Le Canada, l'un des rares pays du G7 à avoir enregistré cette année une croissance positive, demeure un marché promoteur pour les exportations tunisiennes, ne serait-ce que le volume des échanges bilatéraux, évalué à environ 99 millions de dinars, reste en deçà des attentes. Les principales exportations tunisiennes vers le Canada sont constituées de produits agroalimentaires (produits de la mer, huile d'olive, dattes...) mais désormais, il est recommandé de viser aussi les secteurs des composants automobiles, mécaniques ou électriques, dont le Canada est un pays exclusivement importateur. A cet égard, M. Marc Germain, consultant auprès du Trade Facilitation Office Canada (TFO), a conseillé aux exportateurs tunisiens, lors d'un séminaire sur « Les opportunités pour exporter et investir au Canada » de cibler des niches de marché haut de gamme, notamment pour les produits biologiques ou de santé et d'utiliser le marché canadien en tant que porte d'accès pour l'écoulement des produits tunisiens sur le marché américain. Cette rencontre, organisée, à Tunis, par le CEPEX, l'ambassade du Canada à Tunis et la Chambre de commerce tuniso-canadienne, a permis de faire le bilan de la coopération entre les deux pays.
Des investissements canadiens focalisés sur les hydrocarbures Il ressort des données présentées à cette occasion que l'investissement Canadien en Tunisie est passé d'un investissement public d'aide au développement à un investissement privé d'affaires, principalement dans le secteur de l'énergie (Gaz et pétrole) de l'ordre de 350 millions de dinars. La Tunisie et le Canada avaient signé un accord de non double imposition depuis 1982 et un accord sur le Tarif de Préférences Général (TPG) canadien qui donne la possibilité à certains produits tunisiens d'entrer en franchise avec des taxes ne dépassant pas en moyenne les 6%. Le Canada est le 10ème investisseur en Tunisie, toutes catégories confondues, comme il est le deuxième investisseur dans le secteur des hydrocarbures mais le commerce entre les deux pays, est toujours modeste. Pour les produits tunisiens présents sur ce marché, on trouve notamment les produits agricoles (9.8 millions de dinars en 2008, avec une croissance de 4,2% par rapport à 2007), les industries diverses (2 millions de dinars, en régression de l'ordre de 25,9% par rapport à 2007), les industries mécaniques et électriques (1,7 million de dinars, en recul de 22,7% par rapport à 2007), cuir et chaussures (0,003 millions de dinars, soit une remarquable régression de 57,1%, par rapport à 2007), comme on note des exportations de produits textiles et habillement (2,8 millions de dinars, avec une régression de l'ordre de 6,6% par rapport à 2007).
Ciblage Les communications présentées, à cette occasion, ont permis d'avoir une idée exhaustive, sur les caractéristiques du marché et du consommateur canadien. Le Canada est le 2ème plus grand pays du monde de par sa superficie, juste derrière la Russie. La population étant peu nombreuse (33,2 millions d'habitants) mais assez aisée, mais avec des revenus annuels par personne de 38,200 dollars, la population canadienne préfère les produits haut de gamme, le marché canadien demeure relativement petit. Le Canada est aussi le 9ème plus important importateur mondial de produits chimiques, de véhicules à moteur, de biens de consommation durable, de matériel informatique et d'équipements de télécommunication. Ses principaux pourvoyeurs sont les Etats Unis, le Japon, le Royaume Uni, l'Allemagne, la Corée du Sud, mais ce sont l'Inde et la Chine qui contrôlent ce marché
Une liaison aérienne en gestion depuis plus de deux ans Plusieurs participants ont préconisé d'établir des liaisons aériennes et maritimes directes entre la Tunisie et le Canada. En effet l'inexistence de moyens de transports directs pénalise les échanges bilatéraux, d'autant plus qu'annuellement près de 2000 étudiants tunisiens poursuivant leurs études supérieures au Canada. Les opportunités d'investissement et de transformation pour les hommes d'affaires tunisiens des produits importés du Canada, tels que le bois, le papier ou l'aluminium sont réelles et ne se font à l'heure actuelle que par le biais d'intermédiaires européens. « Les pourparlers pour instaurer une ligne aérienne entre Tunis et Ottawa ont commencé depuis plus de deux ans et demi, nous espérons pouvoir conclure un accord au cours des mois prochains » a souligné Bruno Picard, l'ambassadeur du Canada à Tunis. A défaut de cette liaison aérienne ou même maritime, beaucoup d'entreprises, européennes notamment, se chargent de l'exportation de produits tunisiens vers ce marché d'Amérique du Nord. «Les Canadiens achètent les produits haut de gamme de l'Europe et du marché américain. Les produits compétitifs sont importés de l'Asie. Nous nous sommes contentés de niches très spécifiques tels que les produits agroalimentaires et l'huile d'olive qui ne nous permettent pas vraiment de développer les échanges», a expliqué M. Faouzi Elloumi, président de la Chambre tuniso-canadienne. Comme remèdes, il s'agit surtout de multiplier la participation aux foires et salons et de développer l'implantation commerciale privée. Le témoignage d'une société tunisienne « Nexus », œuvrant dans les nouvelles technologies et qui a choisi d'investir dans la province du Québec, au Canada, a été présenté dans le cadre de ce séminaire.