Interview de Me Taoufik Bouderbala ex-président de la ligue Le Comité directeur de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) a rendu public un rapport dans lequel il avance des propositions pour une solution consensuelle entre les différentes parties pour sortir la Ligue de la crise qu'elle traverse. Il invite les mécontents, ceux qui ont porté plainte contre le comité directeur dénonçant les fusions des sections, a un dialogue franc sur toutes les questions objet du litige. Le comité directeur propose des réunions avec les plaignants et tous les adhérents sans exclusion au siège de la Ligue et il a établi un calendrier de ces réunions qui seront couronnées par la tenue d'un Conseil National et par la fixation de la date du 6ème congrès. Mais les plaignants et à leur tête Me Chedly Ben Younès ont estimé que " ces propositions ne sont pas sérieuses et ont été préparées unilatéralement par le comité, directeur qui (estime Me Ben Younès), oublie qu'il est désigné par le tribunal comme étant un administrateur judiciaire ". Pour en savoir plus sur ces dernières péripéties nous avons invité Me Taoufik Bouderbala ancien président de la Ligue et considéré par tous les observateurs et ceux qui suivent de près les affaires de la Ligue comme étant indépendant. Interview.
Le Temps : Que pensez-vous de la dernière initiative prise par le Comité directeur de la LTDH pour renouer le dialogue avec les "mécontents" en vue de trouver une solution à la crise ? Me Taoufik Bouderbala : Tout d'abord je pense que la crise a énormément duré malgré toutes les tentatives qui ont été faites depuis un certain temps par différentes parties. Cette stagnation ne sert ni la Tunisie ni le mouvement associatif et encore moins le pouvoir parce que on ne peut pas imaginer des avancées substantielles dans le domaine de la garantie et de l'effectivité des libertés en Tunisie sans la LTDH qui est devenue malgré tout une institution incontournable dans le pays. Il se trouve que actuellement et après beaucoup de discussions le comité directeur a proposé un certain nombre d'actions pour relancer le dialogue avec tous les militants en vue de trouver une plate-forme consensuelle qui mettrait fin au "désastre".
• Mais cette initiative n'a-t-elle pas trouvé d'échos ? -Personnellement je m'attendais à ce qu'elle trouve l'écho qu'elle méritait de la part de toutes les composantes et les sensibilités au sein de la Ligue dans un esprit consensuel et constructif. D'après ce que j'ai compris le comité directeur a proposé une certaine action pour amorcer le dialogue et trouver des solutions. Refuser cette initiative et d'après moi une décision malencontreuse et je souhaiterais que cette décision soit révisée par les intéressés pour que le dialogue démarre même si l'incompréhension et les doutes subsistent encore. Je rappellerai qu'Edgar Faure a dit quelque part que le fait de prendre conscience qu'on ne se comprend pas et déjà positif en soi. Donc de grâce j'appelle les uns et les autres à se réunir, à discuter et je suis sûr que les solutions justes et équitables seront au rendez-vous.
• Mais les mécontents disent que le comité directeur est "illégitime" et que cette initiative a été préparée unilatéralement ? -C'est absolument faux sur le plan juridique et sur le plan pratique. Du point de vue juridique je rappelle que l'arrêt de la cour d'appel de 2001 a restitué à la LTDH donc au comité directeur les locaux de la Ligue qui étaient sous séquestre et a demandé au comité directeur de préparer le congrès de la Ligue dans un délai d'un an. Cela veut dire que le comité directeur est légitime et tous ceux qui se considèrent comme partie prenante dans la crise actuelle ont reconnu et accepté cette légitimité et je ne vois pas pourquoi on viendrait aujourd'hui la contester. Sur le plan pratique il ne faut pas oublier que le comité directeur a fonctionné depuis la date de ce fameux arrêt donc depuis 2001 jusqu'à 2005 avec le consentement, la présence et la participation de tous ceux qui sont maintenant des protagonistes de la crise au sein de la Ligue et ce sont les procédures adoptées par le comité directeur concernant la restructuration des instances qui ont déclenché la crise actuelle. Donc c'est un problème de procédures qui n'a rien à voir avec la légitimité.
• D'après vous qu'elles sont les solutions possibles pour sortir la LTDH de la crise ? -Je pense qu'il est urgent de se mettre autour d'une table de commencer à se parler et d'accorder un préjugé favorable au comité directeur et de peser sur les décisions qui pourraient voir le jour parce que l'expérience confirme que le non systématique n'amène à rien et que les absents ont toujours tort. Dans ce domaine, je suis convaincu que les propositions avancées par le comité directeur peuvent faciliter la reprise du dialogue et tout doit être mis sur la table y compris les décisions concernant la restructuration des sections pour retrouver le consensus qui a tant réussi à la LTDH. Tous les militants de la ligue ne doivent pas oublier que nos citoyens ont besoin d'eux et que cette inactivité ne fait honneur à personne. Interview réalisée par Néjib SASSI