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Les SMVDA : fleuron de l'agriculture tunisienne
Tribune libre
Publié dans Le Temps le 24 - 06 - 2008

Au courant de ces mois d'Avril, Mai et Juin, nos journaux fleurissent, et je dirais même, embaument de résultats, situations financières, bilans trimestriels, annuels, communiqués sur l'état de santé, annoncent la tenue d'Assemblées Générales ordinaires, extraordinaires...
que publient tous les jours les sociétés commerciales, industrielles, de textiles, de services, de tourisme, de télécommunication ... Publications suivies peu après par les annonces de distributions gratuites d'actions; des dividendes plus ou moins substantiels, des augmentations de capital que ces AGO & AGE proposent à leurs actionnaires..... Autant d'informations qui permettent l'information de tous ceux qui suivent le développement économique du pays; et qui dénotent du dynamisme de ces entreprises, leur transparence, les performances personnelles ou collectives de leurs directions générales, la clarté de leur gouvernance et de leur vision de l'avenir...comme elles démontrent la vitalité et les mérites de chacune par rapport aux autres et justifient, par la même, leur rôle dans l'économie nationale!
Cependant, fait bien curieux, dans cette extraordinaire mouvance nos Sociétés de Mise en Valeur & de Développement Agricole (SMVDA), fleuron présumé de notre agriculture, se tiennent bien coites: pas de communiqués, pas de situations financières, pas de bilans, pas de dividendes, pas de résultats, pas même d'articles sur leurs prouesses techniques ou économiques..., pour quelle raison ? Je ne le sais pas. Ce n'est, peut-être pas prévu par la législation qui les régit, mais est-ce une raison suffisante ? Elles ont quand même des engagements vis à vis de leurs actionnaires, vis à vis de l'Etat, elles ont un rôle dans l'économie nationale, dans les programmes de production, de transformation ou d'exportation à faire connaître au public, dont elles devraient certainement être fières, si elles font bien les choses surtout durant cette période où l'Univers entier s'inquiète des cours mondiaux des céréales, des aliments du bétail, de la rareté des produits agricoles, de la façon dont on doit gérer l'alimentation humaine et animale; alors qu'elles sont censées être parmi les plus importants garants de cette alimentation dans notre pays si ce n'est les plus importants.
En fait, actuellement les SMVDA sont les gestionnaires pratiques d'une grande partie de cet important patrimoine que sont «LES TERRES DOMANIALES», de ces importantes fermes que nous avons récupérées après un dur mouvement national où le Tunisien n'a épargné ni son sang, ni sa vie ni ses modestes moyens.... Ensuite et après l'amère expérience collectiviste qui a suivi l'indépendance, les diverses formules de gestion essayées par la suite (UCP, agro-combinats, fermes pilotes, fermes domaniales...); les SMVDA sont apparues pour l'Etat comme «la meilleure formule de gestion» pour exploiter au mieux la terre, mobiliser les capitaux privés, faire appel à un auto-financement massif, introduire les innovations techniques, mettre en application les résultats de la recherche (et même financer cette recherche). Le tout pour atteindre la sécurité alimentaire & exporter les excédents. Certaines ont même reçu d'imposantes superficies irriguées pour valoriser au mieux ces eaux si coûteusement mobilisées par L'Etat. En peu de mots, l'Etat a mis entre les mains de ces sociétés de quoi devenir, non seulement le grenier de la Tunisie, mais également des pôles de rayonnement à suivre et une véritable locomotive de l'agriculture si ce n'est son TGV !
Donc si on félicite ces SMVDA de cette chère confiance, et en contre partie logique de cet effort sans précédent de l'Etat, on peut se dire que le moment est peut-être opportun pour elles, de faire part de leur réussite durant ces années de gestion, du savoir faire acquis, de l'impact de l'autofinancement qu'elles ont apporté, des technologies de pointe dont ils ont usées, de l'intégration massive de l'élevage aux grandes cultures pour améliorer leur productivité et de l'effort fait pour réduire leur dépendance des aliments importés ....
De même, on serait heureux d'apprendre comment elles se sont mises à rayonner dans leurs régions respectives: dans combien de Coopératives de Services et de Groupements de Développement agricole elles se sont affiliées. Combien de centres de travaux mécanisés ont-elles mis en place, pour gagner de l'argent certes mais aussi pour aider l'agriculteur à mieux travailler son exploitation, le matériel agricole étant devenu hors de portée du simple agriculteur! Combien de centres de collecte de produits agricoles ou d'approvisionnement en intrants ont-elles créé pour faire front commun avec les agriculteurs voisins... Quelle participation à l'effort national ont-elles programmé: car s'il y a un défi pour l'élevage aujourd'hui, c'est dans le Nord que se trouvent les solutions et ce ne sont pas les ateliers d'élevage de Sousse, Sfax ou Gabès...qui vont y parer; alors que la plupart de nos SMVDA sont dans le Nord ...et qu'elles le peuvent! S'il y a aussi un défi pour les céréales, elles sont certainement en bonne position pour le lever pour produire plus, utiliser les bonnes semences, faire les travaux à temps, irriguer avec ces eaux chères...enfin pour battre tous les records dont nous avons si besoin....
Autant d'enseignements d'intérêt national que l'agriculteur peu averti pourra adopter surtout dans ce contexte de double défi économique et climatique qui nargue aussi bien la SMVDA que son voisin agriculteur. Publier, agir, informer, réunir les AG, augmenter le capital, ouvrir les portes à la recherche, travailler en tandem avec la vulgarisation, constituer des référentiels techniques pour leur activité, proposer la création d'organismes professionnels, de chambres d'agriculture, de centres de gestion pour faciliter la modernisation du secteur...
Pour une SMVDA, progresser dans son fief est certainement méritoire, mais faire connaître ses réussites s'il y en a, rayonner et rénover dans le milieu rural, démontrer que quand on a la chance d'exploiter les meilleures terres de Tunisie, qu'on a la volonté d'engager des moyens, de l'autofinancement ou des financements adéquats, qu'on a la volonté d'injecter plus de matière grise : ingénieurs, diplômés du secondaire et du supérieur, qu'on crée les structures que l'Etat encourage ... les performances ne peuvent que suivre et on contribue par la même au bien-être de tout le secteur. C'est l'essence même de l'existence de ces SMVDA! Sinon, et au lieu du rôle attendu de TGV, elles n'auraient joué que le rôle de vieilles et poussives locomotives à vapeur qui, avec leur monotone «Teuf, Teuf» ne feraient pas plus avancer l'agriculture que la paire de boeufs qui tiraient l'arère de grand père!
Dans cette hypothèse, ce rôle pilote et de rayonnement, si précieux pour les pouvoirs publics dès la conception même de cette forme de gestion, viendra compléter utilement les anciens enseignements que nous tirions de projets comme «Le projet Ferme modèle de Frétissa» » développé de 1969 à 1984 avec la Faculté belge de Gembloux ; ou le projet «Céréaliculture et Dynamique des systèmes agraires en Tunisie » initié & géré, si j'ai bonne mémoire jusqu'en 1991, par l'INRA de Tunisie & l'INRA France. Ou encore le «Projet de développement de la petite & moyenne exploitation au Kef & Siliana pour l'établissement du fameux medic» financé par le FIDA jusqu'à Décembre 1986 pour améliorer l'approche de mise en valeur de ces zones du semi-aride à l'Ouest du pays et dans les zones intermédiaires aux climats si ingrats...
Enfin, je n'évoque ces projets qu'à titre d'exemples, les travaux menés à Ousseltia, Bou Ficha, la Manouba, Zama, la ferme des voyants, Ouled M'hamed et bien d'autres peuvent être évoqués.... Mais, quand le pays a la chance d'avoir créé autant de SMVDA; avec tous les engagements pris pour leur mise en valeur; avec le recrutement d'agronomes, zootechniciens, machinistes...& de techniciens ; celles-ci se doivent de faire profiter les autres fruits de cette immense expérience en élevages, productions céréalières, fourragères, fruitières, amélioration de la fertilité des sols, irrigation...; des résultats théoriquement plus enrichissants et plus variés que ceux qu'on faisait à l'époque. Tirer les leçons de cette expérience monumentale avant d'entamer la prochaine campagne serait bénéfique pour toutes les régions concernées, si ces Grandes Dames de SMVDA le veulent et le peuvent bien.. Je serai, si on m'y invite, le premier à profiter de l'aubaine, à me présenter et à me recycler!
Espérons donc voir bientôt, nos SMVDA ouvrir grandement leurs portes sur le terrain pour montrer ce qu'elles réalisent, ce qu'elles investissent, et ce qu'elles récoltent... qu'elles fassent part de leurs résultats et performances dans les colonnes de votre journal, qu'elles prouvent qu'elles sont devenues «un fleuron de notre agriculture» sur lequel on peut compter pour lever les défis dans lesquels nous a engagé la mondialisation, ou bien, s'il ne faudrait pas tout simplement revenir aux bonnes vieilles pratiques de nos paysans...
Peut-être d'ailleurs, que certains enseignants de toutes disciplines ... appartenant à nos Etablissements d'Enseignement Supérieur qui suivent des programmes de recherche au sein de ces SMVDA voudront bien faire part de leurs travaux également et contribuer à enrichir «nos quotidiens» par le meilleur de leurs acquis et remplir «nos journées» en cette fin de printemps de conférences, colloques, symposiums, journées portes ouvertes, démonstrations, stages de formation ou visites de terrain .... C'est le rôle de l'Information avec un grand I .

Malek Ben Salah
Ingénieur agronome
Ancien directeur général de la production végétale


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