Le Temps-Agences - La Pologne a annoncé jeudi soir avoir signé un accord avec les Etats-Unis pour l'installation sur son territoire d'une partie du bouclier anti-missiles américain en Europe centrale vivement critiqué par la Russie. Une annonce qui prend une résonance particulière dans le contexte de tensions accrues entre Washington et Moscou né du conflit en Géorgie. Le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement russe, Konstantin Kosachev, a d'ailleurs déclaré jeudi soir, selon des propos rapportés par l'agence Interfax, que cet accord entraînerait "une véritable augmentation des tensions dans les relations russo-américaines". S'exprimant à la télévision polonaise, le Premier ministre Donald Tusk a expliqué que la Pologne avait accepté que les Etats-Unis installent une batterie de dix missiles d'interception sur son territoire. En échange, Washington s'est engagé à fournir des missiles Patriot à Varsovie pour augmenter sa capacité de défense. "Nous avons franchi le Rubicon", a-t-il déclaré, précisant que l'accord prévoyait un "engagement mutuel" des deux pays à venir à l'aide de l'autre "en cas de problèmes". L'accord doit encore être approuvé par le gouvernement et le Parlement polonais. La clause sur "l'engagement mutuel" apparaît comme une référence à une éventuelle action de la Russie, qui estime que le bouclier anti-missiles en Europe centrale est un affront à sa souveraineté et une menace potentielle. Moscou a d'ailleurs déjà menacé de diriger ses propres lanceurs vers la Pologne et la République tchèque, qui a conclu en juillet un accord avec Washington prévoyant l'installation d'un radar sur son sol dans la cadre du projet américain. Le futur bouclier, présenté par les Etats-Unis comme un dispositif de défense contre des frappes du Proche-Orient et particulièrement de l'Iran, est très contesté par les opinions tchèque et polonaise. L'accord annoncé jeudi soir intervient après 18 mois d'âpres négociations entre Varsovie et Washington. Le Premier ministre Donald Tusk a affirmé que le conflit actuel en Géorgie, qui effraie de nombreuses anciens satellites soviétiques, prouvait la nécessité pour la Pologne de bénéficier de l'aide militaire américaine en échange de sa coopération au bouclier antimissiles. L'"engagement mutuel" des deux pays à se venir en aide est "un pas vers la véritable sécurité de la Pologne", a-t-il déclaré, estimant que la réponse de l'OTAN serait trop lente en cas de menace sur la Pologne. "Ce n'est pas une bonne situation lorsqu'on vient secourir des morts. Nous devons assurer notre sécurité dès les premières heures d'un possible conflit", a-t-il affirmé. Le président russe Dmitri Medvedev a déclaré à Sotchi, la station balnéaire de la mer Noire où il a reçu la chancelière allemande Angela Merkel, que le projet américain d'installation en Pologne d'un bouclier anti-missiles visait en fait la Russie. "Cette décision illustre clairement nos récentes déclarations à ce sujet: le déploiement de nouvelles forces anti-missiles a, pour objectif, la Fédération de Russie", a-t-il dit.