Tunis-Le Temps : Il avait l'habitude de vendre de l'alcool discrètement à des voisins, ainsi qu'à des clients qui trouvaient leur bonheur en venant s'approvisionner chez lui régulièrement, mais le plus discrètement possible. Ce bonhomme, habitant à la cité Ezzouhour, était devenu au fil du temps, de notoriété publique dans ce quartier malgré la discrétion qu'il observait ainsi que ses clients dont le seul but est qu'ils soient satisfaits, même s'ils étaient astreints au paiement d'un supplément par rapport aux tarifs pratiqués sur le marché. Mais comme il s'agit en l'occurrence d'un marché noir, c'est l'obscurité dans tous ses sens qui est de mise. Ces amateurs viennent s'approvisionner la nuit, et la marchandise est servie dans des sachets noirs. Sans compter que certains parmi eux se présentent parfois noirs d'alcool pour avoir passé toute la journée à boire, ou l'œil au beurre noir, à la suite d'une bagarre. Or donc, les faits dans cette affaire s'étaient passés dans ces circonstances et dans cette ambiance lugubre, et nous voilà dans une histoire digne de série noire. Un de ces clients, était venu en effet s'approvisionner de quelques bouteilles de bière. Il paya la marchandise à l'avance, mais le commerçant refusa de le servir. Une rixe éclata entre eux. Le client au paroxysme de la colère se saisit d'un couteau avec lequel il lui porta un coup en pleine poitrine avant de prendre la poudre d'escampette. Le lendemain, le corps de la victime fut découvert inerte sur la voie publique, non loin de son domicile, par un passant qui alerta la police sur le champ. Dépêchés sur les lieux, les agents de la brigade criminelle, procédèrent aux constats nécessaires après avoir informé le procureur de la République. Celui-ci ordonna l'ouverture d'une enquête ainsi qu'une autopsie sur le cadavre transporté à l'hôpital à cet effet. Le médecin légiste précisa dans son rapport que la victime a été atteinte en plein poumon, et décéda des suites d'une hémorragie interne. Les investigations menées par les enquêteurs aboutirent à l'arrestation de l'auteur des faits. Inculpé d'homicide volontaire, celui-ci déclara cependant au cours de l'enquête préliminaire, que c'était la victime qui l'avait provoqué. Le commerçant, précisa-t-il, refusa de lui donner la marchandise qu'il paya pourtant à l'avance. Ayant insisté lourdement, le client fut opposé à un refus catégorique par ce commerçant qui pour l'éconduire lui porta un coup sur la tête avec une bouteille vide, ce qui aiguisa sa colère. Sans s'en rendre compte, et sans mesurer la gravité de son geste, il lui porta un seul coup de couteau avant de quitter les lieux à la hâte. Cependant la version de l'accusé fut battue en brèche par des témoins oculaires qui se trouvaient sur les lieux, et qui le démentirent, en déclarant n'avoir vu, à aucun moment, le commerçant porter le prétendu coup sur la tête de l'accusé. Ils précisèrent que l'accusé n'était pas dans son état normal, car il était très irrité et en état d'ébriété notoire. L'arrêt de la chambre d'accusation confirma la l'inculpation d'homicide volontaire, décidée par le juge d'instruction dans son procès verbal de clôture. Le dossier fut transmis à la première chambre criminelle près le tribunal de première instance de Tunis, devant laquelle comparut dernièrement l'accusé. L'affaire a été renvoyée au 30 du mois en cours pour la poursuite des débats.