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16 - Lionel Dumont : le globe-trotter de la guerre sainte
Notre feuilleton: Le jihad des convertis
Publié dans Le Temps le 29 - 01 - 2007

Ancien armurier dans l'armée française au cours de son service militaire à Djibouti et ancien tireur d'élite dans le contingent français en Somalie, Lionel Dumont a combattu, après sa conversion à l'islam, aux côtés des moudjahidines en Bosnie, avant de se recycler dans le grand banditisme.
Il fait partie de ces dizaines de convertis à l'islam qui ont succombé aux sirènes du jihad international. Américains, australiens, jamaïcains, français, allemands, belges... Nés de parents chrétiens, juifs ou athées... Fraîchement convertis à l'islam le plus rigoriste par des imams extrémistes, ils ont gagné les camps d'entraînement de Bosnie et d'Afghanistan, où ils ont acquis une solide formation militaire, avant de devenir des «petits soldats du jihad» contre l'Occident mécréant. Certains sont morts dans les montagnes de Tora Bora ou en Irak. D'autres ont été arrêtés dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, jugés et écroués. Leurs parcours, qui se ressemblent en plusieurs points, peuvent être résumés en deux formules: quête désespérée de soi et folie destructrice.
Le 5 décembre 2005, Lionel Dumont arrive à la Cour d'assises du Nord, à Douai (France) escorté de motards et de deux voitures de police remplies d'hommes en armes. A la barre, il s'est déclaré «sans profession et sans domicile fixe». Accusé de «tentative de meurtre sur agents de la force publique, vols avec armes, tentative de destruction de biens par explosifs et association de malfaiteurs», l'inculpé avait participé à huit actions armées du fameux «gang de Roubaix», en France, entre janvier et mars 1996, dont l'objectif était de récolter de l'argent pour la cause islamiste.
Au procès des survivants du gang, en octobre 2001, Dumont avait déjà été condamné par contumace à la prison à perpétuité et trois de ses complices à des peines allant de 18 à 28 ans d'emprisonnement. L'accusation accréditait alors la thèse d'une «entreprise criminelle» dans laquelle l'islam n'était qu'un «alibi culturel». Les policiers français étaient, quant à eux, convaincus de l'appartenance de Dumont et de ses complices à une cellule terroriste. Arrêté à Munich (Allemagne), en décembre 2003, ce dernier a été extradé vers la France, en mai 2004, mettant ainsi un terme à une cavale des plus rocambolesques, entre la Bosnie et l'Asie.
En 1996, Dumont dirige un groupe d'une dizaine d'hommes originaires de la région de Roubaix, qui s'est illustré dans une demi-douzaine de braquages à main armée contre des supermarchés, des banques et des fourgons de transport de fonds, tuant un automobiliste et blessant grièvement trois policiers et un convoyeur. Equipés de fusils mitrailleurs, de grenades et d'un lance-roquettes, ils tirent à bout portant sur tout ce qu'ils trouvent sur leur passage.

«Un jeune homme sensible, idéaliste, rêveur et ne supportant pas l'injustice»
Le 29 mars 1996, un attentat à la voiture piégée a lieu à proximité du commissariat de Lille où se tient le G7 fait long feu. Le lendemain, les policiers du Raid donnent l'assaut contre la maison de Roubaix où le groupe s'est réfugié. Plutôt que de se rendre, quatre périront carbonisés et deux seront grièvement blessés. Absents lors de l'opération, les autres membres de la bande prennent la fuite. Christophe Caze, considéré comme le chef, est tué le 29 mars dans une fusillade avec des gendarmes belges. Tous les membres du gang avaient un parcours clairement politique. En 1994 et 1995, la plupart d'entre eux avaient combattu les Serbes en Bosnie, dans les rangs des moudjahidines appelés «soldats de l'islam».
Né en 1971, dans une famille catholique modeste de Tourcoing, Lionel Dumont est le cadet de huit enfants. Sa grande sœur, Marie-Dominique Deman, le décrit comme «un jeune homme sensible, idéaliste, rêveur et ne supportant pas l'injustice».
Après son baccalauréat, Dumont entame des études d'histoire qu'il arrête au bout d'un an. Il fait son service militaire à Djibouti durant lequel il se porte volontaire pour une mission humanitaire en Somalie. Il en revient révolté contre l'Occident et commence à fréquenter la mosquée fondamentaliste Daawa à Roubaix. Converti à l'islam en 1993, Lionel devient Bilal ou Abou Hamza. Chauffeur routier pour l'ONG Aide directe en Croatie, qui sert de paravent à une organisation islamiste radicale, ''Takfir Wal-Hijra'' («Expiation et Exil»), il rejoint, en 1994, le bataillon des moudjahidines arabes dirigé à Zenica (Bosnie) par l'émir algérien Abou el-Maali. Après les accords de Dayton (Etats-Unis) en 1995, qui partagèrent la Bosnie-Herzégovine en deux entités, le gouvernement bosniaque demande aux «volontaires étrangers» du bataillon des moudjahidines de quitter le pays, pour laisser la place aux militaires américains, canadiens et européens. Dumont «a eu le sentiment d'être trahi par les politiciens», explique son avocat, maître Thierry Lévy. «Il est devenu un soldat perdu».

Sept ans de cavale
Après sa fuite en 1996, c'est encore en Bosnie qu'il trouve refuge. Evoquant son engagement militaire aux côtés des volontaires musulmans lors de la guerre en Bosnie contre les Serbes, en 1994 et 1995, Dumont a raconté à la barre : «C'était David contre Goliath. Quand nous, étrangers, nous sommes arrivés, on a été accueillis à bras ouverts, comme des messies. Pour moi, cette guerre était une guerre humanitaire.» Parlant ensuite des combats qu'il a livrés, il a ajouté : «C'était comme le pays, c'était rustique. Ça finissait au combat d'homme à homme, c'était un peu comme en 1914-1918. (...) Il y avait des tranchées et on s'arrosait d'insultes et de balles. Quand venait le moment de prendre la montagne adverse, il n'y avait pas de bombardements, c'était à l'ancienne.»
Arrêté en 1997, pour une attaque à main armée, et condamné à vingt ans de réclusion en Bosnie, il s'évade de la prison de Sarajevo en mai 1999, à la veille de la date prévue pour sa remise à la France. Il gagne l'Asie, où il renoue avec la mouvance islamiste côtoyée lors de la guerre de Bosnie, et séjourne ensuite en Malaisie et en Indonésie où il sera aidé par la Jamaa Islamiya, organisation terroriste impliquée dans les attentats de Bali qui firent 202 morts en 2002.
Dumont se rend ensuite au Japon. De juillet 2002 à septembre 2003, il s'installe à Nigata avec sa seconde épouse, une Allemande d'origine portugaise. Il multiplie les allers-retours entre Singapour, la Malaisie et la Thaïlande, rencontre Djamel Hamouni, responsable d'une entreprise d'import-export de voitures, lequel est en contact avec Zouhier Choulah, un vétéran bosniaque et membre du groupe de l'islamiste du GIA algérien, Fatah Kamel, qui dirigeait depuis le Canada une structure logistique de djihadistes.
Dumont sera finalement arrêté sur un parking d'hôtel à Munich, en septembre 2003. Une enquête, confiée au juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, avait été ouverte en France pour éclaircir la longue cavale de Dumont, durant laquelle le prévenu vécut sous une dizaine d'identités.

«J'ai envie de me réconcilier avec une vie paisible»
Dans sa cellule allemande, Dumont lit régulièrement le Coran. Et prend des cours d'allemand et de philosophie. Agé de 34 ans, les yeux bleus, cheveux châtains, visage glabre, «c'est toujours Lionel», affirment ses sœurs qui ne le jugent pas. Selon le journaliste français Jean Hatzfeld, grand reporter au quotidien ''Libération'', qui a rencontré Dumont en Bosnie, «Lionel avait besoin d'un engagement (...) En d'autres temps, il aurait pu être anarchiste, maoïste ou trotskiste. L'islam n'a été que conjoncturel dans son itinéraire».
Le 16 décembre 2005, après quatre heures de délibérations, Dumont a été reconnu coupable de trois tentatives d'homicide volontaire contre des policiers, le 8 février 1996 à Roubaix, alors qu'il conduisait une voiture dans laquelle se trouvaient d'autres membres du gang, d'une autre contre un convoyeur de fonds lors de l'attaque d'un véhicule de la société de transport de fonds Brink's, le 25 mars 1996, à Leers, près de Roubaix, ainsi que pour sa participation à l'attentat manqué à la voiture piégée - avec trois bonbonnes de gaz - près du commissariat central de Lille et d'une bouche de métro, le 28 mars 1996. Ce qui lui a valu une condamnation à 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sûreté de 20 ans. L'accusé, qui n'a pas manifesté d'émotion particulière à l'énoncé du verdict, a cependant demandé pardon aux familles des victimes du gang de Roubaix comme à ceux qu'ils avaient blessés. Déclarant ne pas se reconnaître dans le portrait que l'avocat général a fait de lui, il a refusé de se voir comme un terroriste. «J'ai tué personne», a-t-il dit. Avant de lancer à la cour: «J'ai envie de me réconcilier avec une vie paisible. Y'a pas trente-six manières, je sais qu'il faut que je paie ma dette, et je vais payer».
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