A peine eût-il surmonté le traumatisme du 11 septembre 2001, voilà que le tourisme se retrouve face à une crise mondiale dont l'étendue demeure encore ignorée. On sait que le secteur touristique en Tunisie subsiste grâce à l'apport principal de la clientèle en provenance de l'Europe. En 2008, ils ont été plus de 4,1 millions d'Européens à visiter la Tunisie sur un total de plus de 7 millions de touristes. Ce chiffre s'est en effet accru de 1,4% en comparaison à l'année 2007. Alors, si 2008 fut l'année de tous les succès dans le tourisme, cette année va marquer un fléchissement. La crise s'installe et pour la clientèle de nos hôtels les priorités ont changé, surtout qu'elle préconise l'épargne plutôt que la consommation. Sauf qu'un nouveau penchant pour la clientèle maghrébine s'est affirmé ces derniers temps autant pour le tourisme de vacances que pour celui médical. Qu'en est-il alors de la nouvelle configuration du secteur touristique face à la crise financière mondiale ? A cet effet, l'Association Tunisienne de Développement Touristique (les Anciens du Tourisme) a organisé hier une table ronde dans le cadre de son programme d'activités au titre de l'année 2009 autour de : « la crise économique internationale et son impact sur le tourisme dans le monde et en Tunisie ». A cet effet, les professionnels du tourisme ont discuté, dans un premier temps, de l'impact du choc financier sur le secteur. Et ensuite, des différentes opportunités qui leur sont offertes pendant la période creuse. En effet, plusieurs questions ont été soulevées quant à l'avenir du tourisme tunisien dont les répercussions tiennent essentiellement au produit touristique, à la concurrence, à la compétitivité, au transport, à la communication et de surcroît le tourisme interne. En fait, les effets de la crise se manifestent à deux niveaux : l'offre et la demande. Sur le plan de l'offre, les paramètres touchés sont principalement la capacité hôtelière, le nombre des hôtels et les projets en cours. En effet, la crise internationale a contribué au ralentissement de certains projets de construction de nouveaux hôtels en plus des chantiers en cours. Au niveau de la demande, il s'agit bien entendu du consommateur. La crise met l'Europe et ses touristes en récession. Ainsi l'emploi a-t-il été touché en provoquant un recul des revenus des ménages et par ricochet du pouvoir d'achat. Les plans d'épargne et les réserves sont alors mis au point au détriment des vacances à l'étranger. Dès lors, les intérêts des hôteliers s'orientent vers la clientèle dite de « remplissage » : les clients maghrébins. Désormais, le marché maghrébin et interne constitue un véritable gisement de clientèle. Mais cela relève d'une approche quantitative. D'ailleurs, les professionnels du secteur prennent de plus en plus conscience de ce segment de clients et y adaptent même leurs produits. Car, le client tunisien ou maghrébin n'a pas les moyens de s'offrir des vacances ailleurs que dans nos sphères. Aujourd'hui, et compte tenu de la conjoncture internationale, il importe de mettre au point une stratégie de restructuration du produit hôtelier pour l'adapter à ce type de clientèle. Cela peut paraître comme absurde : d'habitude on s'adapte à un consommateur étranger et non aux autochtones. Sauf que les produits ont bien longtemps été destinés aux Européens. Maintenant, les agences de voyages devront elles aussi s'aligner sur cette théorie par le biais du changement dans leurs structures. Suivre la même approche que celle pratiquée pour les clients européens en pensant à fidéliser la clientèle, locale et maghrébine et mettre à leur disposition des catalogues et des formules de vacances diversifiées. En revanche, cette période creuse peut être bénéfique pour les hôteliers pour qu'ils méditent les insuffisances de leurs activités. Il s'agit de la formation professionnelle et de la qualité des services. Car les hôteliers ont beau progresser et améliorer leurs produits, la qualité des services et celle du personnel demeurent approximative. Il faut dire que le personnel hôtelier a un regard dévalorisant vis-à-vis du client tunisien ou maghrébin. Donc il ne s'agit pas seulement de procédés et de stratégies mais aussi et avant tout de mentalité. Donner de la considération à un client est une forme d'investissement à retour sûr et rapide.