Coelho fraîchement débarqué chez nous a eu une réflexion lourde de sens: "Les footballeurs tunisiens devraient s'inspirer des qualités de Mellouli". A l'évidence, il vise particulièrement l'intensité du travail, la discipline, le dépassement de soi. Pour notre part, nous ajouterions l'environnement et l'encadrement. L'Etat a vu juste en accordant une substantielle bourse à l'étranger, à notre nageur. Et il est clair que s'il était resté à Tunis, il aurait été au mieux champion méditerranéen, africain peut être, mais la médaille olympique, personne n'y aurait sérieusement songé. Et ce qui est sûr c'est qu'après avoir été reconnu positif au dopage, sa carrière se serait arrêtée net. C'est un garçon dressé par l'école américaine pour souffrir, pour galérer, pour gagner et tout cela le confond dans une impitoyable concurrence. S'il n'avait rien dans les entrailles, l'université américaine l'aurait tout bonnement rejeté. Mais ce garçon a aussi l'art de déranger notre béatitude, notre bonne conscience et la perception "bon enfant" que nous avons du sport d'élite. Nous nous apprêtions à "momifier" Gammoudi à nous contenter de la médaille de 68 comme d'une relique de l'histoire et voilà que ce diable de Mellouli vient nous secouer de cette torpeur commode interpellant les consciences comme pour nous dire: vous voyez c'est faisable! Et scientifiquement faisable. Or, si nous voulons que Mellouli fasse des émules, dénichons-en des autres, dans tous les sports, et mettons-les dans les trajectoires de l'élite mondiale et non pas de l'élite de chez nous. Et, surtout, surtout, pour une fois, évitons les formules pompeuses, la langue de bois anesthésiante et évitons de récupérer et d'instrumentaliser ce succès historique. L'histoire en a horreur , justement.