* "Si l'on m'apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier" Martin Luther * « C'est la bonne volonté qui compte » La fête nationale de l'arbre est un rendez-vous incontournable des amoureux de la nature. Une tradition qu'on veut ancrer dans les habitudes de tous les Tunisiens, surtout les jeunes et les tout petits enfants, pour leur inculquer l'amour des arbres et la protection de l'environnement. Des milliers d'arbres sont plantés chaque année dans toutes les régions du pays, gagnant ainsi des milliers de nouveaux hectares d'espaces verts dont nous avons certainement besoin pour assurer aux générations futures une vie décente dans un milieu sain. De ce fait, la plantation des arbres ne doit pas être une action entreprise uniquement par les autorités régionales ou locales ; mais il faut bien impliquer les enfants des écoles (primaire, collège, lycée) dans cette tâche, ô combien noble, pour faire de l'école ce lieu où ils passent la majorité de leur temps, un cadre naturel, agréable et accueillant. Dans les programmes et les manuels scolaires, à tous les niveaux, une bonne part est accordée à l'environnement et à la protection de la nature, visant à faire connaître à l'élève l'importance des arbres dans l'équilibre de l'écosystème, surtout à les aimer et à les protéger. On a beau démontrer à l'enfant dans les cours de sciences que l'arbre nous offre de nombreux produits (bois, fruits, ingrédients de médicaments, boissons, fourrage), qu'il nous rend d'innombrables services (la séquestration du carbone, l'ombre, des bienfaits esthétiques...) et qu'il lutte contre l'érosion du sol et favorise la fertilité de la terre. Malheureusement, certaines écoles sont dépourvues d'arbres ou d'espaces suffisamment verts et fleuris ; d'autres ont des cours plantées d'arbres ou même des jardins, mais mal entretenus. Pure négligence ou manque de moyens ? La création d'espaces verts dans l'école demande-t-elle un grand budget ? Les associations et les entreprises locales sont-elles concernées par cette action pour participer au financement de projets de plantation d'arbres dans les écoles de leurs régions ? Doit-on compter sur des élèves bénévoles pour embellir les cours, les allées et les façades de leurs écoles ?
Le jardinage scolaire Il faut dire que nous avons besoin de l'effort de tous pour l'aménagement d'un milieu scolaire écologique où il fait bon vivre. Toujours est-il que, en l'absence de jardiniers qualifiés ou de paysagistes bénévoles, la participation des élèves pourrait être d'un grand intérêt pour l'embellissement de leur école. Encadrés par un enseignant, dans le cadre d'un club de l'environnement, ils pourront créer des espaces très agréables et inventer des décors végétaux appropriés dont ils assureront eux-mêmes l'entretien durant toute l'année scolaire. L'exercice est d'autant plus riche si les élèves sont libres de planter ce qu'ils veulent et qu'ils constatent eux-mêmes les résultats après des semaines, des mois ou des années ! Il suffit d'être amoureux de la nature ! Les meilleurs jardins qui existent dans certains lycées que nous avons visités dans la banlieue sud sont l'œuvre des élèves : ce sont eux qui plantent chaque année de nouveaux arbres dont ils prendront soin. N'est-ce pas là un bon exemple à suivre ? Le jardinage scolaire n'est pas d'usage courant chez nous ; il est très connu pourtant dans les pays européens où les élèves sont engagés dès la maternelle à prendre part dans la construction du jardin scolaire, ce qui les rapproche davantage dès leur bas âge du respect de l'arbre, des plantes et de la nature en général et les rend responsables de la protection de leurs œuvres écologiques. Le jardinage scolaire ainsi conçu est une initiative à encourager chez nous. Certains chefs d'établissement considèrent cette activité comme une méthode d'éducation à l'environnement et une façon de consolider la relation entre l'enfant et la nature. Une telle initiative a également une portée pédagogique dans la mesure où elle peut développer la curiosité des enfants sur l'environnement et les secrets de plantes sur le tas, à partir du jardin scolaire. Il apprendra alors à distinguer entre les différentes espèces d'arbres, à connaître leur origine, leurs besoins en eau, la façon de les entretenir... Pour un enfant, c'est un grand plaisir que de voir un arbre pousser peu à peu devant ses yeux et grâce à ses soins. Des concours peuvent être organisés au sein même de l'établissement pour encourager les élèves les plus enthousiastes et les plus assidus dans le jardinage scolaire. Des visites dans des pépinières ou des sorties dans des forêts avoisinantes sont aussi à programmer à l'intention de ces élèves amoureux de la nature pour qu'ils puissent élargir leurs connaissances sur la flore de la région. Hechmi KHALLADI ----------------------------------- « C'est la bonne volonté qui compte » Créer dans nos écoles des lieux de verdure et de végétation n'est pas difficile pour ceux qui le veulent. « C'est la bonne volonté qui compte ! », nous dit Monsieur Sadok El Haj, proviseur du lycée d'Hammam-Lif qui a reçu en 2007 le Prix du Gouvernorat de Ben Arous du meilleur jardin scolaire de la région. Il nous a parlé de cette expérience environnementale bien réussie dans son établissement : « Tout cela a été réalisé dans le cadre du club de l'environnement du lycée dont le responsable, un prof, est un grand amoureux de la nature. C'est lui qui a pris l'initiative et m'a proposé de « fleurir » le lycée. A vrai dire, le côté matériel n'a jamais été un obstacle : il a suffi pour commencer d'une petite cotisation de la part des enseignants. Mais cela était insuffisant pour faire appel à des jardiniers qualifiés ou à des paysagistes, nous avons donc compté sur le volontariat des membres du club formés d'enseignants, d'élèves et d'ouvriers. Ainsi, tout le monde s'est mis à l'œuvre. Nous avons commencé par quelques plantes qui ne suffisaient pas pour couvrir une superficie de plus de 500 m2. La municipalité d'Hammam-Lif nous a fourni quelques plantes. Nous nous sommes ensuite adressés à quelques pépinières de la région et hors de la région qui nous ont fourni des arbres de toutes sortes et des plantes ornementales (Tecoma jaune et orange, plumbago, palmiers, faux poivriers, acacia, ficus...) sans rien recevoir en contrepartie, en signe d'encouragement de leur part à notre projet. Nous avons actuellement le meilleur jardin de la région, ce qui nous a valu en 2007 le Grand Prix du gouvernorat de Ben Arous, qui équivaut à 300dinars. Ce montant a été investi dans le même projet pour maintenir notre jardin en bon état et garantir à nos élèves un cadre écologique où il fait bon vivre ! Tout cela a été réalisé grâce à la bonne volonté et aux efforts de tous. »