d'apprivoiser les intempéries du marché.
- La commercialisation de la production. En dépit d'une concurrence rude, des commerces parallèles, ou encore, d'autres éléments extérieurs exercent une influence négative sur les entreprises exportatrices et celle de tourisme.
- L'insuffisance des compétences humaines professionnelles. En l'occurrence les dirigeants. En fait, certains s'improvisent entrepreneurs et dirigeants, tandis que de compétence, ils n'en ont pas assez. C'est aussi l'absence d'une prise de conscience importante des enjeux de l'entreprenariat. Etre au fait des implications qu'induit la fonction de chef d'entreprise, est un préalable incontournable.
- L'absence des investissements supplémentaires pour la modernisation des équipements et de l'appareil productif pour que le produit soit conforme aux normes standards. Elle est probablement due au démarrage problématique de l'activité de l'entreprise. Comment ? Quand une entreprise est lancée, dans bien des cas, il lui faut des années de travail pour trouver sa place sur le marché. Or, avec le temps, les équipements peuvent devenir obsolètes et dépassés surtout pour les produits de haute technologie. L'entreprise se trouve ainsi devancée par des concurrents plus compétitifs et dont la production est plus actuelle.
Les études préalables et préliminaires au projet de création d'entreprise ne sont pas suffisantes, ce qui se répercute sur l'engagement d'investissements complémentaires sur le court terme.

Des mesures et des organismes...
Face à cette dégradation d'une bonne partie des entreprises nouvellement crées, il fallait à tout prix stopper l'hémorragie. Ainsi des dispositions juridiques ont-elles été mises en œuvre pour pallier les multiples difficultés économiques. À cet effet, la loi fiscale a été appliquée en tant qu'outil de redressement et d'aide pour ces entreprises.
L'application a trait aux avantages fiscaux accordés aux institutions financières en vue de les inciter à abandonner une partie des dettes des entreprises en difficulté.
Egalement, un communiqué publié par le Premier ministère à travers lequel, un Comité National a été mis en place, dans le but de trouver une solution conventionnelle entre les chefs d'entreprise et les banques, et ce, en vue de revoir l'échancier des crédits, l'augmentation du capital ainsi que l'octroi de nouveaux crédits.
Par ailleurs, d'autres instruments de redressement sont de rigueur, tous instaurés sur une base juridique. Il s'agit principalement de la Commission de Suivi des Entreprises Economiques (CSEE), qui prend acte des difficultés économiques et infléchit leur règlement. Il est de même question de règlement à l'amiable, toujours assuré par la CSEE. Faute de quoi, le passage à l'étape du règlement judiciaire devient obligatoire.
Ces mesures de redressement demeurent additionnelles. Car, par ailleurs, on occulte pas la nécessaire évolution et même, le renouveau des entreprise.
Au même titre, des organes d'assistance ont été crées dans le but de limiter les entraves au bon fonctionnement des entreprises, tels que le Bureau de l'Assistance aux Entreprises. Les missions du BAE sont diverses et incluent plusieurs actions de redressement. Il s'agit principalement du Conseil et l'Orientation des Promoteurs et des Responsables des entreprises, sa mission : l'étude et le diagnostic de la situation économique et financière des entreprises ; et l'intervention auprès des administrations et des services concernés.
Un grand point d'interrogation, cependant : pourquoi s'attaque-t-on aux conséquences et ne remonte-t-on pas aux causes ?
À qui la faute ? Les jeunes promoteurs, qui se lancent en pleine fougue dans le monde des affaires sans assurer leurs arrières ? Les pouvoirs publiques feigneraient de faire usage des méthodes optimales et rationnelles pour diriger et orienter dans le sens correct ces jeunes entrepreneurs ? Les banques et toutes institutions financières qui ouvrent grande la porte des crédits, pour ensuite frapper avec leur épée de Damoclès.
Tous responsables en fait. Bon nombre de jeunes entrepreneurs se retrouvent aujourd'hui au pied du mur, et en chômage, peut être chronique. Difficile de remettre sur pied une société qui s'est emportée dans une spirale de dettes sans issue. La santé financière des entreprises est le trait essentiel de son image de marque auprès de ses clients et de ses fournisseurs. Dans le cas contraire, les relations commerciales se désintégreront et le cercle vicieux des difficultés économiques s'établira.
Les solutions apportées par les différentes dispositions juridiques sont-elles réellement fiables ? Arriverons-nous à éliminer peu à peu les difficultés économiques sur le parcours de toute nouvelle entreprise ? Nous pensons qu'il est plus sécurisant et plus sain de remonter à la source du problème.

Les paradoxes
Lorsqu'un futur jeune promoteur se présente à la BFMPE (Banque de Financement des Moyenne et Petites Entreprises), et demande le financement de son projet de création d'entreprise, il lui est demandé de fournir 35% de fonds propres. Cela paraît logique et juste que de bénéficier d'un crédit égal à 65% de la valeur totale du projet. Encore faut-il que le projet soit accepté par le comité, chargé d'approuver les projets qui lui sont proposés. A ce niveau, le bénéficiaire potentiel du crédit doit se plier à une longue liste de conditions et de garanties indispensables. Toutefois, et c'est là, une bonne partie des obstacles posées par les banques, les garanties sont difficilement accessibles. D'ailleurs, comment de jeunes diplômés, venant de quitter les bancs de l'université, peuvent-ils être en possession de garanties, qui plus est, sont externes aux composantes du projet.
Les autorités de tutelle ont voulu dévier ces entraves par le biais des institutions telles que la BFPME et la BTS (Banque Tunisienne de Solidarité). Ces dernières s'adonneraient à réduire au maximum les exigences financières. Moins de garanties, un taux d'intérêt très réduit, et des facilités de paiement plus souples : constituent autant d'incitations attractives.
Néanmoins, quand on jette un œil sur les tableaux de statistiques fournis par la BFPME, on est déçu. Choisissons un secteur d'activité, l'agriculture par exemple :
Sur 110 demandes de financement de projet, seulement 19 ont été approuvés, et aucun n'a été engagé.
Prenons un autre secteur : l'agro-alimentaire. 370 demandes de projets, 128 approuvés et rien que 32 projets ont été engagé.
Ces chiffres ne sont qu'un exemple représentatif de la réalité du secteur, alors il est si facile de deviner le dessin au complet. Et les récits plaintifs des propriétaires de projet sont la preuve qui appui ce dessin.
On assiste là à un paradoxe flagrant : d'un côté, l'Etat s'active à simplifier les procédures et réduire à néant les entraves financières aux jeunes promoteurs. D'un autre côté, les organismes publics d'ordre financier exigent des garanties draconiennes et découragent beaucoup de promoteurs de projets.
Pourquoi encourager les jeunes à prendre l'initiative privée à travers la création d'entreprise, à sortir de la situation de chômage, et à promouvoir l'emploi, lorsque la concrétisation des projets est aussi labyrinthique ?


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