Le Temps-Agences - La tempête politique déclenchée en Irak par le viol présumé d'une sunnite le 18 février par des policiers, renforcée par une deuxième affaire impliquant des soldats et révélée le 22, s'est poursuivie hier, suscitant des commentaires dans les mosquées. Menant la prière du vendredi, un dignitaire sunnite a demandé aux autorités de punir les auteurs du viol présumé du 18, faute de quoi ils cesseraient d'être soutenus, tandis qu'un religieux chiite a souligné qu'il s'agissait d'un incident "isolé" qui ne devait être exploité. "Je dis aux dirigeants: votre autorité sur l'ensemble des musulmans sera remise en question si vous ne punissez pas les criminels", a déclaré à Yarmouk (ouest de Bagdad) le Cheikh Ali Al-Mashhadani, très influent auprès des sunnites irakiens. Dans le cas contraire, "vous ne trouverez plus personne pour vous soutenir", a-t-il ajouté, tout en affirmant que ce crime ne devait pas alimenter les haines confessionnelles. A Kerbala (110 km au sud de Bagdad), le représentant du grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite, a appelé à l'apaisement. "Je ne comprends pas pourquoi nous nous divisons sur un crime, comme s'il s'agissait d'une dispute entre confessions", a déclaré Ahmed Al-Safi à l'occasion des prières. "Nous devons traiter les hors-la-loi comme des hors-la-loi", a-t-il poursuivi. "Beaucoup de frères s'attachent à des événements isolés, en ouvrant la voie aux divisions et à l'exagération. Et c'est le peuple qui paye". Le viol présumé de Sabrin Al-Janabi, un pseudonyme, par des policiers (majoritairement chiites en Irak) avait été révélé lundi par la Fondation sunnite, organisme officiel chargé des cultes pour cette confession. Le même jour, la chaîne satellitaire qatariote Al-Jazira avait diffusé l'entretien d'une femme se présentant comme la victime qui disait avoir été violée par plusieurs policiers. Le Premier ministre chiite Nouri Al-Maliki avait, dans un premier temps, annoncé la création d'une commission d'enquête avant d'affirmer que ses allégations étaient mensongères et destinées à décrédibiliser les forces de sécurité, en pleine montée en puissance du plan de sécurité visant à apaiser les violences confessionnelles. Un conseiller du vice-président sunnite Tarek Al-Hachémi, l'avait ensuite contredit, assurant qu'un rapport médical prouvait ces accusations. L'affaire s'est encore envenimée avec la révélation avant-hier d'un autre viol présumé d'une sunnite, impliquant cette fois quatre soldats inculpés à Mossoul (nord) par une commission militaire avant d'être déférés à la justice. Avant-hier soir, le président Jalal Talabani s'était pour la première fois exprimé, appelant "toutes les parties à la retenue" et annonçant que la justice était saisie de l'affaire de Sabrin Al-Janabi. Selon un autre communiqué de M. Hachémi, des mandats d'arrêt ont été lancés contre les auteurs présumés, "identifiés" par la victime, et un rapport médical, établi dans l'hôpital sous contrôle américain Ibn Sinna où la jeune femme avait été admise, a été remis à la justice. Le chef de la branche irakienne d'Al-Qaïda, Abou Hamza Al-Mouhajer, a affirmé dans un enregistrement audio que plus de 300 Irakiens s'étaient portés volontaires pour des opérations suicide pour venger le viol présumé de Sabrin Al-Janabi. En Irak, le viol est passible de la peine de mort. Les parents peuvent tuer aussi bien l'auteur que la victime, pour l'"honneur", sans risquer une longue peine de prison.
Un soldat us condamné à 100 ans de prison
Le Temps-Agences - Un soldat américain, Paul Cortez, a été condamné à 100 ans de prison pour avoir participé au viol et au meurtre d'une jeune fille irakienne de 14 ans et de trois membres de sa famille. Le sergent, âgé de 24 ans, avait choisi de plaider coupable des chefs d'inculpation qui pesaient contre lui, parmi lesquels assassinat, viol, association de malfaiteurs, obstruction à la justice, incendie criminel, afin d'éviter d'être condamné à mort. En pleurs, il a témoigné avant sa condamnation devant les membres de la prestigieuse 101ème division aéroportée à laquelle il appartenait: "Je suis désolé". Et devant, ses deux frères et ses parents, il a martelé: "Je vous aime, je suis désolé pour ce que j'ai fait". Il a été condamné par une cour martiale siégeant à Fort Campbell (Kentucky, centre-est). En novembre, un autre soldat américain, James Barker, 23 ans, qui avait également plaidé coupable dans cette affaire, avait écopé d'une peine de prison à perpétuité. Trois autres hommes sont accusés d'avoir participé à la même équipée sauvage que ces deux hommes dans la nuit du 11 au 12 mars à Mahmoudiyah, à 30 km au sud de Bagdad, au cours de laquelle une jeune fille de 14 ans a été violée et assassinée, de même que sa mère, son père et sa petite soeur. Ces trois hommes, parmi lesquels Steven Green, considéré comme le meneur du groupe et poursuivi devant une cour fédérale parce qu'il n'est plus soldat, risquent la peine de mort. Les soldats Jesse Spielman et Bryan Howard doivent quant à eux comparaître devant une cour martiale. La nuit du drame, les cinq hommes, alors tous membres de la 101ème division aéroportée, se sont rendus, habillés de vêtements sombres qu'ils ont ensuite brûlés, chez une jeune fille repérée quelques jours plus tôt. Selon l'accusation, Steven Green a immédiatement tué son père, sa mère et sa petite sœur. Avec James Barker et un autre soldat, il a ensuite violé l'adolescente puis l'a abattue de plusieurs balles. Les soldats ont alors tenté de brûler le corps de la jeune fille pour effacer les traces du viol. Cortez a raconté à l'audience avoir décidé que la jeune fille, Abir Kassem Hamza Al-Janabi, "était un bon plan pour une relation sexuelle avec une femme irakienne", car son père était le seul homme qui se trouvait alors dans la maison.