Ce n'est pas l'actualité au Proche-Orient qui nous oblige à tenir encore ce langage, c'est la réalité d'une cause meurtrie, perdue d'avance qui nous interpelle et nous émeut. Est-il harassant et insidieux de parler encore de la vie d'un peuple qui se meurt au fil des jours ? Est-il rébarbatif de continuer de parler de la survie d'un peuple qui espère mais sans voir le bout du tunnel ? N'est-il pas désespérant d'ignorer l'avenir d'un peuple sans avenir et dont l'avenir, si jamais il existe, dépend d'une roquette, une seule, lancée par un résistant désespéré ? Justement il ne faut pas, il ne faut plus que cette région devienne définitivement celle où tous les désespoirs sont permis. Ce n'est ni de l'exagération ni du défaitisme mais qu'on l'admette ou non, la dernière roquette a mis à mal et le-cessez-le feu déjà précaire, et la mission de l'envoyé spécial américain sans parler de la menace de riposte qui pèse comme l'épée de Damoclès sur un peuple qui se remet chaque fois difficilement de ses souffrances. Tout peuple un jour se réveille à sa grandeur et quand il se réveille aux idées universelles de justice et de vérité, il grandit davantage. Mais quand un Etat colonisateur se permet d'asphyxier un peuple innocent, il vient toujours ce jour où il se rend compte de la marche ratatinée de son histoire, de l'infamie des pistes de son présent. Ce jour là, tout ce peuple saura qu'il ne mérite pas son histoire. On dit que l'histoire ne s'écrit pas avec les « Si » mais il est certain que cette histoire particulière s'écrira un jour avec le sang des innocents. On a trop donné de temps au temps mais il est temps que l'Autorité palestinienne arrache au moins à Israël l'édification de cet Etat promis qui au fait est le sien. Il est temps d'arrêter ce sidérant duel entre ces deux Palestines préfabriquées par des appétits étrangers. Il est temps que les pouvoirs de guerre cessent, comme doivent d'ailleurs cesser ces guerres de pouvoir organisées soigneusement par des mains étrangères. Il est temps que cet Etat palestinien qui est actuellement un brouillon d'Etat soit enfin consigné au propre. Dans la perspective d'un nouveau gouvernement israélien qui s'annonce plus dur, plus arrogant, les perspectives restent peu réjouissantes. Dommage de le dire : ce n'est pas l'espoir qui fait vivre, c'est le désespoir avec lequel on a déjà appris à vivre. Réalisme cynique ?