Le dossier de l'affaire qui vient d'être examinée par la chambre criminelle de la Cour de première instance de Tunis, révèle qu'un père a essayé de tuer son fils marié lorsqu'il l'a surpris en train de se soûler en compagnie d'une fille de joie. L'incident s'est déroulé dans la ferme où travaillait ledit fils en tant que gardien. C'est dans l'une des campagnes entourant Tunis que ce jeune paysan a vu le jour en 1976. Paysan de père en fils, il a quitté l'école à 12 ans pour aider son père à subvenir aux besoins de sa famille nombreuse. Ses quatre sœurs n'ont jamais mis les pieds à l'école. D'un enfant qui joue avec ses amis et un adolescent qui s'occupe de la terre, il est devenu un jeune qui a d'autres objectifs, notamment, par rapport aux femmes. Sa mère a vite compris et elle a choisi pour son fils une voisine. La nuit de noces a été célébrée jusqu'à l'aube en présence de tous les habitants du douar. Après quoi, Ali a emmené sa femme chez lui pour créer un nouveau foyer avec de nouvelles responsabilités. Au fil des mois, un premier enfant est venu égayer leur foyer, puis un deuxième. Malheureusement, le jeune homme n'a pas pu oublier sa vie de célibat et le plaisir qu'il se procurait, de temps à autre, auprès des filles de joie. paysan et gardien d'une ferme située en pleine campagne, il profitait de temps en temps d'une occasion quelconque pour y emmener une fille de joie et passer la nuit avec elle en se soûlant, chantant, dansant et goûtant au plaisir interdit. Certes, sa femme en était au courant. Et pourtant, elle ne protestait pas. Mais ce ne fut pas la même position de son père qui n'avait pas admis que son fils marié fasse un tel outrage au vu et au su de tout le monde. Le jour de l'incident, les habitants du douar devaient célébrer le mariage d'un couple de la région. Ils étaient tous invités. Le père a mis les habits qu'il gardait pour de pareilles occasions et qui étaient ornés d'un sabre à l'ancienne. Il a quitté son domicile vers 20 h pour emprunter le chemin de la tente caïdale dressée pour l'évènement. À mi-chemin, il est passé juste devant l'entrée de la ferme où travaille son fils. Il a entendu de la musique populaire qui provenait de l'intérieur, ainsi que des voix qui chantonnaient. De coutume, son fils s'y trouvait seul. Le père s'est cloué sur place par l'effet de surprise et il a décidé d'entrer pour avoir des explications. Il lui avait fallu des interventions auprès du propriétaire pour obtenir ce métier de gardien et un tel comportement pourrait tout bousiller. Le père énervé est allé à la direction de la lumière. Quand il est arrivé, il a vu son fils en compagnie d'un ami et d'une fille de joie. Tous les trois étaient en train de se saouler. Ils dansaient et chantaient. Le père est resté bouche bée. Une fois l'instant de surprise, dépassé, il a demandé à son fils de chasser son ami et la fille de joie. Hors de lui, le fils a poussé son père des deux mains le suppliant de partir. Le père s'est planté à sa place tout en criant. Sous l'effet de l'alcool, le fils a injurié son père. Perdant tout contrôle de ses nerfs, le père a brandi le sabre avec lequel il ornait ses vêtements. Le fils a reculé. Son ami et la fille de joie ont pris la fuite, laissant le fils et son père face-à-face. Sans hésitation, et pris par une crise de démence, le père avança vers son fils et lui asséna deux coups de couteau. Le sang a jailli et le fils a perdu connaissance. Le père le regardait ébahi. Quelques secondes plus tard, il s'est rendu compte de la gravité de la situation et il a demandé du secours. Le fils a été transporté à l'hôpital où il a été opéré pour échapper à une mort certaine. Il s'en est sorti avec une infirmité permanente. Les gendarmes ont été alertés par l'ami de la victime. Ils ont arrêté le père pour tentative de meurtre sur la personne de son fils. Durant toutes les phases de l'affaire, le père a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Devant la Cour, il a justifié son geste par son amour pour son fils et son désir de le voir conserver son emploi. La défense a plaidé les circonstances atténuantes surtout que le fils n'avait pas porté plainte. L'affaire a été mise en délibéré.