Dans bien d'établissements universitaires, les études n'ont pas repris après la fin des examens du premier semestre. Les étudiants en ont décidé ainsi et chacun s'explique ce congé de trop comme bon lui semble : besoin de souffler pour les uns, protestation contre l'agression israélienne contre les Palestiniens pour d'autres, pour la majorité on veut aussi perpétuer une tradition sacrée des absentéistes habitués à observer en toute circonstance des vacances supplémentaires ! De sorte que comme le précédent semestre, celui qui commence a toutes les chances de subir les rétrécissements désormais d'usage et de se réduire finalement à moins de deux mois peut-être ! On envie souvent les enseignants du Supérieur pour le temps libre toujours prolongé dont ils jouissent. Voilà une nouvelle occasion de convoiter ce privilège fictif ! Parce qu'à dire les choses comme elles sont, les professeurs ne disposent, en fait, que d'un mois de vacances comme tous les autres fonctionnaires du secteur public. Ce sont les élèves et les étudiants qui bénéficient de congés plus longs, et comme leurs enseignants n'ont pas de sens sans eux, ils tirent parti par ricochet du surplus accordé à leurs jeunes apprenants. Mais il semble depuis un certain temps que ces derniers ont leur mot à dire quand il s'agit justement de surplus de vacances.
Les cours à la cafétéria Les parents doivent savoir que dans un bon nombre de facultés et d'instituts supérieurs, les classes fonctionnent régulièrement avec au mieux les deux tiers des étudiants inscrits. En moyenne, on peut dire que la moitié du groupe suit plus ou moins assidûment les cours. Des fois, ce taux n'est jamais atteint durant toute l'année. Les raisons invoquées ne sont pas toujours à prendre au sérieux puisque ceux qui sèchent les cours vous croisent plusieurs fois dans les couloirs ou dans les cafétérias de plus en plus nombreuses aux environs des établissements scolaires et universitaires, comme si celles qui sont autorisées à l'intérieur de l'enceinte ne suffisaient pas. Concernant l'absence des enseignants, elles sont contrôlées en règle générale et ces derniers sont appelés à assurer autant de remplacements que de séances manquées dans des délais qui ne doivent jamais dépasser le semestre pendant lequel les absences ont été enregistrées. Quand le professeur a un stage à l'étranger, il lui faut effectuer les remplacements avant son départ ; certes on lui aménage un horaire plutôt souple et allégé, mais c'est pour qu'il puisse donner le cours à toutes ses classes quitte parfois à en réunir plusieurs dans une seule salle ou dans un amphithéâtre.
Ourlets répétés ! Tout ceci pour dire que l'absentéisme à l'université est plus le fait des étudiants que celui des enseignants. Même en temps de grève, le débrayage des professeurs ne dépasse pas une journée et au pire des cas deux. Il nous tarde donc de remédier à la situation pour que les cours se déroulent suivant un rythme normal susceptible de permettre aux enseignants de finir les programmes et aux étudiants de les assimiler. L'année universitaire tend à ressembler au fameux pantalon d'Abderrahmane sur lequel chacun y va de son ourlet et de son coup de ciseaux. Qu'on ne vienne surtout pas dire que l'âge de mariage recule parmi les jeunes d'aujourd'hui : entre autres facteurs, il faut prendre en compte cet absentéisme qui se généralise et touche maintenant certains établissements habituellement rigoureux sur la question de l'assiduité !
Papy et mamy à l'université ! On nous apprend que le régime du LMD, instauré depuis peu chez nous, compte parmi ses principaux objectifs de permettre à ceux qui ont quitté les bancs de l'université sans avoir obtenu tous leurs diplômes et qui sont restés « créditaires » d'un certificat ou de plus, de repasser même après dix ans et autant de fois qu'ils le veulent le contrôle de la matière ratée jusqu'à le réussir. Au bout, l'on peut avoir dans sa classe des quadragénaires et des quinquagénaires aux côtés des étudiants de trente ans et plus qui n'ont pas encore décroché la maîtrise ou la licence. Il n'y a en effet qu'à jeter un coup d'œil sur les dates de naissance d'une bonne partie de nos étudiants pour se rendre à l'évidence qu'ils sont très rares à terminer leur cursus universitaire avant trente ans. Le nombre de ceux qui ont trouvé un emploi sans avoir tous leurs diplômes connaît une hausse notable aujourd'hui. Les études se prolongent donc déjà au-delà de la trentaine. Avec le LMD, le risque est grand que les classes accueillent des futurs grands-pères et des futures grands-mères ! C'est peut-être ainsi que certains entendent le fameux hadith « Il n'y a pas d'âge pour savoir » (« Outloubou el ilma mina el mahdi ila el lahdi ») !